TOLÉRANCE ZÉRO

25 septembre 1985, déjà !
25 septembre 1985, déjà !

On se souvient

(moi bien en tout cas)

de la version proposée par le très regretté Jean Yanne

de la lettre envoyée jadis par

Saint Paul aux Corinthiens : elle commencerait par « Chers Corinthiens, chères Corinthiennes » et se terminerait par « Je vous prie d’agréer, chers Corinthiens, chères Corinthiennes, l’expression de ma ..... etc ».

 

 

 

Je ne suis pas très versé dans les Ecritures mais en sais suffisamment pour vous rappeler qu’elles étaient au nombre de deux (la poste coûtait moins cher à cette époque), ces fameuses « Epître aux Corinthiens » et font partie de ce que l’on appelle le Nouveau testament. Pour ceux qui, comme moi, n’ont jamais assisté au catéchisme mais considèrent que notre civilisation judéo-chrétienne ne peut pas se passer de ses connaissances fondatrices, ni renier ses racines mêmes, il s’agit de cette partie de la bible qui relate la vie de Jésus et le début de la secte qui est devenue le christianisme.

Ces lettres donnent des conseils et résument la pensée de l’apôtre, et s’adressent à tous, au-delà des habitants de cette bourgade assez prospère qui devait compter environ 35.000 habitants à l’époque. Je n’en connais pas le détail.

 

Il y a un mois environ, un vigneron alsacien de renom, que j’ai rencontré à plusieurs reprises mais il y a longtemps, citait prétendument Saint Paul dans un commentaire sur le blog de Jacques Berthomeau. J’ai pris la peine de vous en rechercher la référence exacte : il s’agit du commentaire N° 11 publié à 15 h 41’ le 21 décembre dernier en réponse au billet du 18 décembre traitant des avatars du Château Tour Grise.

D’après lui, la maxime était : « La tolérance, c’est l’intelligence de la charité ».

 

J’a été perturbé par cette affirmation, car je ne lui vois ni queue ni tête. Je ne peux même pas dire si je suis d’accord ou en désaccord : je ne la saisis pas. J’en parlais souvent : avec Christine, sur des blogs etc ....

 

Relisant des notes, je suis tombé sur la phrase suivante, attribuée à Jules Lemaître – que je n’ai jamais lu : « La tolérance, c’est la charité de l’intelligence ». Et là, tout s’éclaircit et je peux me situer.

 

Cet ancien élève de Normale Sup et agrégé des lettres mourut en 1914. Il est connu comme écrivain et surtout comme critique littéraire (aïe !). Une rue du 12ème arrondissement de Paris porte son nom. Je ne sais qu’elle est sa pensée philosophique.

 

Mais revenons à la tolérance. Je crains bien d’en être largement dépourvu moi-même, et je le déplore. Quand je me suis forgé une conviction, après mûr examen, j’essaie de persuader les autres de son bien-fondé, et suis chagrin de ne pas y arriver. Je donne à 100 % dans le prosélytisme. Néanmoins, si je me rends compte en cours de discussion que l’autre m’oppose des arguments intéressants, il ne me gêne en rien de revoir mon point de vue, car je ne suis pas un obstiné/borné. Cela n’arrive toutefois pas souvent.

 

Par contre, je respecte entièrement le point de vue différent du mien et accepte que mon interlocuteur le maintienne. Mais cela, c’est du respect, pas de la tolérance.

 

L’actualité du jour nous apporte un exemple frappant. Dans les rues des grandes villes de France, à l’appel des partis de la droite démocratique, du parti de Mme Lepen et de l’Eglise de France, des cortèges manifestent contre le projet de loi proposant d’autoriser le mariage civil entre individus du même sexe. Personnellement, je ne suis pas sûr que l’institution légale du mariage corresponde encore aux attentes et aux nécessités de la majorité des citoyens du monde occidental, tant il est vrai que plus d’un mariage sur deux se brise. Si c’est donc une union pour la vie, exclusive et durable, elle n’est plus adaptée. Si ce n’est plus cela, il ne s’agit plus d’un mariage au sens que nous lui donnons.

Si des individus estiment, de nos jours, qu’ils sont heureux d’y sacrifier, libre à eux. Je n’y vois aucun inconvénient. Mais alors si ces individus ne présentent pas les orientations sexuelles majoritaires, je ne vois pas en quoi cela change la situation.

 

En marge, il existe un mariage religieux, qui est l’affaire des églises, des mosquées, des synagoges, des pagodes, des temples et pas de la société civile et laïque. Je me garde bien de porter un jugement mais la loi n’impose évidemment rien aux cultes sur ce sujet.

Si l’église apostolique catholique et romaine veut exclure les homosexuels ou les bisexuels de ce sacrement, c’est son affaire et, à mes yeux, son droit le plus strict. Et si un homosexuel ou une lesbienne de confession catholique en souffre, ils/elles doivent s'en ouvrir au sein de leur congrégation, ou la quitter. Mais ce n’est pas de cela que débattra le parlement français prochainement.

 

Ces manifestations me dérangent donc profondément, car elles font songer à des relents d’inquisition. Pauvre Goya, comme tu souffrirais encore, et comme tu nous ferais de beaux tableaux !

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 5
  • #1

    Hervé LALAU (dimanche, 13 janvier 2013 18:45)

    Pas d'accord avec toi sur ce coup là. Tu passes sous silence l'épineux problème de l'adoption par des homosexuels.
    De toute façon, le gouvernement a dit qu'il déposerait quand même son projet de loi. Pourquoi ne pas plutôt faire un référendum?
    A mon sens, c'est pas mal de temps perdu pour un problème qui concerne si peu de gens, en définitive... alors que d'autres me semblent plus urgents.
    Mais bon, je suis démocrate, Hollande avait prévenu les électeurs...

  • #2

    berthomeau@gmail.com (dimanche, 13 janvier 2013 19:08)

    Plein accord avec toi LUC encore un mec qui a écrit des épîtres...

  • #3

    Luc Charlier (dimanche, 13 janvier 2013 19:23)

    @ Hervé. Merci de ta réponse, très stimulante.
    La manif lance surtout des slogans contre le mariage et la procréation.
    Que l’adoption soit un sujet de discussion, voilà qui est beaucoup plus intéressant.
    D’une part, tous les mariages n’ont pas comme but de « légaliser » des enfants (le pax le fait très bien). Bien souvent, il s’agit d’une officialisation d’un amour (OK) ou la pérennisation d’un patrimoine (moins OK pour un simili-trotskiste). D’autre part, je ne vois pas en quoi un enfant vivant dans un couple gay présente moins de garanties que dans le modèle traditionnel. En fait, on n’en sait RIEN (j’allais écrire foutre rien !).
    Le référendum n’est pas un mode de gouvernement. C’est de la poudre aux yeux.
    Tu as raison, c’est du temps perdu. Pourquoi ½ million de bonnes gens – charitables – y ont-ils consacré leur dimanche ? Si chacun, au lieu de déambuler, avait donné 1 € aux restos du coeur, cela aurait été plus utile ! NB = suggestion de « ma » Christine, qui croit dur comme roc au mariage traditionnel.
    Enfin : tu ne l’aimes pas trop, le Hollande. Pourquoi ? Entendons-nous bien, il n’est pas mon modèle de parfait homme d’état ni de visionnaire, mais il serait plutôt moins pire que tous les autres.

  • #4

    Denis François (jeudi, 17 janvier 2013 16:43)

    Une petite remarque quant à l'adoption par des couples homosexuels.

    Certes, je vais caricaturer quelque peu, mais forcer le trait peut faire éclater les clichés.

    Entre un enfant élevé par un père alcoolique, inculte et brutal et une mère du même acabit, et un autre enfant adopté par un couple homosexuel, cultivé, soucieux de son épanouissement et de lui assurer une éducation et un environnement de qualité, il n' y a, comme l'on dit, pas photo.

    Bien sûr, l'idéal est d'avoir un "vrai père" et une "vraie mère" avec toute la richesse que ces concepts peuvent comporter, mais la réalité sociale est souvent bien différente.

  • #5

    Luc (jeudi, 17 janvier 2013 17:27)

    Je suis 100.000 fois d'accord avec toi Denis.
    Mes deux fils ont eu un père légèrement alcoolo, assez cultivé et trop mou et une mère qui aimait l'aquavit aussi. On a vu le résultat : ils écoutent les bikniks en fumant du hakik et en riant bêtement devant la télé !