ON SERT DE RELAIS

XIIIème siècle
XIIIème siècle

Pour la première fois, ce blog sert de relais à ... quelqu’un qui n’en alimente pas un.

On s’est rencontré virtuellement sur un blog ami, mais en fait, on s’était croisé auparavant sans le savoir. Elle, la mémé Cad, était la taulière d’un hôtel en Lozère. Lui, Pierre, est le chef plusieurs fois étoilé qui a fait les beaux jours du Miramar à Biarritz, le restau du Stade à Toulouse, mais aussi Chez Vanel

(** quand même), à La Belle Epoque etc.... avant de prendre la difficile succession de Guy Prouhèze, émigré pour « plus grand » à Montpellier avec son fils.

 

Et j’avais aussi rencontré Thomas, leur sommelier qu’on voit à présent un peu partout en Margeride-Gévaudan. Vous savez : « Il est passé par ici, il repassera par là ... ».

 

Voici donc ce qu’elle écrit, la Sylvie :

 

«  ... Je n’ai pas de blog, alors je passe par les lignes FB pour vous dire ce que j’en pense, moi, du dernier verre de vin. Rien à voir avec la dernière gorgée de bière (la première est de Delerm. et je parle du vrai : Philippe, le père). Quoique, si nous avions du parler de bière, nous eussions été tout à fait en phase avec le sujet.

Voyez-vous, les enterrements, personne n’aime ça. Et je ne comprends pas pourquoi : j’ai été invitée à de nombreuses cérémonies de mariage. Je m’y suis toujours copieusement fait chier. C’est vrai : on s’y emmerde, d’abord on ne connaît personne à part le voisin de la cousine du grand-oncle qu’on avait rencontré une fois, y a longtemps, à l’occasion de la remise des prix du vainqueur du tournoi de boules. On n’a rien à dire et surtout à personne lors d’un mariage. C’est triste un mariage. Entre la danse de la chenille et la collecte des fonds au jeu de la jarretière, on essaie de s’esquiver, on fait comme si on était un peu fatigué, on donne généreusement des sourires de circonstance. Exactement ça : des sourires de circonstance. Des sourires à l’image de ce que le traiteur a mis dans notre assiette, une nourriture consensuelle, triste comme la badoit tiède que l’on ne te propose même pas, on la pose sur la table sans avoir pris la peine de dévisser la capsule, parce que le service est à chier, fait d’un petit personnel de bric et de broc, mal inspiré parce que mal payé et souvent même pas déclaré, un petit personnel néanmoins vaillant, mais qui a le même teint pâlot que le petit blanc de chez « Pacher », et de course en course, de table en table, le teint du personnel rosit d’abord, puis rougit, exactement au moment où il te livre la boutanche de bon vieux rouquin qui pue le bois et te laisse sur un quant-à-soi morose – mais qu’on a payé cher, le petit pif qui va bien, parce que tout de même, on a fait un effort sur les prix, faut que les invités soient contents .
Bref, on s’emmerde, on se re-emmerde, rien n’est bon, on n’a qu’une envie c’est fiche le camp dès que possible. D’ailleurs on n’aurait jamais du venir !
Alors que les enterrements, c’est autre chose. Surtout lorsqu’il s’agit du sien. Déjà, on ne l’avait pas programmée cette assemblée d’amis qui viennent juste pour toi. C’était une surprise ! 
J’ai été invitée parfois aux enterrements de gens que je ne connaissais qu’à peine. Et je m’y suis rendue parce que, si l’on se rend aux enterrements c’est d’abord pour être tout près des amis qui pleurent ce mort que l’on n’avait jamais rencontré. On est maladroit dans ces circonstances. On n’ose pas s’en aller. On se dit d’ailleurs qu’on n’aurait pas du venir ! C’est trop triste et ça nous rappelle le dernier mariage à la con de la semaine dernière ! On se dit qu’on va encore se taper le même mauvais blanc qui pique, le même rouquin qui tache, ça va pleurer devant la grande cheminée que la mémé a pris la peine d’allumer pour que tout le monde ait bien chaud. Et puis, lorsque tout le monde est là, les choses se passent tout autrement. Chacun apporte sa pierre au caveau, chacun lui trouve toutes les qualités à ce mort dont on avait pourtant entendu dire le plus grand mal. On se rassure entre deux tranches de sauciflard bio issu de vrais bons porcs nés, élevés, abattus, transformés dans la campagne où l’on enterre le mort, ça nous change du mariage de la semaine dernière ! où tout était du réchauffé, et chacun y va de son anecdote ! Oh qu’il était beau le mort ! Tiens ! ça vous filerait l’envie de mourir aussi ! Histoire qu’on en raconte sur nous, de ces belles histoires ! Toute une histoire de boire, parce que tout de même entre rire et larmes, il faut bien le pousser, le saucisson. C’est qu’on n’a pas l’air, mais on est sensible, on est sujet aux émotions ! 
Alors je vous le dis, moi, ce demain là, plutôt que d’attendre patiemment l’antépénultième à la façon espagnole, ou pis encore le dernier verre à la façon des vendredis du vin, je me taperais bien un verre, maintenant ! même tout petit, d’Yquem 1976, vous savez, celui de la grande sécheresse, celui qui a le goût de miel, ce petit goût de bonheur qui coûte cher.. très cher.. trop cher et dont on a même payé l’impôt sécheresse. Oui, puisque je déciderai d’un enterrement devant Monsieur le Curé (on ne sait jamais, si le Bon Dieu existait il vaut mieux partir avec des papiers en règle, n’est-ce pas ?) : C’est presque un testament, voyez-vous, que je vous livre, pourtant ce n’est sans doute pas moi qui boirai le dernier verre parce qu’on ne prévoit jamais sa mort mais on peut prévoir le bonheur de ceux qui vont nous accompagner.
Aussi, quand j’aurais bu la tasse, je prévoirai pour vous un verre d’un tout petit grand vin, un petit verre de l’Eglise de Luc Charlier. Je vous rassure: pas de miel dedans, ni encore moins dans le discours du vigneron... " 

 

Je n’ai rien modifié, sauf le changement de couleur qui est de moi.

Bon, Sylvie et Pierre, vous nous tenez au courant

et, si vous voyez encore la possibilité de passer ici,

prévenez-nous : on doit rameuter les copains.

 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    chérel (mardi, 04 décembre 2012)

    réponse à Sylvie aux bons soins de Luc
    Mais si Sylvie, l'expression de ta dernière volonté est est bien une disposition testamentaire.Après avoir enterré les mariages tu ressuscite les le 02 Décembre
    Monsieur et Madame Paillard, bonsoir.
    Ma cave Champagne est à marée basse..... il faut donc passer commande avant les fêtes :
    j'ai besoin de :
    36 bouteilles Carte Blanche
    18 bouteilles Grand Rosé
    54 au total
    Bertrand a fait preuve de patience pour l'achat de sa maison à Servian ; c'est fait et il a commencé les travaux nécessaires qui doivent être terminés avant Noël. La famille fêtera Noël dans la "nouvelle maison" et la famille arrivera à Biarritz le 26 Décembre.
    J'espère que pour vous tout va pour le mieux.
    Je téléphonerai demain pour avoir confirmation de ma commande.
    Bien à vous,
    Daniel Chérel
    83, rue Pierre de Chevigné, 64200 Biarritz (téléphone pour le livreur : 06 12 29 86 95)
    . Pour les tiennes j'imagine qu'elles pourraient être célébrées par le Curé Luc ; je le l'entends déjà prononcer ton oraison funèbre ! Le fantôme de Brassens ne serait pas loin, Boire l'Eglise de Coume Majou pour se consoler de ta perte c'est bien mais regarde quand même dans ta cave s'i tu ne pourrais pas mettre de coté quelques bouteilles d'Yquem (peu importe l'année) qu'il faudrait mettre en lieu sûr, Ce serait le moyen d'adoucir la peine provoquée par ta disparition......
    Il faut en terminer avec ces macabres propos. J'espère avoir l'occasion d'arroser une prochaine rencontre avec Luc et comme disent les basques :" de boire un coup à notre intelligence, la santé on l'a"
    Daniel Chérel (4/12/1933 !)

  • #2

    Luc Charlier (mardi, 04 décembre 2012 11:36)

    Pff, même pas 80 ans !

  • #3

    u=454527 (lundi, 22 avril 2013 18:47)

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