LE TELETHON : MERCI

 

 

 

Un billet difficile à écrire aujourd’hui, mais nécessaire : le Téléthon.

 

Depuis que je suis à Corneilla, j’ai chaque fois répondu avec empressement à la demande de lots pour la Rifle du Téléthon.

La quoi ? On appelle ainsi la variante locale du loto (lotto = sort en italien) ou bingo. Et chaque fois, je suis surpris de l’enthousiasme des bénévoles qui participent à son organisation. Ce sont souvent les mêmes qui animent les fêtes du village, les « vides-greniers » (brocantes ou braderies en Belgique), les différentes associations.

 

Ici, le Téléthon récolte des fonds, beaucoup de fonds, dont la plus grande partie (86 % apparemment) part pour aider la recherche sur les myopathies, et les orphan diseases en général.

 

 

 

Vous comprendrez que j’ai du mal à critiquer

ce grand élan solidaire, si nécessaire.

 

 

En même temps, c’est une fois de plus sur les démunis qu’on fait porter l’effort, sur le « petit peuple », vous et moi. C’est le rôle de l’Etat de financer la recherche médicale, surtout dans ces branches qui ne sont pas (ou peu) susceptibles de jamais intéresser les grands groupes pharmaceutiques car le nombre de candidats acheteurs potentiels est faible.

Outre cet aspect « injuste » - feu mon père s’interrogeait souvent, avec cynisme et malice : « Qui a dit que tout devait être juste ? » - je me demande en effet si pallier par l’initiative charitable privée la carence de l’Etat n’incite pas justement nos dirigeants à se laver les mains plus encore des ces secteurs d’activité, du style : « Les myopathes, combien de cantons d’électeurs ? ».

 

Donc, ce week-end me laisse comme un Unbehagen. Est-ce le malaise de voir tant d’énergie déployée par la meilleure partie de notre population, la plus dévouée, à la place des structures en place qui arriveraient au même résultat à bien moindre frais et en allant chercher l’argent de manière plus équitable, c’est à dire par l’impôt ? Est-ce une espèce de culpabilité car moi-même je ne m’investis pas assez ? Est-ce un ras le bol parce que, de plus en plus, tout ce qui fait la dignité humaine dépend d’initiatives privées ou au moins particulières, alors qu’elles devraient constituer la priorité de la collectivité structurée.

 

On veut – càd que certains intriguent, constituent des lobbys - que « la ville », « la région », « les collectivités locales » financent un nouveau stade pour le rugby professionnel à Perpigan, mais les Restos du Coeur croulent sous les demandes et manquent de financement.

Ma propre mère – NB : 81 ans – va de son plein gré servir les plateaux et faire de l’animation au home pour vieillards qui avait hébergé mon père durant ses dernières années. C’est admirable et généreux, mais en même temps, n’en a-t-on pas honte ?

 

Allez, j’espère au moins que les fonds récoltés iront là où il faut, que mon lot fera des heureux et que, un jour, on n’aura plus besoin du Téléthon.

 

Et j’exprime mon admiration aux bénévoles des organisations et ma reconnaissance de faire ce que moi, et tant d’autres, ne sommes pas capables d’imposer aux dirigeants, PAR NOS VOTES.