JE ME PRÉSENTE : POUJADE , .... LÉON POUJADE

Tiré de "Pritchett Cartoons" (© John Pritchett)
Tiré de "Pritchett Cartoons" (© John Pritchett)

 

 

 

 

Je ne peux m’empêcher, ayant pillé une fois encore le blog de

Jim Budd où j’ai trouvé ce « cartoon », de faire un petit commentaire corporatiste.

 

 

 

 

Je ne pense pas que le but de la viticulture, en France ni ailleurs, consiste à maintenir à la vigne le plus grand nombre possible de travailleurs – qui souvent regrettent d’ailleurs d’avoir dû choisir cette voie – mais bien de permettre à ceux qui ont choisi délibérément d’y rester (d’y venir ?) de le faire dans des conditions décentes.

 

Il paraît que 15 € HT départ cave la bouteille serait le prix de revient MAXIMUM pour du vin, quelqu’il soit. Je ne sais si c’est exact et peut-être quelques cas extrêmes peuvent-ils dépasser cette somme : cadastre très cher (Montrachet, Montalcino ....), vendanges par tries successives (TBA, Eiswein ....), approche hyper-super-biologique (tout aux ciseaux à ongles et à l’infusion d’orties de printemps), rendements ridiculement bas (Vallée de l’Agly p.e.). En tout cas, en vendant à 15 € HT aux grossistes professionnels, on doit pouvoir couvrir les frais, au moins pour la cuvée en question.

 

Mais cela ne suffit pas toujours à couvrir les pertes encourues pour toutes les autres bouteilles vendues à un prix scandaleusement bas.

 

Récemment (ICI), je m’indignais de ce que l’organisme chargé d’assurer la promotion de nos vins, et notamment à l’étranger, acceptait de promouvoir un marché où l’acheteur – britannique – proposait un prix maximum de 2.50 € pour toute une série d’AOP du sud de la France.

 

Un bon client de Christine – sympathique de surcroît – a retenu plusieurs de nos vins pour des restaurants qu’il possède dans l’hexagone, au prix de notre tarif restaurateurs usuel. Il exporte aussi du vin de France vers toute une série de destinations. Dans ce cadre, il a déploré « que nous n’ayions pas des cuvées à 2,50 € HT ».

 

Je pense qu’on vit vraiment dans l’absurde. Le vin n’est pas une denrée indispensable à la survie – sauf pour nous, les vignerons, et quelques rares poivrots invétérés. On peut donc, soit s’en passer, soit attendre pour en consommer qu’on ait de quoi en boire du bon.

 

Après, la vérité se situe entre 2,50 € HT départ la bouteille, qui ne couvre JAMAIS les frais, et 15 €, qui les couvre toujours.

 

Si vous m’avez lu, acceptez que très peu de collègues vous grugent, que beaucoup consentent d’énormes efforts voire même des sacrifices pour vous proposer du bon vin mais qu’il faut que nous ayions au moins une petite marge bénéficiaire. Achetez votre vin chez les cavistes sincères à la marge juste, ou bien commandez chez nous, les vignerons, en direct.

Arrêtez de vous fournir dans la GD ou les grandes surfaces franchisées du vin. Elles causent la perte des petites propriétés et font le lit de l’agro-alimentaire.

Enfin, tout en réalisant les frais de fonctionnement énormes qui pèsent sur la restauration, donnez votre préférence aux maisons qui tentent d’équilibrer leur budget autrement qu’en multipliant par un facteur démesuré le prix de la bouteille sur table. Bizarrement, ce sont rarement les tables haut de gamme qui margent le plus sur les boissons.

 

A votre santé !

 

 

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Commentaires: 6
  • #1

    David Cobbold (mercredi, 16 mai 2012 11:24)

    Rien à rajouter à cela. Le consommateur n'est pas nécessairement volé avant 50 euros la bouteille, marge de revendeur comprise, et s'il trouve le vin à son goût. Après, c'est un autre histoire. Et je trouve, comme Luc, scandaleux de vouloir proposer des vins à moins de 4 euros issus de vignobles à faible rendement et où la mécanisation est très difficile et coûteux.

  • #2

    Denis Boireau (mercredi, 16 mai 2012 14:46)

    Il y a une facon de diviser par deux le prix des vins "pas chers", c'est la vente au cubi: plus de cout de bouteilles, etiquettes, bouchons ou capsules, etc!
    Malheureusement ce qui se pratiquait chez tous les vignerons ou j'allais il y a 30 ans est en train de disparaitre completement...

  • #3

    Luc Charlier (mercredi, 16 mai 2012 16:57)

    Denis, d’accord avec toi pour les vins VRAIMENT pas chers et qui seront bus rapidement.
    J’y vois quand même 2 grands défauts.

    Si on opte pour le BIB, même dans de très bonnes mains, il y en a pas mal de défectueux.
    Et le récipient « en dur » qu’on vient faire remplir, pose des problèmes légaux à présent (liés au règlement de l’accise).
    Mais surtout, cela implique le TEMPS de la personne qui te le remplira. Dans les domaines de petite taille, où c’était souvent un membre de la famille (une femme) qui se trouvait taillable et corvéable à merci au caveau, souvent sans protection sociale (on y revient), ce n’est plus possible ou alors trop cher. Quant à payer un salarié pour ce faire ... on n’y pense même plus.

    La vérité est aussi que produire du vin – à niveau de qualité constant, j’entends – coûte de plus en plus cher (M.O., combustibles, consommables) si on n’entre pas dans l’économie d’échelle que seul l’agro-alimentaire peut offrir. Mais c’est justement ce passage à de plus gros rendements qui limite la qualité – à partir d’un certain seuil. Tu ne trouveras plus JAMAIS un vin à 2,00 € le litre (TTC, vrac, consommateur) qui te procures du plaisir, à toi. A moins d’un vigneron tellement mauvais comptable qu’il te vende ce nectar au prix ... d’une perte importante pour lui.

    Nous avons bu ensemble de ton muscadet. Je serais curieux de voir quelle est la marge REELLE que le vigneron fait sur ce vin. En outre, le muscadet est typiquement un vin où gros rendement (80 hl/ha, officiellement) et maintien de la typicité désirée sont compatibles. On ne demande ni trop de complexité, ni trop de concentration, ni même une maturité élevée. Et le melon est « bonne fille ». Et les sols sont faciles à travailler (peu ou pas de pente, assez léger, abords dégagés ...). Essaie la même chose en Ardèche, ou dans la région de Solutré (je ne parle pas de la plaine de la Saône), ou sur le coteau alsacien, ou à Arbois et on en reparlera.

    En outre, tout bon qu’il fût, ton muscadet, après 3 repas on aspire quand même à du changement aussi, tu ne trouves pas ?

  • #4

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  • #5

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