KIMAPLU

Un coup double
Un coup double

 

 

 

Le dernier qui m’a plu : coup double entre les charmes des émules de Gambetta et ceux de Zola, le noir cadurcien et le grenat aquisextain.

 

 

Et surtout, périple aux extrêmes de l’Occitanie, là où Mistral et ses accents italianisants ne ressemblent plus guère à ceux du pape Jean XX. « Sèm de Caors, avèm pas paur ! », dit la devise de la ville du Quercy, « Generoso sanguine parta » clame la provençale.

 

 

 

 

 

Château Simone 1989 : un grand vin, une grande année, un énorme plaisir.

Comme il est vrai que le vin qui plaît est lié aux histoires, aux hommes, aux femmes. Un soir de l’hiver 1986, une collègue aixoise m’invita à venir rencontrer sa famille et sa cuisine dans le petit appartement parisien qu’elle occupait. Elle me présenta aussi deux vins qui ne m’ont plus quitté : Pibarnon et Simone (Bonsoir, Simone !).

Château Simone représente quasiment à lui tout seul l’AOP Palette, dans les faubourgs d’Aix. Il contient surtout du grenache et du mourvèdre, accessoirement du cinsault, de la syrah et quelques litres de cépages locaux anecdotiques. Il voit du bois, foudres et barriques, mais pas de neuf, ou si peu. Dans mon expérience, il lui faut du temps pour s’épanouir pleinement et mériter le prix que vous abandonnerez à la famille Rougier (proprio depuis 1830) pour vous en rendre acquéreur. Son lieu de naissance est idyllique, au milieu des pins, mais pas forcément facile à trouver la première fois.

Notre exemplaire du jour avait laissé pâlir sa robe (grenat clair aux reflets tuilés), mais présentait encore un nez de fruits rouges, en plus des arômes tertiaires (bouquet d’évolution). En bouche (rafraîchi vers 16-17°C et décanté 10 minutes), l’attaque est vive, presque acide (pas volatile) mais les tannins sont souples, souples, souples et le volume satisfaisant. Finale de velours.

Il accompagnait un magret de canard (assez insipide, ce n’est pas ma faute) garni d’une sauce citronnée rehaussée de gingembre, de petits oignons et de ces poivrons verts qu’on appelle « doux » autour de la Méditerranée.

 

Clos de Gamot 1990 : un autre grand vin, une année d’anthologie et un plaisir rare

Autre rencontre, celle avec M. Jouffreau, qui m’accompagna au Clos de Gamot lors de ma première visite. Il me promit une dégustation verticale de son cru (disponible par faveur jusqu’au début du XXème siècle) ... qui n’a jamais eu lieu. Il nous a quittés avant mon passage suivant et cette descente dans l’histoire ne me sera pas offerte .

Par contre, la bouteille de 1990 qui nous occupe a bel et bien été vidée avant-hier, sur la côte de boeuf et les frites .... au blanc de boeuf , évidemment :

 

«  O liebes Land, o Belgiens Erde,
Dir unser Herz, Dir unsere Hand,
Dir unser Blut, dem Heimatherde,
...................................

Und fortan singen Deine Söhne;
Gesetz und König und die Freiheit hoch!
Gesetz und König und die Freiheit hoch!
(bis) .... »

 

Une robe noire, noire, noire (eh oui, encore) précède un nez très .... malbec qui annonce, vous savez, ce fruit rouge acidulé (airelle, framboise), cette baie noirâtre (myrtille, surreau) et cette caresse caramélisée, avec un petit creux en milieu de bouche, et puis des tannins serrés et un peu austères, mais tellement bons compagnons de la viande. Ah, un grand plaisir d’esthétisme ET de gourmandise ! Léon raffole des Cahors de cette trempe-là. Il apprécie moins les exemplaires merlotés, tannatés et boisés qu’on nous a servis entre 1985 et 2000, seigneurs ou pas.

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Commentaires: 2
  • #1

    Lalau (mercredi, 24 août 2011 12:36)

    Und fortan scheint deine Sonne...

  • #2

    Luc Charlier (mercredi, 24 août 2011 12:49)

    Ouaip, tant que ce n'est pas Fortant de France ....