LA CUVEE DU CASOT: EXPRESSION ULTIME DU TERROIR DE MAURY

Un « casot » désigne dans le Roussillon la même chose qu’un cabanon en Provence, ou encore un « kot » en Belgique. A la vigne, il nous permet de faire du feu même en période d’interdiction (de juin à septembre) grâce à son âtre et à sa cheminée, et donc de manger la grillade. Celui-ci a donné son nom à cette belle vigne, dont je suis fermier et qui me livre les meilleurs grenaches de l'exploitation ... quand la sécheresse ou la grêle n’en décident pas autrement. J’adjoins du tout bon carignan à cette vendange, en proportion variable suivant les années, et ainsi naît la cuvée de prestige du domaine : la Cuvée du Casot.

 

 

 

 

 

Le 2005: baptême du feu pour la cuverie de Corneilla

*** Guide Hachette 2008
*** Guide Hachette 2008

 

 

Voilà donc mon premier vin « primé », et de quelle manière : trois étoiles dans le Guide Hachette de 2008 et le commentaire : « Le coup de coeur n’est pas loin ! ». Or, il s’agissait de ma toute première mise en bouteilles. On ne peut donc invoquer l’adresse du vigneron, tout au plus la « chance des débutants ». Plus sérieusement, je crois que les raisins de cette cuvée étaient exceptionnels.

 

Nous avons assemblé le splendide grenache récolté sur la pente abrupte et plein sud de la Coumo de Miquelets à Saint-Paul de Fenouillet et de vieux carignans estagellois. Grande maturité, quelques raisins flétris sur souche et une fermentation qui s’est déroulée comme dans les manuels, malgré le degré élevé. On n’a pas collé le vin et il n’a subi aucune filtration. Certaines bouteilles présentent du dépôt d’ailleurs.

 

Pour un commentaire récent,

voyez ICI.

Le 2006: le Guide en reprend

Sélection Guide Hachette 2009
Sélection Guide Hachette 2009

 

Ce millésime a incorporé pour la première fois le jus du carignan de la « vigne de la Loute » dont j’ai constaté la qualité indéniable en 2006. Pour le reste, c’est toujours la même vigne de Saint-Paul qui en fournit les grenaches.

 

Il est un peu plus fin, un peu moins brûlé et goudronné. C’est l’effet millésime d’une part, et aussi notre volonté d’un petit surcroît de finesse, d’élégance, notamment en vendangeant quelques jours plus tôt.

 

J’aime beaucoup ce millésime du Casot qui accompagne à merveille la viande rouge pour le moment ... très rouge !

 

 

 

 

 

 

 

Le 2007 : un amalgame entre le fruit et l'élégance

Pourquoi pas lui ?
Pourquoi pas lui ?

L’année 2007 représente pour moi la fin des angoisses et le début de la grande joie de vendanger. L’expérience des deux premiers millésimes me permet en effet de porter toute mon attention sur les vinifications, sachant que les petits pépins qui écueillent la récolte se règlent finalement fort bien. Pourtant, aucune de mes trois cuvées (Eglise, Majou, Casot) ne trouvera grâce aux yeux des jurys. C’est l’unique exception jusqu’à présent.

 

Cette bouteille allie un fruité très généreux (comme en 2005) à la soie et au velouté (comme en 2006). Une fois encore, la vigne de grenache a parlé, et son compagnon carignan (1922) lui confère plus de complexité et une finale onctueuse, sans tannins astringents. On peut la boire, surtout sur une viande à goût fort (pigeon, canette, Salers) ou même de la mousse au chocolat si celle-ci est peu sucrée. Mais je pense que 15 années de garde ne l’effraieront pas du tout.

 

 

 

Le 2008: un millésime très mûr et sudiste

Millésime 2008: étiquette filigranée
Millésime 2008: étiquette filigranée

 

 

 

Ce millésime constitue au domaine le début du « plongeon » des rendements lié à la sécheresse ambiante. On a vendangé les grenaches de la « vigne du Casot » le 1er octobre, ainsi qu’une trentaine de caisses du bas de ce coteau,

« Coumo d’en Miquelet , planté en 1977.

Le lendemain, les premiers frissons parcourent mon échine car .... la densité du moût continue de monter. Il s’agit du phénomène bien connu de relargage par les raisins les plus mûrs de leur sucre. Sur mes gardes, j’ai maintenu la température de fermentation assez basse (jamais au-delà de 21°C) et ai beaucoup « remué » la cuve, chose facile vu le peu de volume.

Au 17 octobre, le vin était sec : ouf. Toutefois, nous avons maintenu la cuvaison jusqu’au 26, quatre semaines au total donc. Par contre, il a fallu attendre la mi-avril pour que la fermentation malo-lactique veuille bien se terminer. Bien entendu, le degré alcoolométrique final de ce beau vin n’a pas facilité la vie des bactéries lactiques !

 

 

 

 

 

Ce vin, de dégustation en dégustation, n’a pas arrêté de me charmer, sauf au début du mois de novembre 2008 où il est passé par une phase épouvantable : dur, fermé, sans charme. Enfin, on l’a mis en bouteilles à l’été 2009. Comme la « vigne de la Loute », au sommet de la Coume Majou, était fort attendue pour ma cuvée de vieux carignan, elle n’a que peu contribué à cet assemblage-ci. Il devient donc quasiment un pur produit de mes vignes sur Saint-paul-de-Fenouillet. Il entrerait bien dans le cahier des charges du Maury Sec, qui n’existait pas encore à l’époque, s’il n’avait pas été vinifié à Corneilla.

 

Il reste environ 600 bouteilles (2019) et je me suis trompé : je pensais que le vin passerait par une phase ingrate et se refermerait. Je le goûte tous les 3 mois et il demeure souple et friand. Attention, c’est un gros calibre néanmoins et, même s’il « passe » facilement, il demande une nourriture roborative qui lui tienne tête. La côte de boeuf fait merveille, ainsi que le cerf ou la biche, ses cousins. Je pense que les cassoulets, joues de porc et de boeuf constituent des partenaires à sa hauteur également. On peut commencer à le boire.

 

 

Le 2009, sans doute mon meilleur vin

 

 

Cette année inaugura la série des millésimes extrèmement secs de petit rendement.

Nous avons eu la chance de pouvoir conserver le fruité de toutes nos cuvées, notamment par l’introduction d’une période de macération préfermentaire à froid.

 

Comme d’habitude, la « vigne du Casot » nous a livré des raisins aux peaux parfaitement mûres et ce sont les 350 litres – il n’y en a pas eu plus – de vieux carignan de la « Loute » qui ont conféré ce surcroît de finesse à l’assemblage.

 

A la dégustation, le jus très foncé annonce un nez de fruits rouges et noirs et déjà un peu de fumé, de goudronneux, d’herbes chaudes de la garrigue. La bouche est vive et enveloppante, avec une finale dont les tanins ne sèchent pas du tout. Bonne longueur.

 

Nous l’avons soumise au jury du Guide Hachette (édition 2014). Elle a obtenu une * et un commentaire très élogieux. Il conviendrait de l'attendre encore pour profiter de tout son potentiel, mais elle se boit avec délectation. Je ne suis pas loin de penser que c'est le meilleur vin produit au domaine durant ses 15 années d'existence.

 

PS: Malheureusement pour nous, une grêle épouvantable a ravagé cette vigne le 16 juin 2010, détruisant toute la récolte et hypothéquant la taille de la campagne 2011. Elle ne s'est jamais remise de ses frayeurs. Exit la "Cuvée du Casot" donc.