RENCONTRE AVEC UN "BOHAIRE"




D'habitude c'est un Highlander ou un

Royal Scots Fusilier qui gonfle la besace 

de la cornemuse.






Ici, il s'agit d'un Gascon ayant vécu à Toulouse mais habitant le Quartier des Platanes à Perpignan que nous avons rencontré à la "Maison du Parc". Il a sorti son instrument: une peau de chèvre formant outre, une embouchure permettant de la gonfler et deux perces parallèles en bois de buis qui vibrent grâce à une paire d'anches simples. Elles sont actuellement fabriquées en fibre de carbone et reposent sur une base en polymère. Elles permettent ainsi de former un bourdon (modulable dans une certaine mesure) et un tube mélodique. Il couvre environ une octave.


Christine n'a pas cherché à savoir ce que cachait son pantacourt, sans doute "l'avenir du pays gascon (cong)". Il nous a joué des airs traditionnels de musique des Landes. En effet, cet instrument avait totalement disparu au début du 20ème siècle jusqu'à ce que des facteurs le remissent à la mode dans les années '70, au départ de vestiges retrouvés. Ces sonneurs s'appellent "bohaires", du verbe bohar qui signifie souffler, leur "biniou" devenant donc une boha.

Quelques analogies (sans garantie étymologique avérée mais je tente le coup): to blow en anglais et aussi βοή en grec ancien.


Je me souviens d'un passage de l'Anabase où les "amis" de Xénophon atteignent enfin la falaise qui surplombe l'Hellespont et hurlent de joie car la patrie se rapproche. Les Dix Mille viennent de traverser à pied l'Arménie en faisant retraite devant les forces d'Artaxerxès. En "dialecte" attique, si je me souviens bien, βοή prend un alpha final - ou bien l'inverse, c'est l'alpha qui est altéré, peu importe - et cela avait amené mon unique condisciple à confondre ce petit mot avec βοῦς, la vache (voir boeuf). Il avait fait des pieds et des mains pour donner un sens à sa traduction, avec peu de succès, il faut bien le dire. Au fur et à mesure de l'agglutination des troupes au sommet de la colline, ce qui engendrait une clameur de plus en plus puissante bien sûr, chez lui, c'est une vache énorme qui grandissait! Je me souviens de mes railleries peu amicales à son encontre: durant une page entière, il dissertait sur la grosse vache qui enflait à l'arrivée de troupes de plus en plus nombreuses.


Merci à notre mélomane de rencontre.




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