KRISTIN MARJA : UN INTENSE MOMENT DE BONHEUR 








Après la trilogie de

Jon Kalman (Stefansson),

voici le deuxième auteur

- une auteure en fait -

d'Islande qui me

plonge dans un délice

semi-nostalgique, semi-glacé.












On va commencer par une mise en garde envers ceux - nombreux - qui me reprochent mon côté "donneur de leçons". Vous n'êtes pas obligés de me lire. Zappez, cela fera des grincheux en moins sur la toile.


Pour les autres, on rappelle que la langue islandaise utilise un système patronymique pour donner un nom aux gens. Si votre papa s'appelait Charlier, votre patronyme sera Charlierson pour les garçons et Charlierdottir pour les filles. On vous donnera ensuite deux "prénoms" qui vous caractériseront: Sigmar Jon par exemple. 


Donc, notre romancière, c'est Kristin Marja, l'inverse de Marie-Christine (Civale) et elle est germaniste. Elle a reçu le Prix Jonas Halgrimsson en 2011, un peu le Man Booker de l'île du nord.


Le tirage de l'édition en français, chez Gaïa, s'est fait sur un zéphir rose, réputé offrir un meilleur contraste et augmenter le confort de lecture. I remain "unplussed"; comme disent les Anglo-Saxons.


Par contre, chaque section commence par une description en phrases courtes de tableaux, comme ceux composés par l'héroïne principale, diplômée des Beaux-Arts de la capitale danoise, du grand chic. Ensuite, le récit se déroule, lentement, avec majesté et force. On croit entendre les notes de Sibélius, même si je réalise que celui-ci composait bien plus à l'est, au-delà même du Golfe de Bothnie. 


Il ne se passe rien, ou si peu, dans le même genre que les récits de Buzzati ou de Coetzee. Mais le détail est si fouillé, et les sous-entendus si denses, qu'on a envie d'aller plus loin. Il m'est arrivé, moi, le lecteur lent, de sauter une page ou bien de la lire en diagonale, pour avancer. C'est peut-être un petit reproche mais je pense qu'une lecture en V.O. doit procurer beaucoup de plaisir, car alors la beauté de la langue apparaît sans doute, ce qu'une traduction proche du texte ne peut pas rendre.


Lecture excessivement recommandée de ce très beau livre d'ambiance,

une ode à la femme, une ode à la profondeur des sentiments,

un plaidoyer pour une vie moins superficielle

que celle du monde occidental au 21ème siècle.

Mais il n'y a pas de vin ! 



Publié chez Gaïa Editions (2008) 


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Commentaires: 2
  • #1

    David Cobbold (dimanche, 08 février 2015 20:50)

    Tu me donnes envie de lire cela Luc.
    A propos de Coetzee, est-ce que tu as lu la correspondance entre lui et Paul Auster, publié chez Actes Sud (pour la vf). Très bien aussi

  • #2

    Luc Charlier (dimanche, 08 février 2015 22:19)

    Merci du conseil, David. Souvent, ceux qui publient ce genre de courrier ont réellement qqchose à dire. Les lettres de Flaubert étaient exceptionnelles aussi. Idem pour l'abondante correspondance entre Leopold I de Saxe-Cobourg-Saalfeld et sa nièce ... votre Queen Victoria.