"DER WEIN ALS WILLE UND VORSTELLUNG ..."


Arthur avait raison, bien sûr.

Le VIN, principe unique,

s'impose comme

VOLONTE cosmique

qui nous guide,

un peu comme le

"Ding an sich"

de sa "bête noire". 

 

 

 

Et, jadis, les têtes de gondole, les jingles à la radio, les spots publicitaires télévisés, les encarts dans la presse (spécialisée ou non), les avis péremptoires de sommeliers-vedettes (voire de chefs parfois), les opinions de présidents de clubs d'oenophilie ... voilà ce qui formait la REPRESENTATION que nous nous en faisions, celle qui guidait nos décisions d'achat.

 

Deux entrefilets récents viennent évoquer chez moi une interrogation qui ne me lâche pas depuis que le blog est blog. Et si les prescripteurs avaient changé?

 

Der WILLE est bien sûr resté(e) la même, quoique ... Mais die VORSTELLUNG passe peut-être maintenant par le net, ou en tout cas par un certain nombre de ses acteurs, nombreux et prétentieux, mais dont le nombre même limite le pouvoir individuel, ce qui est un bien. 

 

L'un de ces entrefilets semblait indiquer que "beaucoup" (= 28 %) de décisions d'achat étaient dictées par des prescripteurs, qualifiés de presque professionnels, sur les blogs. L'autre, mieux documenté, regrettait que seuls 3 % des Français soient des connaisseurs

 

Au-delà des chiffres, qui importent peu, le fait que l'on se pose la question de l'importance de ces avis est significatif. 

 

Un exemple concret: mes petits camarades du "blog des 5 du vin". Parmi eux, trois sont intéressés par le devenir des vins rosés, leur évolution dans le temps, au point qu'ils disent préférer certains spécimens après 3 ou 4 années de garde. 

 

Il y a trente ans, pas un amateur sérieux pour s'intéresser aux rosés autrement que comme accompagnement d'une grillade estivale, une garden-party, à la limite une bouillabaisse sans ambition. Le but de ce billet n'est pas de discourir sur les qualités respectives des différents types de rosé, sur leur amélioration spectaculaire depuis que de bons pressoirs existent (entre autres), ni même sur leurs capacités à la garde. Non, le simple fait que ce sujet soit abordé maintenant sérieusement est significatif. Et nous le devons à internet.

 

C'est à la fois une chance et un énorme danger. Chance car, comme dans une démocratie participative (encore à inventer), des avis multiples, et individuels, peuvent finalement influencer le collectif. Danger car les puissants sauront - savent déjà ? - comment s'approprier ces sons individuels discordants pour composer une symphonie à leur gloire.

 

Il y a deux ans environ, Christine avait rejoint Sète pour y faire déguster nos vins dans un établissement situé à un jet de pierre de la tombe de Paul Valéry. Ce n'est pas la chef qui l'avait reçue, mais son compagnon, clope en main. Il n'a pas voulu déguster de rosé "car ce n'est pas du vin". Oui, à Sète, près du port de pêche. La dégustation a tourné court.

 

Cette affirmation signe bien entendu l'Untermensch ignorant - à moins que ce ne soit le commerçant retors qui ne veut en aucun cas mettre à sa carte une couleur dont le prix, by and large, ne lui permettra pas de marger confortablement. Mais jadis, ils étaient légion, ceux qui pensaient comme lui. A présent, ouvrez votre ordinateur et tapez "rosé. Vous verrez tout ce que l'on trouve.

 

Oui, le monde de la vente dépend bien de la REPRESENTATIOIN qu'on se fait, ou qu'on nous fait, pour nous, à notre place, de la réalité du VIN, de sa VOLONTE.

 

Avouez que mes cours de philosophie - cela n'existe pas en Belgique durant les études secondaires - seraient plus intéressants pour les ados

que les textes arides qu'on présente d'ordinaire.

Exit le pisse-vinaigre d'Ermenonville, vive Diderot et son Jacques

qui s'enfile bouteille après bouteille. 

 

 

 


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