TOUJOURS LE SOL

Le mica brille
Le mica brille

 

 

 

 

"Souviens-toi qu'un violon

fut jeté sur le sol

C'était toujours le sol

Qui gênait Nicolas

quand il était bémol"

 

 

 

 

 

Ainsi écrivaient Le Fox terrier et sa Catherine de soeur, sur un air "à la Bach". Ce sol, qu'est-ce qu'on ne lui fait pas dire à la vigne aussi.

 

Vous savez qu'on aime à tordre le cou aux légendes, sur ce blog. Et Dieu sait s'il en existe, de ces contes à dormir debout, dans le monde du vin. On va y mettre bon ordre.

 

Les sols de vignobles, étudiés dans une disciplie qui s'appelle la pédologie, pédon signifiant ... sol en grec, font couler beaucoup d'encre. La plupart des vignerons, et des oenologues, n'ont que des notions assez vagues de géologie en général mais nous ne sommes pas idiots non plus et, si on nous explique, nous sommes capables de retenir, et donc de reproduire, ce qui concerne nos propres vignes.

 

Lorsque j'avais le bonheur de captiver mes auditoires de l'Institut Lambion, entre 1992 et 1997, je consacrais 2 soirées à ces matières chaque année, ayant eu la chance qu'un des participants fût un brillant géologue à la retraite, qui avait consenti à corriger mes errances. 

 

Mais le plus bel exercice de style, selon moi, me fut donné par trois Alsaciens que je respecte énormément: Jean Meyer, Léonard Humbrecht et Jean-Marc Boxler. Tous trois m'ont décrit indépendamment le Grand Cru Brand, sur lequel ils possèdent des vignes, Léonard m'y accompagnant même en personne pour une leçon de choses in situ. Tous trois ont fini par vanter les mérites respectifs de la partie occidentale "chaude", le fameux granite à deux micas du "Steingliz" ("la pierre qui scintille", je suppose) et ceux de la partie orientale calcaire, le Schnekelsbourg, plus riche en éléments azotés.

 

Pour votre édification, je vous montre ici quelques cailloux (de schiste) observés à Valmanya (Vallespir), et sur lesquels brille du mica. J'aimerais bien entendre les réponses genre "question du bac" que feraient les amateurs de vin moyens, les journalistes et pas mal d'autres si on leur disait: "Parlez-moi du mica". 

 

Il s'agit d'une curieuse roche, un silicate de potassium et d'aluminium en fait, de structure feuilletée, d'où sa brillance et sa résistance à la chaleur. On en distingue deux grandes séries (plus d'une cinquantaine de variétés au total): les blancs, dioctaédriques de structure et les noirs, trioctaédriques. Et alors? Alors rien, c'est justement cela ma démonstration.

 

Par contre, un siècle d'observation sinon plus, a appris aux vignerons que tel ou tel cépage se comportait mieux à la partie ouest du Brand, ou bien que les années pluvieuses avaient telle ou telle influence sur la zone est, au contraire. Et, après quelques années, on observait que les vins du Brand d'un producteur lambda avaient connu une évolution différente de ceux du Sommerberg, pourtant voisin et granitique également. Et ça, c'est très intéressant. Le lieu joue un rôle indéniable, parfois essentiel. 

 

Mais le lieu, si ce n'est pas uniquement le sol,

c'est quand même aussi le sol.

Ici s'arrête, pour ne pas faire trop long,

la première étape de mon plaidoyer.

Nous continuerons petit à petit, au fil de mes humeurs,

de mes enthousiasmes, de mes inspirations.

C'est mon blog, oui ou merde ? 

 

 

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