À HERVÉ LALAU

le 11 juilet 2006, au "casot"
le 11 juilet 2006, au "casot"

 

 

 

 

 

Un argumentaire

 

 

 

 

 

 

 

 

La messagerie “pro” de mon pourvoyeur d’accès est en “maintenance” depuis plus d’une heure cet après-midi. Dans le « politiquement correct » qui veut dire « exprimé de manière hypocrite » si caractéristique de la France du XXIème siècle, cela cache en fait une panne qu’ils ont du mal à réparer vite fait. Rien ne va comme il faut dans les organismes et les structures officielles de ce pays.

 

Je vais donc faire une petite réponse « par voie de blog » à son billet déjà évoqué dans mes lignes.

 

Il m’appelle le vigneron internationaliste. Il faut y voir une taquinerie mais aussi un constat bien réel. Comme beaucoup de jeunes adultes généreux, j’ai été très proche de l’extrême gauche (et même encarté pendant deux ans) et plutôt disciple de Trotsky que des fondamentalistes théoriciens du début (de Marx et Engels à Lénine), ou bien sûr du « Petit Père des Peuples » qu’a adoré le PCF jusqu’à la fin de l’ère Marchais et sans doute même après. Mais, même ainsi, j’ai compris très tôt que la suppression de la propriété privée et le non-intéressement étaient tellement contraires à nos aspirations (profondes et apprises ou culturelles) que, dans la pratique, l’utopie ne « marcherait » pas. Chez Lev Davidovitch, ce n’est pas bien entendu le côté « terroriste » - il y en avait un et ses disciples ultérieurs l’ont parfois exacerbé – qui m’a séduit, bien au contraire. Mais c’est sa vision très précoce de la nécessité qu’il y avait à globaliser la lutte – et donc bien entendu la réflexion de fond – et, en fait, à considérer le monde sous un angle international ; on dit « global » à présent. Après, comme Brassens, mais pas seulement, je n’aime pas les mentalités de clocher, les fanions, les hymnes nationaux, les nationalismes étriqués, les « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » ... On est ce qu’on sait faire, ce qu’on a d’utile à sa communauté, ce qu’on crée et bien entendu ce que nos parents, nos amis, nos racines (au sens large) ont fait de nous. On n’est pas un pion de son petit terroir minuscule et replié sur soi-même.

 

L’ami Marc Domb dont il parle n’aimerait pas que j’en fasse trop sur son compte. Il est le membre le plus proche de moi (nos âges sont similaires et nous avons fait plein de choses ensemble) d’une famille qui est incroyablement liée à la mienne : par de l’amitié, certes, mais aussi par du vécu et par des conceptions nullement identiques mais tout à fait compatibles et souvent complémentaires de la société. La famille Domb a toujours vénéré le bon, le beau et le juste ; la mienne aussi. Le père de Marc, lui, a été tellement proche de moi qu’il ma ... pénétré profondément avec ses scalpels et bistouris, me guérissant en moins d’une semaine d’une péritonite étendue qui aurait pu m’être fatale à l’age de 17 ans. Et maintenant j’utilise son fils aîné comme ... chauffeur-livreur. La vérité me force à vous dire qu’il me sert aussi de conseiller très écouté et qu’il va jusqu’à remplacer ma banque au cours des épisodes les plus difficiles du démarrage de mon petit domaine.

 

Tu aurais pris beaucoup de plaisir à déguster du vin avec SA femme aussi, Hervé : Nathalie est charmante et ne craint pas de donner son avis, avec réserve et justesse. Et si tu n’aimes pas les blondes, n’en dégoûte pas les autres !

 

My name is Charlier, Luc Charlier et j’aime le vin tannique, mais pas surextrait ! Quant au prix de vente, il n’a guère d’importance. Aux tarifs que je pratique, et qui s’harmonisent parfaitement avec celui de mes revendeurs, la vie serait non pas extrêmement facile mais bien correcte et confortable si seulement je vendais ma récolte complète chaque année. Le prévisionnel s’avère exact : les coûts ont été correctement estimés, l’investissement n’est pas exagéré, les frais de fonctionnement sont sous contrôle et les prix de vente sont raisonnables par rapport à la qualité offerte et par rapport aux conditions du marché. Il n’y a que le volume total de mes ventes qui coince encore un peu. La vitrine, pour moi, c’est l’estime des vrais amateurs – dont tu fais partie -, c’est la confiance et l’enthousiasme de mes revendeurs, c’est les quelques articles de presse appréciateurs et c’est le soutien des bons sommeliers et/ou des chefs qui les emploient.

 

Le « truc statutaire », bof .... Si on trouve que la Cuvée Majou – celle qui me représente le mieux et en style, et en quantité – est bonne, c’est bien. Si on pense que le Casot est son grand frère, c’est parfait ainsi. Et si on craque pour la Loute, on me fait tout autant plaisir. Mais je ne rebaptiserai rien « rue de Collonges-au-Mont-d’Or » ni non plus « place d’Arcole » pour autant. Ma statuaire (sans troisième « t ») à moi, c’est 75 cl de plaisir gourmand pour un prix compris (TTC) entre 10-12 et 30 euros.

 

Tes hallucinations ne sont pas graves, je te rassure. Mais si des animaux féroces te réveillent la nuit, si tu transpires quand tu n’as pas ta bouteille, si tu trembles un peu des deux mains, si tu ressens des fourmillements dans les orteils et n’es plus trop sûr de ton pas, si tu oublies vite et t’irrites pour un rien ... alors fais attention, prends de la vitamine B et diminue la quantité de ton vin quotidien !

 

Mon anagramme n’y fait rien : la nature m’a programmé jusqu’à 65 ans sans doute, avec une marge d’erreur difficile à apprécier et peut-être un peu de rab’ si je suis sage. Faire du vin est ce que j’ai le moins mal réussi à ce jour et je pense continuer tant que j’en aurai la force.

 

Ce que j’ai fait le plus mal c’est ... danser.

Mais cela n’a jamais été ma passion et ne me manque guère.

Je mourrai donc piètre danseur! 

 

 

 

 

 

 

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