JE N’AIME PAS MA CHRONIQUE DU JOUR

 

Elle pue la jalousie

– inconsciente bien sûr.

 

 

 

 

Je ne peux m’empêcher d’écrire ces lignes, car elles, elles m’ont empêché de dormir au moins dix minutes cette nuit. Le « moteur » qui vaporise le fuel domestique de ma chaudière est en panne pour la dix millième fois depuis mars dernier et notre réparateur n’est pas passé cet été – on va expliquer cela comme ça. Donc, il n’a pas été possible de chauffer la maison cet automne et les nuits commencent à fraîchir : en cas d’éveil, on réajuste le bonnet frileux sinon phrygien et les chaussons en thermolactyl comme on peut et ... on gamberge.

 

Un avocat célèbre – au niveau perpignanais nombriliste s’entend, il ne s’agit pas d’un Emile Pollak ni d’un Jacques Vergès même si lui le croit – tient une chronique sur l’antenne locale de la radio publique, de manière chronique. Elle m’insupporte de manière aiguë. Il y expose les « grandes affaires » judiciaires dont il a eu connaissance, souvent parce qu’il les a plaidées en assises. Il a aussi écrit un livre les relatant. Et il joue un one-man-show les mettant en scène sur les planches du département de temps à autre. De là à ce qu’il se produise à la Porte Saint-Martin ou au Forest National ...

 

Bien sûr, tout est légal et on n’en attend pas moins d’un juriste patenté. Outre mes réserves quant au cumul des genres - un avocat en vue n’empoche-t-il pas assez de tunes sans devoir en outre prendre le pain de la bouche des animateurs radio et des chansonniers ? - c’est la forme qui me désarme.

 

Au-delà, le métier d’avocat pénal et celui de comédien est évidemment le même. Il faut des effets de manche. Mais le « cher maître » défend les intérêts d’un homme, voire même sa vie et je pense moi aussi que toutes les causes doivent être défendues, toutes, tandis qu’un comédien ne défend qu’un texte.

 

Non, c’est l’accent qui m’irrite. Je parle convenablement trois langues et en manie trois autres. J’en comprends pas mal d’autres à la lecture. J’aime passionnément les parlers régionaux ... MAIS. Mais on ne me fera pas croire qu’un diplômé en droit n’est pas capable de s’exprimer dans un français non caricatural, sans rouler les «  r » à outrance, sans ajouter des voyelles finales ni des consonnes partout, sans ralentir son débit comme le tribun le plus dévoyé. Tout est posture, rien n’est spontané, voilà ce qui m’irrite. Je ne vous aime pas, « Maître », ni à la radio, ni sur la couverture de vos écrits, ni sur scène où je ne vous ai pourtant pas vu.

 

Ai-je le droit d’écrire cela ? Je suppose que oui. Ce n’est qu’une opinion et je n’y fais aucun reproche, je traduis un sentiment. Seul un avocat pourrait me le confirmer mais vu leur esprit corporatiste ...

 

Pourquoi le fais-je ? Mon analyste est morte, malheureusement, et elle seule pourrait le dire. Actuellement, comme chez le Valmont de Choderlos de Laclos, « It’s beyond my control ». Je n’ai jamais rencontré le personnage ; il ne m’a jamais nui et peut-être est-il un garçon adorable à la ville comme en privé. Dans ce cas, je lui présente mes excuses les plus plates, dont il n’a d’ailleurs cure.

 

Son cas me fait penser aux attitudes de Bert Anciaux à l’interview. Ce responsable politique belge, fils si je ne m’abuse de l’ancien président de la Volksunie, feint lors de ses apparitions publiques de très mal maîtriser le français, le balbutiant avec un accent épouvantable et ajoutant les fautes de grammaire aux fautes de grammaire. Je suis pourtant certain qu’il le parle aussi bien que moi.

 

Le sénateur-maire d’une ville de moyenne importance du département, station balnéaire également, feint lui aussi de ne pouvoir utiliser qu’un français rocailleux et caricatural à l’extrême : cela fait « peuple ». Shame on them !

 

Voilà un bien vilain billet d’humeur,

peut-être le premier depuis que je tiens cette chronique.

Qui me l’explique ?

 

 

 

 

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