UN AVIS AUTORISÉ

Bouteille cassée, c'est la fessée ....
Bouteille cassée, c'est la fessée ....

 

 

 

 

 

Un lecteur assidu des blogs des

5 du vin, de Jacques Berthomeau etc ...,

que nous appellerons Alain

car c’est son prénom,

est un universitaire de haut vol

qui niche près du Massif

de la Chartreuse.

J’ai cru comprendre qu’il élaborait,

en amateur, une cuvée

de jacquère assez particulière.

Il nous a commandé, en passant par

La Cave de Christine,

un assortiment de vin et ... patatra !

 

 

 

 

 

 

Alors que cela ne s’était jamais produit – c’est une messagerie dépendant à l’origine des chemins de fer allemands, die deutsche Gründlichkeit, qui assure nos expéditions - une bouteille (un flacon de notre Cuvée Roc Blanc 2011) est arrivée brisée. Cela a donné lieu à un échange de courriers et nous avons ensuite fait plus ample connaissance de manière épistolaire.

 

Alain aurait dû venir récupérer une compensation lors d’un passage estival en pays catalan, mais cela ne s’est pas goupillé. En revanche, nous étions dans l’Isère il n’y a guère mais les horaires de Nicolas Bottero et des frères Thévenard, d’une part, alliés à la circulation entre le Cours Berriat et la rue Villars d’autre part, n’ont pas permis d’y glisser un rencard.

 

Mais c’est promis, compensation il y aura. Elle est même presque en chemin. Vous savez, là où on rencontre quatre jeunes zé beaux garçons ...

 

Voici ce qu’Alain dit, en substance, de ma production :

 

« Vin Doux Naturel  2010 : si j'ai bien lu ce que dit Michel Smith (ou bien ai-je lu ça ailleurs?), c'est un Maury de Rivesaltes que nous avons retenu. C'est vrai que ça change tout ....

Joli fruit à croquer.A nécessité un poil d'aération pour bien s"ouvrir. A cause du bouchage à vis ? NB : aucune bouteille bouchonnée à la Coume Majou, donc ne rien changer !

 

Cuvées Majou : c’est ce que j'ai préféré - peut-être parce que c'était prêt à boire ? -  surtout le 2007. Air de parenté très net entre les 3 millésimes bus (07, 06, 05). Il existe une note commune aux trois et que j'adore. Comment la qualifier : encens / herbes aromatiques ? Des tanins fins, fondus. Délicieux. Un poil plus de fruit pour le 2007.


Cuvée la Loute 2011 (je n'ai pas encore ouvert le 2010). J'aime bien le carignan mais il ne faut pas le répéter à Smith, il en rougirait de plaisir. Gros potentiel, très concentré, avec un nez très parfumé. Minéralité : ça m'a rappelé les mines de crayon que je suçais à l'école primaire de Chapareillan. Nos bureaux y étaient inclinés. Avec mon voisin Nano, on faisait faire la course aux crayons et nous espérions qu'en les suçant, ils iraient plus vite ...Les tanins sont encore un poil granuleux (impression tactile en bouche), carignanesques. Je pense que cela s’estompera dans les 5 ans, et plus.


Cuvée Civale 2011 :  C'est rare que j'apprécie autant un blanc du sud. En général leur équilibre alcool / acidité ne me convient pas. Mais là, il fait dans la finesse et l'élégance, avec de la minéralité. Je retrouve à nouveau une note de graphite que j'aime beaucoup.

 

Cuvée du Casot et Cuvée Miquelet : très bien aussi. Je n’ai pas vu une grande différence avec les Cuvées Majou, mais je ne les ai pas bues en parallèle. Il s’est passé quelques mois entre les dégustations et ceci explique sans doute cela.

 

L'Eglise de Coume Majou : une très bonne « entrée de gamme ».


Bref, bravo (surtout pour un p'tit jeune qui débute !), j'me suis régalé.

Très amicalement,

 

A. D. »

 

J’admets qu’il y a un poil de complaisance et d’autosatisfaction de ma part à reproduire ce texte destiné à l’usage privé. Au-delà de ma fatuité, je voudrais surtout relever la préférence d’A.D. envers Majou. J’ai toujours dit que c’est LE vin que je souhaitais élaborer, « un Châteauneuf-du-Pape avec un poil de finesse en plus », et qu’il correspondait à mon goût personnel. Moi aussi, c’est le 2007 qui me semble avoir le plus grand potentiel : en 2005 (plus de grenache) je découvrais mon vignoble. En 2006, j’affinais mes marques et ai cuvé un peu moins longtemps. En 2007, on s’est « laché ». J’en profite pour remercier Laurent Duret, mon oenologue conseil, qui m’a donné confiance et m’a permis de vinifier de plus en plus près du raisin sans toutefois « faire n’importe quoi ». Son contrôle sans aucune réelle intervention m’a été fort utile : j’étais en liberté surveillée.

 

L’air de famille entre les cuvées Majou, Miquelet et du Casot me comble. C’est le même bonhomme, avec des raisins de qualité semblable cueillis à la même époque, qui élabore ces vins dans les mêmes conditions techniques. Les vignes font la différence. Mettre en bouteilles des vins très similaires sous des noms variables – comme certaines prétendues « grandes » maisons de négoce bourguignon – n’a pas de sens à mes yeux. Mais, au départ des mêmes cépages (grenache, carignan et un poil de syrah), réaliser des choses totalement disparates me paraît louche aussi : le « gimmick » ou le « gadget » prend alors le pas sur le goût du vin.

 

En fait, tout le fruité de ces cuvées vient du grenache du Clots d’en Couloms à Saint-Paul – qui me livre aussi mes vins doux. Mais le côté « encens et herbes aromatiques », ça on le retrouve sur l’autre versant (au « Casot ») de cette parcelle mais plus encore à Estagel (Roc Blanc notamment), là où le soleil confit les baies. Enfin, la suavité provient des beaux carignans de l’Agly, cette merveille d’entre les merveilles.

 

La « mine » de crayon, moi je l’appelais « aniline » quand je donnais mes cours au CERIA à Bruxelles. Beaucoup de vins rouges concentrés et mûrs, barriqués ou non, la présentent. Château Haut-Brion (le meilleur vin de Bordeaux à mes yeux) possède cela aussi, quand on arrive à faire abstraction de la marque de son tonnelier.

 

Alain, certaines amies m’ont également affirmé que cela va plus vite en suçant, quand j’étais beaucoup plus jeune. Moi - comment veux-tu que je l’articule ? - je manque de recul pour avoir un avis autorisé.

 

Je suis grand amateur de riesling (exemplaires allemands et autrichiens surtout, sans cracher sur les alsaciens les plus vifs) et de chenin, et j’ai tenté de faire aussi bien que possible avec mon modeste macabeu. En plus des Blancs du sud, les Blacks du nord sont sympas aussi, je trouve.

 

Enfin, l’Eglise n’est pas un « deuxième vin », c-à-d tout ce qui serait indigne d’entrer dans Majou. On n’est pas dans le Médoc. Ce sont des raisins de grande qualité, vendangés un peu plus tôt, vinifiés un peu plus « doucement » pour réaliser un vin plus souple, moins tannique et plus vite rond, avec un poil d’alcool en moins.

 

 

Merci de tous ces commentaires.

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Michel Smith (mercredi, 09 octobre 2013 21:03)

    C'est fou ! Ce Monsieur a du goût !