J’SUIS UN VOLEUR D’IDÉES

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Il est 4 heures du mat', même 4 h 29' en fait. Je pense être « entré en vendanges » alors que nous ne vendangeons pas encore. Je n’arrive pas à dormir depuis plus de deux heures, songeant à tout ce qu’il faut faire absolument, tout ce qu’il faudrait faire si on en a le temps et ... à tout ce que malheureusement je ne pourrai pas faire, en aucun cas.

 

 

Je me suis donc levé et mes yeux ont du mal à s’accoutumer à la brillance de l’écran, à cette heure. Je suppose que l’adéquation sucre/insuline/tonus du système nerveux autonome n’est pas parfaite à cet instant précis du nycthémère. Je viens de lire CECI. Une fois de plus, mes idées viennent d’ailleurs. C’est une constance dans ma vie : je manque d’imagination. Par contre, une fois qu’un projet ou une initiative me sont suggérés, j’arrive généralement à les organiser et à les mener à leur terme, plus ou moins bien suivant les cas.

 

Alors que j’aime écrire, et que je m’y applique – à vous de juger - jamais je ne pourrai composer un roman ... par manque de sujet. Pondre une chronique, une description, un compte-rendu, oui, tant que vous voulez, mais quelque chose d’inventif et de personnel, impossible. Heureusement qu’à la vigne il y a du raisin. C’est lui qui apporte l’originalité, moi je ne fais que transcrire ce qu’il me suggère. Sans cela, je serais mort sans avoir jamais rien fait de créatif dans mon existence. « Comme plein de gens », me direz-vous. Sans doute, mais cette frustration m’a hanté durant 50 ans.

 

Bon, revenons à la remarque de Lalau concernant les vins à côté desquels on « passe » par manque de temps. Il a raison mais c’est un peu la faute des vignerons. Et notre double faute.

 

J’ai beaucoup de respect pour Gaillard, que je connais très bien. Pourtant, je ne l’ai jamais rencontré, mais j’ai souvent bu de ses vins, par contre, là-haut et ici. Ici, ce sont ses collioures. Le blanc Madeloc est constamment exquis, même si Christine a de plus en plus de mal à digérer et à gérer le sulfitage habituel sur cette couleur : moi, je le supporte mieux qu’elle. Je bois donc la majeure partie de la bouteille, au restaurant. En revanche, elle prend alors le volant : a fair deal !

 

Malgré cette estime, lui, comme beaucoup d’entre nous, fait mal son travail. Nous ne sommes même pas foutus de proposer des bouteilles qui sont parfaites à l’ouverture. Pourtant, les colas y arrivent, et les vermouths, et les jus de fruit. Qu’est-ce que c’est que ces professionnels qui exigent de l’amateur un minimum d’effort et – pire encore – de patience ? Même les moteurs diesel démarrent à la première sollicitation, et sans préchauffage, et sans cliquetis. Non, je n’ai pas dit sans odeur, bruit ni autre pollution par les microparticules.

 

Plus sérieusement, je décante – ou en tout cas mets en carafe – TOUS les vins que je sers, même les effervescents. Pour les plus jeunes d’entre eux, cela libère le fruité et ouvre le bouquet. Pour ceux qui sont un peu « passés », cela suffit parfois à leur rendre de la couleur (si si, au bout de 15 à 45 minutes) et, constamment, cela diminue l’impression de « volatile ». Logique, ces composés-là le sont ! Et à quoi cela tient-il ? Je n’en sais rien, sauf évidemment que le potentiel rédox change, d’une part, et que les substances en état « métastable » quittent évidemment la solution à cause des modifications de leur pression partielle une fois qu’elles se retrouvent « à l’air libre », d’autre part.

 

Un paradoxe naît toutefois. Qu’une bouteille légèrement « réduite » s’améliore à l’oxydation, on peut le comprendre. D’ailleurs, les partisans du bouchage hermétique – comme moi – prennent bien soin d’éviter le réduit au moment de la mise. Mais qu’une bouteille déjà légèrement oxydée, comme le sont la majorité des vieux vins ayant subi pendant de longues années les effets pervers de la porosité du liège, s’améliore au contact de l’air, qui peut comprendre cela ?

 

Donc, cher Pierre Gaillard, avouons, moi avec vous, notre double faute. Tout d’abord, nous ne sommes pas capables de mettre en bouteille un vin qui serait à son « top » d’emblée à tous les coups, une fois l’ouverture (débouchage, dévissage ou déclippage suivant les cas) faite. Mais surtout, nous ne sommes pas arrivés à faire comprendre à nos consommateurs, même éclairés comme Hervé, qu’il faut se donner un peu de temps (variable d’une bouteille à l’autre) pour jouir pleinement de ce que nous offrons à la vente.

 

 

Tiens, j’oubliais,

quand Findus® s’invite chez vous,

ne devez-vous pas le décongeler ?

 

 

Légende : moi aussi, il m’a fallu de la patience pour me révéler après l’ouverture de mon conditionnement. Cette photo fut prise le 23 octobre 1982 auprès de « Blanche », une très sympathique patiente du Dr Rongé (à côté de moi) qui me l’a offerte. Elle montre les effets réducteurs du manque d’air. Je me suis beaucoup développé depuis lors ! 

 

 

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