APRÈS LA LUXURE, C’EST L’ORGUEIL QUE JE PRÉFÈRE

Un mauvais garçon près du Malecón, 1988
Un mauvais garçon près du Malecón, 1988

 

 

 

 

 

 

Yousra Dhabhi

tourne sur ma platine

et je viens de

lire CECI.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel rapport, me direz-vous ? Et pourquoi ce titre ?

 

Une partie de mon temps libre consiste à suivre certains blogs, avec assiduité, sévérité et grand intérêt.

 

Celui d’Hervé Lalau, qui le discrédite petit à petit envers tous les annonceurs du monde du vin appartenant à l’agro-alimentaire, le rapproche au contraire chaque jour un peu plus de moi. Nous mourrons tous les deux « honnête homme ». Hervé salue aujourd’hui les efforts de la démocratie tunisienne en possible devenir et  .... boit du pinard phénicien.

 

Gloire à lui et Bismillâh: رحيم بسم الل 

 

L’autre feint de souhaiter mon secours orthographique, après avoir expliqué avec acuité ce que nous constatons tous : (i) le clavier et le traitement de texte nous amènent à écrire trop vite, (ii) nous ne nous relisons pas assez et (iii) on ne peut pas effectuer une relecture totalement efficace à l’écran.

 

Posons en préalable qu’il vaut mieux écrire sans faute. Tout le monde n’est pas d’accord. Il y a des défenseurs du « du moment qu’on vous comprend ». Voilà comment sont nés la « langue américaine » aux Etats-Unis, qui a ensuite donné naissance au rap des crapules, le «parler djeuns » des ados et jeunes adultes de tout le monde francophone – y compris à Anderlecht B -1070 et à Latour-de-France F- 66720, qui a repris tout ce que l’immigration maghrébine avait de grammaticalement défectueux, et le « néerlandais des Pays-Bas », un appauvrissement scandaleux de la riche langue flamande.

 

Donc, mon dogme à moi est le « bien parler » et le « écrire sans faute ». Et si on n’en commet aucune, pas besoin de mettre un « s » à sans faute.

 

Pour cela, il faut connaître les règles orthographiques et grammaticales, et donc les avoir apprises. Un « préalable » indispensable : des profs qui les connaissent eux-même et là, on est loin du compte ! Disons honnêtement que certaines d’entre elles sont inutilement compliquées : « un bel amour » mais « des belles amours ». Voilà un substantif qui change de genre en prenant le pluriel ! « Les musiciennes que j’ai entendues jouer » mais « les musiques que j’ai entendu jouer ». Les premières sont bien sûr le sujet du verbe jouer et les deuxièmes sont complément de celui-ci mais là n’est pas la règle. Celle-ci édicte que « lorsque le pronom relatif se rapporte au p.p., il y a accord » mais que « lorsque le pronom relatif se rapporte à l’infinitif, le p.p. reste invariable ». Exagérément abscons tout cela. Et le pluriel des noms composés, alors ....

 

Donc, il faut simplifier les règles grammaticales idiotes, mais, ensuite, apprendre à les respecter.

 

Et l’orgueil, dans tout cela ? Patience, ça vient !

 

J’écris presque sans faute (sans doute en reste-t-il une de temps en temps, car je n’ose pas écrire « par çi par là » à cause des traits d’union) et « bien » me dit-on souvent. Rien n’est plus faux mais le peu qui est vrai découle de quatre ou cinq étapes : j’étais moyen en dictée, car je n’ai jamais aimé le corps professoral dans son ensemble et ne m'appliquais pas outre mesure. Il ne méritait d’ailleurs pas mon estime, dans son ensemble à nouveau. Par contre, j’ai étudié le grec ancien avec passion et excitation, grâce à feu mes professeur de lycée et grand-père paternel, respectivement Jean Rummens et Edmond Charlier. Ce dernier me servait de répétiteur. Ils m’ont appris à écrire le français, le pratiquant à merveille tous les deux.

 

Alors que je suivais les études cliniques pour un gros labo pharmaceutique, et servais aussi de lien entre la « science » et l’équipe des délégués (des vendeurs en fait, appelés « A.S. » en France), un autre collaborateur qui ne m’appréciait guère - il y en avait pas mal, de ses semblables - m’a avoué qu’il trouvait que mes notes étaient claires et bien rédigées. Il était chargé quant à lui de la formation des nouvelles recrues. Comme le compliment n’était entâché d’aucune flatterie – bien au contraire, il lui avait été pénible – j’ai commencé à penser que l’opinion de mon père à ce sujet était peut-être fausse. Il avait toujours prétendu que je rédigeais très mal. Or, pour les vieux de ma génération, l’opinion d’un père, cela compte. En outre, il avait le verbe et la formule facile, lui, indiscutablement. Il sortait beaucoup de conneries, mais il les disait bien !

 

A peu près à ce moment-là, Philippe Stuyck m’a chargé de relire (oui oui) quasiment toutes les maquettes d’In Vino Veritas avant la parution. Cela n’a été que modérement apprécié par certains contributeurs de papiers, d’autant que, alors que je livrais mes textes originaux gratuitement, on me payait par contre pour cette activité. Et je pense sans fausse modestie que la qualité générale de la forme du magazine s’en est trouvée améliorée. Je garde de cette période une brochette d’ennemis irréductibles. Heureusement certains sont morts à présent, sans que leur décès ne soit lié à nos relations difficiles, je vous rassure.

 

Et, maintenant que je suis en France, je m’aperçois que, oui, j’écris avec beaucoup moins de fautes (au pluriel car s’il y en a « moing’ce », il en reste quelques-unes néanmoing’ce) que de nombreux natifs de l’Hexagone.

 

Pourquoi ? Parce que Gustave Flaubert est mon modèle et non Georges Simenon.

Tous deux avaient infiniment plus de talent que moi, mais le Liégeois rendait des premiers jets quasiment sans rature à ses éditeurs : un vrai génie de la grammaire. Mais l’homme de Rouen, lui, suait sang et eau sur ses copies, les reprenant encore et encore. Et c’est ainsi qu’il est devenu le plus grand prosateur de la langue française ... for ever and ever !

 

Donc, il faut relire ses textes, consulter le dictionnaire, ouvrir les précis de grammaire. C’est ce que je fais. L’alternative vous renvoie à Dante dans le cas contraire : « Lasciate ogni speranza, voi chi scrivete ... ». Notez que le grand Alighieri a écrit ogni (le masculin pluriel) et que la traduction la plus vraisemblable doit être « Abandonnez TOUS l’espoir » et non « Abandonnez tout espoir » comme on le lit souvent.

 

La nuance est intéressante.

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Hervé Lalau (dimanche, 01 septembre 2013 10:08)

    Merci pour la mention. Et tu as évidemment raison, ce qui ce conçoit bien, etc...
    Tu pourrais peut être revenir de temps à autre à tes premières amours et gratifier Ivv de petits points sur ton expérience. Tu sais faire la part des choses, alors pas de risque que ça devienne de l'auto promo...