JE SUIS RESTÉ À QUIA : PAS UN COUAC À COUIZA

Cour d'honneur au crépuscule
Cour d'honneur au crépuscule

 

Vers la mi-août,

la « Festa Majou » du village

voit déferler non pas

des hordes de Huns,

mais bien quelques-uns

qui suffisent à rendre invivable l’atmosphère corneillanaise.

 

 

 

 

Il y a un couple d’années, Christine et moi étions allés nous réfugier pour une nuit au Château de Couiza, un de ses clients portant dans la Haute-Vallée de l’Aude la renommée de notre Maury, notamment. La magie du lieu, magnifiée par l’éclairage romantique de la cour intérieure, avait opéré. Pour l’ambiance, il n’est pas exagéré d’évoquer la Barbacane à l’Hôtel de la Cité (Carcassonne) ou la vue sur Notre-Dame depuis la salle à manger du Quai de la Tournelle (Tour d’Argent). Je n’ai jamais pris de repas dans la Chapelle Sixtine ! A l’époque, la table était plutôt classique, sans accent particulier. Le petit déjeûner, au frais dans la cour intérieure, reste un moment de douceur.

 

Ce très joli château, dont les quatre tours d’angle n’apparaissent qu’une fois abandonnée la route principale du village de Couiza, assez banal il faut l’avouer, a été repris cette année par un couple de restaurateurs aguerris. Ils ambitionnent de donner aux lieux le lustre, ou en tout cas l’excellence, qu’il mérite. J’ai moi-même tenté d’immortaliser le passage de « la Civale » en la pixellisant en compagnie de Monsieur Nourrisson devant une cigale géante en fil de fer, réalisation d’un artiste belge, mais le réglage automatique de l’appareil a dû être trompé par les effets conjugués du pectoral en grenat, discret mais étincelant, par les lumières genre « sodium » aux doux reflets orangés et par le puissant flash électronique. Résultat : une surexposition grave que je n’arrive pas à récupérer. Qu’à cela ne tienne, c’est la cour intérieure que je vous dévoile, au moment où les convives s’installent. Elle fera « salle comble » en ce samedi soir et j’ai profité de l’instant pendant lequel Christine allait se repoudrer pour appuyer sur le déclencheur : elle n’apprécie que moyennement les effets du « fish-eye » sur sa silhouette. Par vengeance, elle me menace de publier des clichés de mon « gros ventre » si je persiste.

 

Au fourneau, Paul Guilhem vous propose au moins trois directions gourmandes : les plats de tradition locale (cassoulet, bourride, tripes à la languedocienne), la cuisine des beaux produits de terroir (agneau catalan, pigeon du Lauragais, lapin ....) et « ce qui vient de l’eau » (truites et poissons des petits artisans pêcheurs, tourteau). En outre, un jeune pâtissier vous montre ce qu’il sait faire.

 

Moi, j’ai jeté mon dévolu sur de la « pluche » de tourteau, comme on dirait chez nous, et ensuite sur le pigeon - l’auriez-vous deviné ? - tendre à souhait. J’ai même goûté au caramel au beurre salé de Christine, après que je m’en fusse tenu à une assiette de fromages locaux (avec une petite excursion vers Bethmale l’ariégeoise quand même), par égard pour mon diabétologue, une fois n’est pas coutume. Quand à la carte des vins, elle fait la part belle au Languedoc, dans les trois couleurs, mais déborde largement sur les régions viticoles traditionnelles en blanc. Je n’ai pas été voir les rouges « d’ailleurs », peu porté que je suis sur la monotonie de la Gironde où la standardisation des bourgognes du négoce.

 

Le service est très attentionné, une partie de l’ancien personnel, très expérimenté, servant de solide ossature à l’équipe en place. La seule chose qui ne soit pas arrivée « unrequested » fut le moulin à poivre : comme il n’en trône pas un sur chaque table, je n’ai pas osé le voler (joke !).

 

Deux choses ont manqué à mon bonheur parfait : un armagnac de derrière les fagots et un D N° 4. Si je me laisse aller au genre de plaisirs que procure une rasade de gentilhomme du bon jus du Gers après un dîner copieux, c’est le palpitant qui me gratifie d’une nuit désagréable. J’y renonce donc de plus en plus souvent. Et les vitoles de Pinar del Rio ponctionneraient un peu trop les liquidités du domaine pour l’instant, sans parler de mes trompes d’Eustache récalcitrantes depuis quelques jours ni des tympans qui me jouent des tours, dommage collatéral et néanmoins bilatéral !

 

Bref, sur l’impulsion de l’instant, nous avons quitté Corneilla en début de soirée et y sommes revenus alors que la nuit était bien avancée, une laie et 7 ou 8 marcassins ayant failli mettre fin à la vie de la calandre avant de la fourgonnette, dans le bas-fond d’Estagel. Mais la semelle de la sandalette de Christine a su enfoncer à temps la pédale du milieu : de justesse !

 

Nous avons passé une soirée mémorable : la douceur du climat, la beauté paisible du château et la qualité des plats, associés à un service toujours empressé mais nullement oppressant me poussent à vous recommander très vivement cette étape.

 

 

Bravo à l’équipe et beaucoup de succès

au nouveau maître des lieux et à son épouse.

 

 

 

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