DE COMMERCE TRÈS AGRÉABLE

Place de la Chevalerie
Place de la Chevalerie

 

 

Du temps

"où c’est que je n’avais

pas le permis",

mais conduisais parfois

un peu quand même,

le Jura constituait une étape sur la route des sports d’hiver.

 

 

 

J’ai eu l’occasion de déplorer certains côtés stricts de mon éducation. Il n’existe pas d’école pour devenir parents, et les miens ont fait « du mieux qu’ils ont pu » avec le talent qu’ils avaient. Je leur en veux encore un peu car cela m’a empoisonné l’existence pendant 45 ans au moins. Mais j’avoue que je ne suis pas du tout certain d’avoir fait mieux qu’eux moi-même, avec leurs petits-enfants !

 

Pourtant, certains côtés avaient du bon : on a appris à se débrouiller très tôt, mon frère et moi, car ils nous lançaient vite dans les « choses de la vie » : voyages en solitaire, démarches administratives, études des langues et ... conduite automobile.

 

C’est ainsi que je me souviens d’avoir parcouru les derniers kilomètres de la route qui mène à Saint-Amour en Jura au volant de la 504 bleu clair familiale, avant mes 18 ans révolus. Je pense qu’un autre Thierry que mon frère nous accompagnait, ami d’enfance qui possédait la particularité de connaître par coeur la majorité des horaires de chemin de fer d’Europe occidentale. Non, il n’était pas autiste.

Salut, Thierry, je te salue affectueusement et vais essayer de trouver ton adresse mail actuelle.

 

Et bien, quarante ans plus tard, c’est une fois encore à l’Hôtel du Commerce que Christine et moi avons fait étape, pour y engloutir le délicieux coq au vin jaune et aux morilles qui fait la gloire de la gastronomie comtoise comme les grandes pendules à balancier font celle de l’artisanat horloger de Besançon.

 

L’établissement a été restauré de fond en comble, tout en gardant son cachet. Les chambres sont spacieuses et la nôtre donnait sur ... ma photo au moment du réveil, moyennement précoce (vers 8 heures) car la table de la veille laissait des traces. Moi qui essaie de bannir beurre, oeufs et crème fraîche de ma cuisine, alors que j’en raffole, là, j’ai été servi. Faut dire qu’on est au pays des gallinacés de la Bresse et de la Montbéliarde, sans même évoquer le savagnin dont je suis friand. Mais mon organisme a éprouvé pas mal de difficultés à absorber tout ce que mes yeux avaient forcé mon ventre à avaler. Je vais même vous avouer qu’il n’y a pas totalement réussi.

 

Mon souvenir nostalgique n’a donc pas été déçu, même si un moment d’irritation matinale du propriétaire n’a pu nous échapper. On nous a signalé, après le repas du soir, que le petit déjeuner serait servi entre 7 h 30’ et 9 h, sans autre commentaire ni sans nous demander si on le prenait. D’ordinaire, Christine avale un café le matin, et ne déjeune pas si c’est avant 10 heures. Son estomac s’y refuse. Moi, j’aime par contre un bon brunch quand c’est possible, mais mon diabète n’aime pas cela. Je n’y cède que rarement.

 

Descendant l’escalier monumental vers 8 h 45’, nous nous sommes retrouvés devant la dernière table dressée, déjà toute prête avec son jus d’orange, les viennoiseries et tout le toutim. J’ai signalé, le teint gris à cause de mon foie chagrin mais avec beaucoup de gentillesse, que ce serait un café et un thé, et puis plus. Un quart d’heure de moue boudeuse s’ensuivit de la part du patron et il a fallu la bonhommie de Christine pour le ramener à des sentiments plus chrétiens et plus ... commerciaux.

 

J’en profite pour y aller de mon petit couplet contre l’organisation des petits déjeuners hôteliers. Je précise que nous avons laissé une belle addition lors du repas de la veille : menu gastronomique, apéritif au vin jaune et une bouteille de Côtes du Jura pur savagnin délicieux mais facturé sans compassion excessive. Ce fut notre seule dépense un peu « large » en 8 jours pleins de voyage.

 

Donc : quand j’étais gosse, le prix du petit déjeuner était inclus dans celui de la chambre d’hôtel, qu’on le prît ou pas. Dans les chambres d’hôtes, c’est encore ainsi de nos jours. Tout d’un coup, il s’est inscrit en sus, sans que le prix de la nuitée ne baisse pour autant. C’était dans les années ’70.

 

Généralement, ce service comprend un petit pain, une viennoiserie (souvent congelée), une boisson chaude et un très mauvais jus d’orange synthétique. On vous le facture entre 6 et 10 euros. Je comprends cela parfaitement, car c’est les frais engagés (vaisselle, personnel de service, amortissement de l’immeuble) que l’on paie. Mais à deux, 20 euros pour cela alors que souvent l’appétit ne le souhaite pas, cela fait cher de la bouchée.

 

Parfois, et au même prix d’ailleurs, vous avez droit à la même chose mais le pain et le croissant sont exquis, les confitures sont « maison » et surtout, le jus d’orange est de qualité (soit pressé sur place, soit venant d’une bonne marque de jus de fruit). Le rapport qualité/prix est alors favorable ... sauf si vous n’avez pas faim. Je connais beaucoup de gens qui ne mangent pas le matin, surtout si le repas de midi se prend 3 heures plus tard au restaurant !

 

Enfin, vous avez les petit-déj’ de style « buffet » avec de la charcuterie, du fromage, du saumon fumé, des macédoines de fruit et tutti quanti. On vous les facture alors en conséquence, jusqu’à 30 euros parfois. Si vous vous levez tard et ne prenez pas de lunch à midi, pourquoi pas. Moi, j’adore cela (le brunch, pas son prix).

 

Donc, je plaide pour un petit déjeuner version frugale compris dans le tarif de la chambre ET un petit déjeuner facultatif facturé en plus pour ceux qui souhaitent la version « gourmande ». Et si vous ne souhaitez rien, on n’a pas à vous « tirer la gueule ». La restauration et l’hôtellerie traversent une passe difficile, liée à la crise. Elle doit veiller à ce qu’elle n’aggrave pas la situation par des mouvements d’humeur. Le client a tous les droits, à deux conditions : qu’il soit poli et qu’il paie l’addition. Je satisfais toujours aux deux.

 

Revenons sur le jus d’orange : il est dé-goû-tant neuf fois sur dix, même dans de très bonnes maisons, alors qu’il est souvent exquis en chambre d’hôtes ! Bien sûr, le « pressé frais » serait idéal mais je comprends qu’il entraîne une main d’oeuvre difficilement envisageable partout, alors que le prix des « oranges à jus » ne pose aucun problème. Mais il existe dans le commerce des jus « pseudo-frais », à conserver réfrigérés, d’excellente qualité. Malheureusement pour mes convictions, la meilleure marque est Tropicana® qui appartient au groupe honni de Pepsi-Cola. Dans la GD, les particuliers paient 3,50 € TTC pour un litre. Je suis sûr que le CHR paierait moins de 2 € HT le litre, chez Metro par exemple. Si on compte large, il y a 12 cl dans un verre de jus matinal, càd 8 clients dans un litre ! Cela fait ...

0,25 cents d’euro. Ce n’est pas trop demander, me semble-t-il.

 

Je ne sais pas si Monseur Raffin voudra encore de moi à l’avenir – je lui envoie copie de ce blog, bien entendu – mais je continue à vous recommander l’adresse : les chambres sont belles et spacieuses, leur prix est raisonnable, on peut demander un box fermé (7 euros) pour la voiture si celle-ci contient de la marchandise de valeur (c’est souvent notre cas), la nourriture est savoureuse et copieuse (comme avant), la carte des vins est peu étendue mais très bien choisie. On s’en fout d’ailleurs, du nombre de références proposées, on ne les boit pas toutes. Mais il faut qu’elles soient toutes de qualité, avec l’accent sur l’aspect local et original. Et le service est attentionné et souriant, la saute d’humeur mise à part.

 

 

Adresse du jour :

Hôtel du Commerce

Place de la Chevalerie

39160 St Amour

                        

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