À MANOSQUE : ENTRE PARMÉNIDE ET CAMUS

En attendant le gigot de Sisteron sur la place Marcel Pagnol
En attendant le gigot de Sisteron sur la place Marcel Pagnol

 

 

 

Sur les traces de

Pagnol

et de

Giono

 

 

 

 

 

Je n’ignore pas le caractère ambigu des prises de position de Jean Giono durant les années du nazisme, ni ses déclarations concernant la question juive. Il n’empêche, lui qui oscillait clairement entre les idées du grand Eléate, survolant ensuite l’héritage de Virgile, pour intégrer enfin la pensée des existentialistes, il nous laisse parmi les plus belles pages du roman français du 20ème siècle, et aussi une leçon de pensée. Sans doute faut-il réanalyser toute sa période « opaque » dans cette optique, d’autant que son activité humanitaire, sans doute salvatrice, au bénéfice d’opposants à Vichy et à l’occupant semble historiquement avérée.

 

Je n’étais plus passé par Manosque depuis quarante ans. La Civale, une autre Ritale à propos, n’y avait jamais mis les pieds. Il se dégage du centre ville entouré de son mur d’enceinte devenu boulevards et où on peut accéder par les deux magnifiques portes du 14ème siècle (Porte Soubeyran et Porte de la Saunerie), une atmosphère de fin de siècle et d’abandon programmé, tandis que de nombreux ouvrages moderno-hideux se développent tout autour et que le complexe de la Vilette, prévu pour 2013-2014, va créer comme une lèpre de plus. La municipalité est aux mains de la droite depuis plus de 50 ans, les maires ayant souvent été des médecins et des vétérinaires par ailleurs. Les bâtiments restaurés et les jolies placettes remises à neuf sont magnifiques, tandis que ceux laissés à l’abandon prédominent. Le « look » des habitants varie d’ailleurs très fort suivant la rue où on circule. C’est Toulon en beaucoup plus petit.

 

L’économie locale était dominée par l’agriculture, et a perdu plus de 50 % de ses exploitations en 20 ans. L’oléiculture ne représente plus que 10 % de ce qu’elle était au début du 20ème siècle. Une centaine d’hectares de vignes sont plantés sur le territoire communal, notamment en appellation Pierrevert. Nous avons d’ailleurs bu un rosé d’AOP au cours du repas pris sous les platanes ... place Marcel Pagnol. Pour le reste, du BTP avec tout ce qu’il entraîne de clientélisme et de magouilles, une fabrique de pizza industrielle, une usine de cosmétiques du groupe l’Occitane, et une centrale hydro-électrique sur la Durance. Enfin, plus de 3000 emplois dans le secteur tertiaire, fonction publique comprise.

 

Ce premier jour de grand beau temps, des animations culturelles aux différents carrefours intra muros, l’ombre des deux romanciers et l’accent qui chante comme en Haute-Provence plutôt que comme dans les banlieues marseillaises, toutes ces choses ont ravivé en moi la nostalgie d’une Provence d’avant, celle du lavandin, de Frédéric Mistral et du Mistral sans aucun prénom qui attise les incendies du côté de la Bastide Neuve.

 

 

« Je songe / et c’est là ma chanson

au temps béni / des premières saisons ... »

 

 

 

 

 

 

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