LA VIGNERONNE A LE COEUR TENDRE

Com va ?
Com va ?

 

 

Il fait un

« temps de gueux »

sur l’Agly,

et sur le Riberal aussi,

depuis des semaines

et des semaines.

 

 

 

Notez que, ma mère étant née à la limite du Westhoek, je me sens chez moi. Pour rappel, c’est dans le couvent de Steenvoorde que la crise iconoclaste contre Marguerite de Parme a débuté. Il est piquant de noter que c’est à Seclin, banlieue de Lille où se tient chaque année une « Foire au Vin » fréquentée principalement par des Belges venus faire la nique à la Loi Evin, qu’une partie de ces opposants, qui avaient pris le nom de « gueux », fut décimée.

 

Bref il a venté et tempêté toute la nuit, pour enfin établir un petit crachin sur le village ce matin. Mon collaborateur – tout nouveau train de pneus arrières sur le tracteur – s’est enfoncé dans sa cabine super-protégée et laboure à la Coume Majou, tout heureux que le vent l’empêche de soufrer. Il va me faire péter les trèfles – première fois en 9 ans qu’on en observe – et le chiendent, après quoi je vais me charger de débroussailler sous le rang, another kettle of fish.

 

En se levant ce matin, la vigneronne – elle aime bien quand je la traite d’Ambassadrice de Coume Majou mais je trouve cela prétentieux – s’est trouvée nez à nez avec un villageois un peu imbibé, reliquat de la veille ou bien imprégnation matinale précoce. Il tenait par la patte un jeune passereau qui se débattait. Le piou-piou, sans doute encore peu expérimenté, avait vu son vol contrarié par une bourrasque et s’était, selon le seul témoin oculaire – mais était-il digne de foi ? – abîmé contre le mur d’une maison voisine. Notre gentil pochtron l’avait recueilli, groggy, et sauvé d’une mort certaine sur le macadam inhospitalier.

 

Il lui répétait : « Com va, com va ? » mais le volatile tardait à le rassurer. Je pense qu’il n’a pas encore appris la deuxième leçon de la Méthode à Mimile :

« Molt bé, gràcies ». Interdit, notre concitoyen a confié le fruit de son sauvetage à Christine, qui me l’a ramené illico presto.

 

Au début, la chose ne pouvait s’appuyer sur la patte droite, gisait volontiers sur le flanc et ses envolées manquaient de détermination. A présent, pain humecté de lait à la rescousse et écuelle pleine d’eau à sa disposition, il reprend des forces au soleil/ombre (suivant l’instant) de l’appui de fenêtre. Il virevolte parfois dans la cage (à rat) et arrive à s’aggripper des deux membres au grillage. Je crois que la convalescence est en bonne voie.

 

J’ai pris quelque licence romanesque avec les détails du récit mais l’essentiel est conforme à la réalité. Christine m’a donné comme ordre – je fais du courrier et range la cave car nous recevons un petit groupe d’amateurs de vin demain – de nourrir le fauve !?!?

 

Bon, il va bien. Et vous ?

 

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Patou (vendredi, 24 mai 2013 11:55)

    Je suis fière de vous, mes vignerons. Bonne convalescence au volatile imprudent...

  • #2

    Luc Charlier (vendredi, 24 mai 2013 11:59)

    Merci.
    A ton avis, combien en faut-il pour faire une brochette ? Le soulot doit encore m’en attrapper quelques-uns !