COLLIAS, UN SECRET BIEN GARD(É)

Sous le soleil de l'été 2006
Sous le soleil de l'été 2006

A peine dix minutes

jusqu’au Pont du Gard

et resté pourtant si secret,

le village de Collias

doit son apparition

au processsus d’incastallamento.

 

 

 

On désigne sous ce terme, surtout dans le Latium mais aussi en Languedoc-Roussillon, la création de villages fortifiés dispersés dans des zones où ne pré-existe pas de chaîne montagneuse, de relief ni de promontoire, comme un fond de vallée par exemple. A Collias, c’est vers l’an mil que la communauté qui y existait voit ce phénomène se produire, la maintenant un peu à l’écart des grands axes de passage. Les seigneurs d’Uzès y établiront leur résidence. Cette maison prit le parti de Raymond de Toulouse contre les Capétiens et la forteresse fut détruite une première fois.

 

Pendant la Guerre de Cent Ans, le roi prescrivit la construction de tourelles d’angle, comme dans beaucoup d’autres cités, déterminant ainsi un castellas.

 

Le bourg développa – poussée démographique oblige – la triade agricole classique de la zone méditerranéenne : les céréales, la vigne et l’olivier. La vigne n’atteignit jamais la gloire : on buvait son vin en famille et on distillait le surplus. En outre, le Rhône est relativement éloigné (transport) et ses vins sont très protégés, ainsi que ceux d’Uzès, sur lesquels l’Evêque veillait jalousement. Cela fait très bien mon affaire.

 

Par contre, l’olivier local, de variété ... coïas bien évidemment, donnera naissance à la picholine, aidé en cela par le développement des activités de transformation (huile et autres) dans tout le district d’Aramon.

 

C’est donc le vin du domaine – nous ne produisons pas d’huile d’olive à l’heure actuelle – que nous sommes allés proposer à Jean-Luc Sauron, le sommelier hors du commun qui gère depuis 15 ans la cave de l’Hostellerie « Le Castellas ». Il faut bien son expérience pour dominer ce trésor – plus de 800 références semble-t-il – et le maintenir à niveau, tout en se faisant complice du chef Jérôme Nutile.

 

Dans un d’établissement de ce niveau, on sait que le sommelier vous accueillera avec professionalisme (ou alors il y a un problème). Mais j’ai écrit « hors du commun » car nous avons immédiatement rencontré une personnalité forte, ouverte, chaleureuse, à la voix franche et qui porte. Il a voulu savoir comment nous envisagions la culture et aussi ce qui nous avait poussé à la démarche qui est celle de Christine. Elle recherche en effet toujours la proximité avec le restaurateur, un style de cuisine résolument inventif et personnel mais pas forcément « branché » ou « révolutionnaire », l’utilisation de produits du terroir faisant aussi la part belle aux légumes. Il y a sans doute des adresses qui nous « passeraient » plus de bouteilles, mais cela n’entre pas dans nos considérations. Nous avons opté résolument pour une relation sereine avec des maisons où nous sommes fiers et heureux d’être présents, dans la durée. Je pense que l’avenir nous donnera raison et que notre modeste notoriété naissante restera synonyme de vins fruités et mûrs, près de leur terroir et à dimension humaine. Bien sûr, cela demande pour l’instant beaucoup de déplacements et de démarches, car il ne suffit pas d’entretenir la relation : Christine contacte en effet au moins une fois par mois la majorité de ses clients, pour obtenir du « retour » (= feed-back) sur nos vins. Mais il faut aussi étendre géographiquement notre zone d’influence, pour porter aux confins du pays d’Oc la bonne parole de Majou.

 

J’ai su très vite que les vins plaisaient au sommelier et nous avons dégusté toute la gamme, devisant pendant une heure environ. Je pense que Jean-Luc a déjà sa petite idée des accords qu’il proposera incessament car nous livrerons dès le mois de juin la quintessence de notre macabeu (Cuvée Civale 2011), idem pour le vieux carignan qui a été fort remarqué (Cuvée La Loute 2011), la Cuvée du Casot 2006 et enfin le Maury (Cuvée Jolo 2010), représentant les grenaches des schistes de l’Agly vendangés à pleine maturité. Rien que des vins typés donc.

 

Vous qui nous lisez régulièrement savez que la situation du domaine, nouvellement installé, et mes obligations à la vigne, ne nous permettent pas de nous attabler tout le temps dans les temples de la gastronomie française. Mais vous savez aussi que le gourmand que je suis n’hésite pas à « se sacrifier » quand c’est possible.

 

 

Moyennant une dose accrue d’insuline ce jour-là,

j’essaie de tester pour vous les plats

susceptibles d’accompagner nos vins.

Je vous en fais alors un récit fidèle : à suivre donc.

 

 

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