AUTOUR DU PONCEAU

Poppies ....
Poppies ....

 

« ... La première fois

                 que je l’ai vue

Elle dormait à moitié nue

Dans la lumière de l’été

Au beau milieu d’un

                  champ de blé

Et sous son corsage blanc

Là où battait son coeur

Le soleil gentiment

Faisait vivre une fleur

Comme un p’tit coquelicot, mon âme .... »

 

 

« Moulou » est né l’année où on a planté la parcelle de la Loute dans les schistes de la Coume Majou. Il portait le même prénom que mon père et ce dernier appréciait ses chansons. Pourtant, le Kabylo-breton était proche de la SFIO, pas vraiment la crèmerie de mon dad !

 

Moi, je ne connais de lui que quelques chansons, son engagement et sa familiarité avec le couple de Beauvoir/Sartre, son goût pour les textes de Prévert et plus tard son amitié avec Nicole Croisille et Régine. J’ai vu sa tombe au Père-Lachaise.

 

Mon esprit d’escalier pense à lui – et à un LP du Pink Floyd – chaque fois que je vois un coquelicot. Dans mon enfance, ils fleurissaient partout. Puis sont apparus les pesticides, dignes héritiers des gaz de combat, « améliorés » par Bayer A.G., Rhône-Poulenc et toute la chimie suisse ou états-unienne. Merci pour nous !

 

Depuis 2-3 ans, ces gentils pavots réapparaissent dans les P.O. : les orangés d’abord, puis les rouges. Je pense réellement qu’ils signent une utilisation en baisse des herbicides et autres produits phyto-délétères. On en rencontre aussi beaucoup dans les autres départements languedociens et en Provence (au sens large, de la Drôme aux Alpes-Maritimes en passant par le Vaucluse et le Var).

 

Or donc, avant-hier, M. Serge Chenet avait eu la gentillesse de réserver une heure de son temps pour Christine. Cet homme très affable – nous allions le découvrir plus tard – , Meilleur Ouvrier de France en 1993, a attendu qu’un employeur à qui il avait apporté le macaron Michelin et à qui il était resté fidèle pendant 19 ans – si j’ai bien retenu, je n’utilise plus mon calepin de journaliste - remette son affaire pour se décider à voler de ses propres ailes, dans les murs d’une coquette bastide de famille, le Mas Bruno. C’est lui qui m’a expliqué avec conviction : « Je savais qu’il faudrait presque qu’on me mette dehors pour que je me décide à avoir ma propre enseigne ». Je connais l’histoire, moi qui ai attendu la cinquantaine pour faire pareil. Mais nous raconterons tout cela une autre fois, et je vous décrirai les lieux, imprégnés d’histoire et des parfums de la garrigue gardoise.

 

Nous étions en avance au rendez-vous et le parking était encore bien occupé, ce qui signe généralement un service qui se prolonge. J’en ai profité pour contourner l’angle de la propriété et aller prendre quelques clichés d’un champ envahi de coquelicots. Comme je portais moi-même un polo d’un rouge vif – genre Lacoste® mais sans le crocodile, le domaine ne dispose pas des liquidités suffisantes et, surtout, je ne suis pas « accro » aux marques – mes acrobaties saugrenues dans les hautes herbes encore humides de la dernière averse attirèrent l’attention de Mme Chenet. Elle vint me demander, un peu surprise de mon manège, si je cherchais quelque chose. Quand je lui ai eu exposé mon double but – attendre l’heure du rendez-vous et prendre une jolie photo – elle fut rassurée quant à mon état mental et nous invita cordialement à rentrer.

 

Je n’ai donc pas le talent d’un rôdeur professionnel, pas la discrétion d’un bandit de grand chemin, ni non plus la souplesse d’un voleur à la roulotte. Je suppose que c’est à cause de mon embonpoint de diabétique.

 

 

Voilà comment votre Léon peut vous offrir cette photo écarlate,

voilà comment Christine a pu présenter nos vins,

voilà comment on n’a pas lâché les chiens à mes trousses,

voilà comment Luc Charlier a pu sauvegarder

pour quelque temps encore sa réputation d’honnête homme ...

 

 

 

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