LE MOINS CONNU DES TROIS

Ch. Léoville Poyferré 1986
Ch. Léoville Poyferré 1986

 

 

 

 

 

 

Mon père buvait

un peu de Bordeaux,

en mise belge.

 

 

 

 

 

 

 

C’est ma grand-mère qui m’a appris à pochtroner. Mais elle buvait peu de Bordeaux, et c’était généralement du Pomerol, dont elle me disait qu’il s’agissait du « Bourgogne de la Gironde », je ne sais trop pourquoi. Sans doute car on le laissait vieillir et qu’il prenait alors ces arômes de vieille feuille de fougère en décomposition – sous-bois disent les gens chics.

 

Mon père « connaissait » le Chasse-Spleen et le Croque-Michotte et le négociant familial –c’est ainsi qu’on appelait à l’époque les importateurs qui faisaient de la mise eux-mêmes (bt de 68 cl) et auxquels les familles étaient généralement fidèles – suivait ces crus de millésime en millésime. Et Juliette avait encore son nez, Brel ne parlait pas encore des folles et la GD ne monopolisait pas le marché.

 

Plus tard, mon frère est parti en stage dans le foyer d’un vétérinaire hennuyer amateur de ... Saint-Julien et qui disposait d’une cave très fournie en exemplaires de cette commune/appellation. Depuis ce moment-là, ils eurent notre préférence à tous deux. Pourtant, même quand j’appartenais à la grande famille des pique-assiettes chère à MM. Dupont et Lalau, je ne me suis jamais rendu chez les Delon, les Barton ni les Cuvelier. Mon intérêt s’est par la suite arrêté de lui-même avec l’arrivée des machines à osmose inverse. Je n’ose pas dire qu’il s’est ... tari : il y a des vilains mots qu’on n’écrit pas.

 

Comme exposé, j’ai acheté du Bordeaux jusqu’en 1986, pour faire simple. Cette bouteille-ci en est un reliquat. Christine m’a dit : - « Cela a vingt ans, a vu du bois et c’est du cabernet ». Hugh, la squaw a bien parlé. Faut dire qu’elle a un bon prof et sait à peu près ce qu’on trouve dans notre cellier perso, qui fond à vue de gosier.

 

Le vin est encore très foncé, limpide.

Le nez offre non pas de la vanille vulgaire, comme avec ces barriques hypertoastées dont les gourous raffolent, mais du tabac brun, du goudronné, de l’empyreumatique discret ... et quand même un peu de cassis et de réglisse.

En bouche, les tannins sont souples, sauf en toute finale. Mais ce vin me manque cruellement de volume quand même: merde, un peu d’alcool en plus, SVP !

Beau vin néanmoins, et on a vidé toute la bouteille sans coup férir.

 

Tiens, vous avez vu : Pochtron 1er est amoureux.

Une petite Balinaise bien mignonne l’a rejoint sur la photo.

 

 

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