MON DEVOIR DE MÉMOIRE À MOI

 

 

 

Il faut

« faire travailler sa mémoire »,

quitte à noyer le poisson

pour assimiler son phophore.

 

 

 

 

 

Once upon a time, et il me semble que cela devait être vers 1997-1998, j’ai laissé traîner sans m’en apercevoir sur le toit de mon véhicule (un break 405 bleu, mais on s’en fout) un agenda relié en cuir faux croco – je l’ai sous les yeux – au moment où je sortais d’une allée vigneronne, quelque part parmi les « perles du vignoble ». Notez que donner ce nom à ses villages relève d’une certaine morgue de la part des habitants desdits bleds, mais passons.

 

Comment avais-je atterri là ?

Et hop, une anecdote maison : la Place Rogier (BXL) venait de faire peau neuve et avait créé en sous-sol, « Les Arcades » je crois, une série de salles pour événements. Un premier salon des vins s’y est tenu et les pauvres exposants ont essuyé les plâtres et ... un ennui mortel. Mes amis Verdaguer, les excellentissimes producteurs des meilleurs Rivesaltes rancio, qui comptent aussi parmi les plus grands vins oxydatifs du monde à mon humble avis, au Domaine de Rancy à Latour-de-France, faisaient partie des courageux inscrits et je les y ai conduits. J’ai ainsi découvert de beaux vins du Jura et un domaine alsacien qui ne figurait pas encore parmi mes favoris ... il y en a tant de bons. Il en existe aussi un océan de quelconques, hélas, mais à 100 hl/ha de rendement moyen, il ne faut pas demander la lune non plus.

 

J’ai acheté un ou deux cartons de sotoloneries jurassiennes et ai fait de même avec des rieslingades haut-rhiniennes, car à l’époque je n’étais pas encore devenu un nouveau pauvre mais un bourgeois moyen nanti. Or donc, peu de temps après, je me trouvais à Mittelwihr, jusqu’à tard le soir, et m’en repartis le coffre chargé.

 

Ce n’est que trois ou quatre semaines plus tard, par un colis postal international, que j’ai récupéré mon agenda – qui contenait toutes mes références téléphoniques, la criiiise ! Son parcours fut singulier : sortie de l’exploitation à reculons, puis engagement sur la départementale, en marche avant cette fois, avec chute de l’objet au bord de la chaussée tout d’abord. Il fut ramassé par un quiddam, honnête puisqu’alsacien, et rapporté chez un gendarme de garde, honnête aussi celui-ci quoique gendarme. Feuilletant ma propriété – on peut être honnête et curieux néanmoins, surtout si on est gendarme – il y découvrit la trace du rendez-vous vigneron, téléphona au domaine et ... on me retrouva. Avec mon accord, on me ré-expédia le précieux calepin. Je l’ai abandonné à nouveau quelques mois plus tard sur le bureau de mes amis Gilg, à Mittelbergheim (Bas-Rhin cette fois), mais il fut plus facile à localiser.

 

Et hier, l’entrée consistait en anchois atlantiques frais. Ceux de Méditerranée atteignent à peine le calibre de 120 par kilos à présent et les « petits métiers » ne font plus cette espèce, même pas à Collioure ou Port-Vendres, qui en vivaient pourtant. Christine les avait filetés, plus habile que moi à ce jeu, et je te les ai mis à mariner : le chef, c’est moi, non mais ! Après 24 h d’huile et de jus de citron, ainsi que quelques aromates, ils ont pris à peine deux minutes de four très chaud sur le dos et une deuxième rasade de jus de citron. Et voilà, c’est prêt.

 

Le riesling du GC Mandelberg, un vignoble classé de 22 ha marno-calcaires à une altitude voisine de 200 m, millésime 1996, a fait merveille. La couleur jaune légèrement dorée (bouchon parfait) trahit un début d’évolution. Le nez est ouvert, floral et citronné, avec un chouia d’hydrocarbures (à peine). En bouche, le volume n’est que moyen mais la finale légèrement amère et très sèche assure un bon équilibre. Excessivement bon vin de gastronomie !

 

Ensuite, j’avais mis au four (20 minutes) deux sars (ou sarres) en papillote, simplement posés sur des asperges tranchées en deux, arrosés d’huile d’olive. Le vin leur fit la fête également.

 

Pour finir, exit la bouteille avec un petit morceau de peccorino un rien trop salé et du pain de froment au levain ... ramené du « Pain Quotidien », Wemmel’s outlet .

 

Domaine Baumann-Zirgel

Mittelwihr

Haut-Rhin

Voir http://www.baumann-zirgel.com/Riesling-Mandelberg-2010.html

 

 

 

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