IL SE PREND POUR POE

 

En quelque sorte, oui, car mes cinq premières nouvelles seraient certainement refusées

par le Philadelphia Saturday Courrier

ou n’importe quel canard moins prestigieux.

Même « l’Indép. » n’en voudrait pas

alors qu’ils y sont indulgents envers les « locaux ».

 

 

 

Au fil de mes chroniques, je me suis découvert – ou en tout cas il m’est apparu sous un jour encore plus éclatant – un goût pour les anecdotes et leur narration. Certains lecteurs assidus pensent même que, dans une autre vie, je me serais essayé au métier de littérateur. Chez moi, une certaine application et la continuité dans l’effort tiennent lieu de talent. Au final, les textes contiennent peu de fautes, expliquent ce qu’ils voulaient exposer et possèdent une logique interne. Le style, par contre .....

 

J’ai donc décidé de vous conter de temps à autre des petits événements vécus, qui pourraient présenter à vos yeux un certain intérêt. Ils ont en outre le mérite de me distraire en les écrivant. Un instantané lointain, revenu à mon souvenir, me conforte dans ce sens.

 

J’officiais jadis – je veux dire je gagnais bien ma vie en essayant de dérober autant d’argent que possible, sous la forme d’un salaire, aux actionnaires – au sein d’une multinationale pharmaceutique, britannique à l’origine. Mon activité m’amusait et je remplissais mes tâches avec zèle et une certaine réussite, même si ma modestie innée (hum hum) souffre à présent de devoir le dire. J’étais amené à écrire beaucoup de textes, notes, billets et, comme c’était le début des « intranets », un certain nombre de collaborateurs figuraient « en copie », comme on dit. L’un d’eux, chargé de la formation des délégués, et qui cependant ne m’aimait guère, me fit remarquer un jour que ces papiers étaient d’un bon niveau.

 

Cela me fit plaisir, je le reconnais, mais je m’inquiétai du piège que cette aménité cachait. Il n’y en avait pas ! Pourtant, tous mes profs de français, et mon père encore plus qu’eux, n’avaient eu de cesse que de critiquer mon style. Pour mon père, il critiquait tout, toujours et tout le temps; cela n’avait donc rien d’extraordinaire. Pour les enseignants, j’étais tellement rebelle et insolent à l’adolescence que leur jugement représentait surtout une revanche inconsciente sur les soucis disciplinaires que je leur causais. Mais j’en avais conçu une espèce d’appréhension envers ma propre prose.

 

Voilà pourquoi, à dater d’aujourd’hui, je vais me permettre

certaines « short stories », au fil de mes envies.

Libre à vous de les zapper.

 

 

 

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