TROIS CENTS ANS APRÈS SA MORT, DIDEROT SE LIT ENCORE

Même en 2013 !
Même en 2013 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Déjà dans un maladroit

billet du 23 décembre (ICI),

je vous disais tout le bonheur

que m’avait procuré la lecture

de « Jacques le Fataliste ».

J’ai remis cela.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Denis Diderot affirmait : « ... Avec de bons mets, ils faut de bons vins, tels que du Cap de Bonne-Espérance, de Malaga, de Chypre, de Madère, et du Clos Vougeot de Bourgogne ... ». Outre que cette phrase, et certainement son denier membre, ferait plaisir à Denis Boireau, mon gondolier de l’Île d’Yeu, elle situe l’encyclopédiste en plein coeur de sa mouvance : un épicurien in hart en nieren.

 

J’ai déjà confessé mon « ratage » scolaire au nivau des Lumières et de tout ce qui tourne autour, que vous appeliez cela Aufklärung ou autrement. Il est manifeste que le germe naquit chez les Britanniques, s’épanouit en France et continua en l’Allemagne – et dans leurs sphères d’influence réciproques – mais bizarrement, ce grand pays de pensée qu’est l’Italie n’y prend pas une part majeure. On m’objectera : et les Verri, Beccaria, Genovesi etc ... ? D’accord, mais qui les a lus et sont-ils de premier plan au niveau « mondial » ? Tout ceci me console de mes propres lacunes : à 16 ou 17 ans, et éduqué dans un milieu libre-penseur où cynisme, scepticisme, taquinerie, insolence, effronterie avaient droit de cité, mes préoccupations étaient ailleurs.

 

Ma crainte présente de voir les tendances à l’obscurantisme refaire surface d’une part, et le battage fait autour de d’Alembert et notre doux Denis à l’occasion de l’anniversaire de la mort de ce dernier d’autre part, m’ont incité à découvrir ces textes et je m’en délecte.

 

J’avais en plus rencontré sur le fleuve Douro, à bord d’une vedette appartenant à la famille Roquette, une très sympathique petite Bretonne qui officiait à l’époque aux côtés de son « pays » Eric Beaumard à la cave du Georges V. J’ai oublié son nom, ce qui est sans importance, mais nous avions ensuite été faire une virée autour du coude de la Moselle à Ürzig (ah, la fricassée d’anguille de rivière au Riesling, en terrasse au bord du fleuve !) et je l’avais initiée .... à l’ambiance des Ersteigerungen de Trèves – qu’alliez-vous croire ? Sans même succomber à mon charme dévastateur, elle m’avait asséné un « Tu parles comme au 18ème siècle » qui m’avait tout d’abord un peu chagriné, puis amené à réfléchir. Elle n’avait pourtant pas ajouté « grave, trop » et elle avait dit « 18ème siècle » comme elle aurait pu dire « dans l’Antiquité » car je ne suis pas sûr de la précision des références littéraires glanées dans les lycées hôteliers d’Ille-et-vilaine. Mais c’est vrai que la lecture de textes de cette période continue de me charmer. Je ne les trouve pas vieillis ; pas eux ...

 

Bon, coupons-là les digressions, que je vous explique pourquoi il faut lire Le Neveu de Rameau . Je ne vais pas vous en faire l’analyse philosophique, de beaux esprits (Schiller, Goethe et Hegel, p.e. et dans l’ordre) s’en sont emparés bien avant moi et je suis sûr que le « Lagarde et Michard » ou ses successeurs en font sûrement leurs choux gras.

 

Le procédé consistant à mélanger les rôles pour un même personnage, si souvent repris, me fascine toujours et rend la lecture plus stimulante : le narrateur est la fois acteur et spectateur, commentateur et, ici, en plus « accoucheur » du caractère de son vis-à-vis. Depuis Socrate, la déesse Maïa nous a fait dire bien des choses !

 

En outre, la musique elle-même est mise en scène et l’éloge du vin n’est pas absent.

 

Enfin, l’utilisation de références contemporaines, comme en sont truffés les romans de Ian Fleming, par exemple, ou d’un Herman Brusselmans ou de Jef Geeraerts, m’amuse toujours par son côté désuet et éphémère.

 

Quant à la construction de ce petit texte en lui-même, même pas 200 pages d’un format de poche, et sa fin inattendue, sans aucune conclusion alors que tant de questions sont posées, toutes sur le motto de « Alors que vous avez tant de talents, pourquoi n’avez-vous rien fait de grand ? », on ne peut que s’en émerveiller. Et puis, toutes ces envolées sur le ton de la pantomine ....

 

Faites-vous plaisir, lisez Diderot.

C’est comme un sketch comique,

comme une chanson paillarde,

comme un sermon de prédicateur à la fois.

J’adore.

 

 

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