LÉON ET SA « PENNA CALAMI »

Le Roc Blanc en début de matinée
Le Roc Blanc en début de matinée

 

 

 

Je cherchais un titre

et aussi mon sujet du jour :

l’un ne va pas sans l’autre.

 

 

 

 

 

 

 

Un mouvement se dessine pour l’instant, qui exhauce tous mes voeux : même le bobo et le « type bien » commencent à s’interroger sur leurs habitudes d’achat en ce qui concerne les denrées alimentaires.

 

Moi, mon désamour envers les grandes surfaces a pris naissance en deux phases : d’abord au tout début des années ’90, quand des amis cavistes – on dit « marchand de vin » ou même « négociant », en Belgique – ont commencé à m’expliquer qu’ils ne voulaient plus vendre de vins provenant de châteaux ou de domaines présents en GD. Et ensuite, alors que notre amie de la Chèvrerie des Chênes, pourtant de 15 ans ma cadette, a réussi la prouesse, à son corps défendant, de totalement recadrer ma personnalité et de me ramener aux valeurs instinctives qui correspondaient à mon moi profond. Je sais, cela en fait rire plus d’un mais c’est une étape importante dans le cheminement de mon caractère. Je ne serais sans doute pas venu à la vigne sans cela.

 

Mais reprenons par le début : ce matin, vers 8 h 35’, José et moi embauchons au Roc Blanc. Sous le banc de nuages qui encombre le vallon, on devine la route qui va de Montner à Estagel. Le plan suivant sur la photo représente la croupe qui s’étend au-dessus de Latour-de-France (cachée) pour filer ensuite au nord vers le Fenouillèdes, laissant les Corbières bien à l’est (à droite, en dehors du cadre). Il fait tout juste au-dessus de zéro mais il n’y a pas de vent et un calme magnifique règne.

 

La batterie de ma cisaille électrique, sans doute un peu en court-circuit après 9 saisons (électrolyse ?), chauffe quand je la recharge et se met en « sécurité » tant que sa température n’est pas redevenue normale. En tout cas, c’est mon explication de non-technicien. Elle refuse alors tout service. Ce fut le cas jusqu’à dix heures environ. Comme je n’aime pas les ciseaux à deux mains, car ils me forcent à me baisser jusqu’au sol pour ramasser les sarments, ce que mon dos ne supporte plus depuis mon accident de chenillard, je taille avec un « gros » sécateur de jardinier très affûté, la main gauche pouvant alors retenir les chutes. Mais la tendinite au poignet droit n’est jamais bien loin.

 

Vous pouvez vous rendre compte de la pente et les vignes, pourtant âgées de 25 ans, ressemblent à des bonzais, au ras du sol. C’est mon vignoble le plus aride, et au rendement le plus misérable. Toutefois, on obtient là des arômes fumés et goudronneux, très sauvages, qui signent ce quartier d’Estagel. Le sol, des gros blocs de schiste et des marnes très compactes, fait mal au travers des semelles et vous vous tordez la cheville à qui mieux mieux.

 

Vers 11 h 50’, je n’en pouvais plus mais nous avions progressé d’au moins 30 ares à nous deux, peut-être 40. José (10 ans de moins et 20 ans de métier en plus) avance significativement plus vite que moi. Il faut dire que j’arrache les séneçons au passage, lui pas.

 

Après un déjeuner ravigorant, des frites à la belge et un filet de cabillaud arrosé d’un trait de jus de citron, la sieste m’emporta « like a log ». Faut bien dire que it had been a hard day’s noon, pour ceux qui ont la même discothèque que moi. A mon réveil, plein de paperasse et de mails à envoyer, puis ce billet.

 

Penna calami, et non pas « penis calamitas » comme le prétendent mes mauvaises copines, désolées de ne pas avoir su me garder, doit s’expliquer étymologiquement. « Être en panne » et enpanner sont des vocables de la marine à voile, signifiant qu’on dispose la voilure de sorte que le vent ne pousse plus le bâtiment, qui donc reste immobile. Par extension, l’automobile a repris l’expression.

 

Les magouilles concernant la composition de la farce des lasagnes vendues par différentes marques de plats cuisinés distribués en grande surface pour la plupart, ont ravivé les consciences des consommateurs français. En outre, « Lor », un symbole dans la biscuiterie et la sucrerie catalanes, après plusieurs années de contrôle judiciaire, a été mise en liquidation par le tribunal du commerce, ce qui suscite un grand émoi ici. D’anciens salariés fustigent la gestion du « fils de l’ancien patron » qui ne serait pas à la hauteur ni un travailleur acharné, mais je pense que cette explication est simpliste. Le président des fabricants de nougats de Montélimar, où l’entreprise avait tenté sans succès de s’installer pour diminuer ses coûts de production, a apporté un commentaire très mesuré sur les antennes ce matin. Selon lui, l’usine nordiste installée par la marque il y a quelques années, afin de fabriquer des biscuits à la cuiller pour la grande distribution, n’a pas pu équilibrer ses comptes et a mangé la trésorerie, peu abondante mais sans déficit, des autres branches de l’activité. Une fois encore, les marges bénéficiaires minuscules accordées par la GD se transforment vite en perte, au moindre incident où à la moindre évolution défavorable d’un des paramètres de la filière (matières premières, transport, financement, autre intervenant ...).

 

Enfin, l’autre jour, parcourant le blog de Vincent Pousson, j’y ai trouvé un plaidoyer pour ne plus aller faire ses courses chez les grands distributeurs qui reprend point par point ma propre conviction.

 

Et voilà donc mon blog du jour. Nous reviendrons régulièrement sur ce point. Je suis conscient que ce type de magasin génère un certain nombre d’emplois (nous les détaillerons), mais il en tue beaucoup plus encore. Je sais aussi que le citadin prétend y gagner du temps. A voir. Et certains avancent l’argument du prix : c’est une contre-vérité et nous le montrerons.

 

 

Ne faites pas vos courses alimentaires en GD :

ce sont les ennemis de l’agriculture raisonnable

- je ne parle pas uniquement des babas cools et autres macrobiotiques -

et ce sont les ennemis de votre alimentation saine, équilibrée et goûteuse.

Mais ce sont aussi les ennemis de votre pouvoir d’achat,

de la survie économique des centres ville

et de l’utilisation de vos jours de détente

(samedi après-midi, dimanche ...).

N’y allez pas !

 

 

 

 

 

 

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