UN RÉCIT FIDÈLE

Quatre éditons, 5 vins retenus sur 5 millésimes en 6 années de parution
Quatre éditons, 5 vins retenus sur 5 millésimes en 6 années de parution

 

 

 

 

Vous avez pu prendre

connaissance ICI de ce

qu’un journaliste spécialisé

pensait de mon arrivée

en France,

l'un des quelques cent

« vignerons » belges

installés dans ce pays.

 

 

 

 

 

 

Je lui avais raconté cette anecdote alors qu’il effectuait un court séjour dans le Roussillon, à l’invitation de notre interprofessionnelle.

 

Avant de vous donner tous les détails de cet épisode, je dois corriger une petite erreur de ma mémoire personnelle. Patrick et moi nous sommes bien rencontrés à Bandol aussi, à une occasion bien particulière. J’avais été récupérer ma fille

– la Loute si vous préférez – du côté de Clermont-Ferrand où elle passait quelques jours, et nous avions visité l’Aubrac, après le Cantal, avant de « descendre » sur le Var. C’était à la Saint-Sylvestre 1999, l’année des tempêtes de neige. Virginie et moi avions effectivement dormi devant la grande cheminée à bois dans la salle de séjour du Galantin, au pied du feu qui crépitait, car la famille Fiévez occupait le gîte à ce moment-là. Dont acte.

 

Or donc, arrivé dans la région le 12 février 2005, pour commencer - tardivement – la taille, j’ai pu disposer de mon actuelle maison, qui jouxte la cave, à partir du 13 juillet. D’emblée, le dolent* du village – lisez le mauvais coucheur – affirma à qui voulait l’entendre que ce ne « serait pas un estranger qui lui apprendrait à faire du vin ». Notez que lui apportait chaque année quelques méchantes bennes de raisin à la coopérative du village, à présent disparue, et n’avait jamais ni vinifié, ni sans doute même goûté aucun autre vin de sa vie que ceux des communes avoisinantes.

 

Or, en même temps que moi je m’établissais parmi ces accueillants covillageois, le Domaine La Beille sortit de terre, utilisant une partie des raisins que la famille Larrère apportait auparavant à la coopérative locale, vinifiés à présent en cave particulière, comme moi, par le sympathique Ashley Hausler, wine-maker australien. Agathe Larrère l’avait « rapporté dans ses bagages » au décours d’un stage chez les kangourous, et il est accessoirement également devenu le père de ses enfants. Nous nous entendons à merveille et ma mère sirotte avec enthousiasme leur Rivesaltes hors d’âge.

 

Nous vinifions donc tous deux notre premier millésime sur place, puis celui de 2006, et envoyons des échantillons au Guide Hachette, le seul organisme à qui je confie les miens, personnellement.

 

Et arrive septembre 2007 : le Guide Hachette 2008 sort sa nouvelle édition, le 7 du mois je crois, alors que je vendange avec ma coll au sommet de la Coume Majou. Et Christine débarque en droite ligne de la librairie, radieuse. Nous avons obtenu trois étoiles pour la Cuvée du Casot 2005, et une étoile pour la Cuvée Miquelet 2005, avec le commentaire : « Le coup de coeur n’est pas loin ! ». Pour l’anecdote, Ashley est aussi récompensé par le guide cette année-là. Dans les villages autour de nous : nada. Donc, les « estrangers » n’ont pas donné de leçon à qui que ce soit, mais leurs vins ont plu au comité de sélection.

 

L’histoire ne s’arrête pas là. Environ au même moment, un charmant garçon répondant au prénom de Jean, né à .... Etterbeek mais de nationalité française, qui n’est autre que le fils de Régis Boucabeille, un négociant audois très connu en Wallonie pour sa gentillesse et la qualité des vins qu’il importe, revient d’Extrême Orient où il travaillait dans la banque et la finance et ... crée une cave particulière à son nom à Corneilla. Il truste à présent les récompenses. Ses vins me plaisent, surtout ses grenaches très mûrs, et nous nous entendons fort bien. Pour être complet, il me rappelle que son père avait lui-même commencé sa carrière comme vigneron dans l'Aude, un département qui a la chance de pouvoir compter sur des récoltes un peu plus substantielles que les nôtres actuellement !

 

Enfin, un dernier énergumène, Noël Lafforgue, remet à neuf avec courage et talent la propriété de son oncle, partie sur Corneilla mais surtout partie sur ... Calce, à l’étranger donc, chez les « Gauby Boys ». Quelle trahison ! En plus, Noël est trompettiste, même s’il a aussi fait des études de viticulture. Et ses vins remportent à présent également les honneurs du Guide.

 

Résultats des comptes : 4 domaines créés à peu près ensemble sur la commune, même si moi je n’y possède aucune vigne, et autant de vins qui sont en train de gagner leurs galons. Dans le Guide 2013, on retrouve des vins des 4 propriétés. En même temps hélas, les milliers de gallons d’excellent Rivesaltes ambré que la coopérative locale savait élaborer ne voient plus le jour ici, absorbés qu’ils sont par la méga-grosse structure qui a éclos à la limite nord du département, presque dans l’Aude, en reprenant les apports d’une armada d’autres caves, en faillite.

 

 

A titre personnel, je le regrette vivement.

Mais cela, on ne peut pas nous le reprocher, à nous, les ... estrangers !

 

 

 

* : pour les amateurs de linguistique parmi vous, le glissement sémantique du « dolent » est intéressant. Il s’agit bien entendu au départ de celui qui a mal (qui présente des douleurs) et donc qui se plaint. Par la suite, il devient celui qui fait souffrir les autres, le méchant. De « patient » il en devient « agaçant ».

 

 

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