DES VOEUX SOUS FORME DE PINOT, DE TRÈS GRAND PINOT

 

 

 

« J’avais envie de faire péter un très bon bouchon avec toi. »

 

 

 

C’est par ces mots qu’on m’a accueilli lundi dernier sur le porche d ’une jolie datcha au coeur même du roman païs. Je n’avais plus vu Olivier – encore un dangereux membre de la confrérie des toubibs amateurs de vin - depuis l’époque où j’animais des soirées de dégustation de vin aux quatres coins de la Belgique, il y a une quinzaine d’années. Je pense même qu’il a dû participer aux séminaires que je donnais régulièrement car il m’a rappelé que j’étais parfois provocateur. Moi, provocateur ?

 

 

C’est au sein d’une tablée regroupant l’essence même des forces vives du Jardin Pairi-Daiza (voir bientôt) autour d’Eric Domb qu’on lui a refilé mes coordonnées. Et cet inconditionnel du vin de Bourgogne a voulu goûter mes grenaches et carignans. On va donc lui montrer ce que maturité veut dire !

 

 

Mais revenons à nos pinots.

Une carafe a bien failli me coûter toute l’estime qu’il me portait, on ne sait pour quelle raison. En effet, son cristal ne parvenait pas à dissimuler une robe incroyablement dense qui m’a fait douter de l’origine du nectar : - « Ce n’est quand même pas du pinot ? » ai-je avancé. Eh bien, si !

Le nez, par contre, m’a enlevé mes doutes : certes, il y a de la barrique, mais sans excès. Les arômes de fruits rouges se poussent au portillon, et de plus en plus à mesure que le vin se réchauffe. On trouve de la framboise et de la fraise des bois, avec de la griotte.

La bouche est ronde, sans aucune aspérité et avec un bon soutien acide. La longueur est impressionnante. Une très belle bouteille !

 

Et là, le piège a commencé. J’avais la réputation de reconnaître assez souvent les vins à l’aveugle. Vu le pochtron que j’étais – jusqu’à 3 bouteilles par jour à un stade de ma vie et parfois 300-400 échantillons par semaine – il n’y a pas grande gloire car c’est uniquement affaire de mémoire gustative et de concentration. J’avais une grande gueule et pouvais focaliser mon attention : toutes les conditions étaient dès lors réunies.

J’ai donc hasardé : - « Côte de Nuits ? ». Et c’était juste.

Enhardi par ce « succès » (une chance sur deux d’avoir bon), je me suis alors lancé dans un : - « Gevrey-Chambertin ? » pathétique.

 

En fait, cet excellentissime flacon était le 2007 d’un certain Arnaud. Nous avons « torché » la bouteille tout en devisant, deux heures durant. J’étais peu « code de la route » pour parcourir les 17 kilomètres me séparant de l’excellent couple de pharmaciens qui m’hébergeaient ce soir-là dans leur havre hennuyer. La pluie tombait, Bob était en congé et la gendarmerie peu présente, heureusement. Je suis arrivé à bon port, la bouche encore tapissée par ce grand vin.

 

Tiens, au passage, je signale qu’il s’appellait Chambertin* !

Merci, Olivier, de ce brillantissime cadeau de retrouvailles.

 

 

* N’ayant pas pris mes loupes ( + 2 dioptries, on a la presbytie qu’on peut), je n’ai pu que deviner l’étiquette mais pense, par recoupement, qu’il s’agit du domaine Mortet.

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Olivier VERROKEN (samedi, 02 février 2013 15:23)

    Hello Luc !

    Suis sincèrement touché par cette marque de sympathie ... infiniment respectueuse.
    Mille mercis !!
    Permets moi de ne pas esquiver cette joie ... !!
    Bonheur subtil aussi de t'avoir revu ... en homme libre, heureux et épanoui ... toujours fidèle à tes convictions.
    Etions nous dans l'intime ?
    Où personne ne se trouvait dans son propre lieu ... ?
    Oui, le Chambertin était bien du Domaine Denis Mortet (Arnaud et Laurence, sa maman, aux commandes)
    Oui, j'ai adoré son nez ... d'une profondeur et d'une complexité affolante (petits fruits rouges avec cerise, réglisse, épices, fumée, amande etc…)
    L'attaque était droite et pure. La bouche était onctueuse, sensuelle, magnifique de grâce et d'élégance et de force maîtrisée (tannins veloutés presque suave sur un boisé parfaitement intégré).
    La finale était éclatante et ... interminable (avec un réglissé en filigrane).
    ;)
    Amitiés
    Oli