UN QUART DE SIÈCLE PLUS TARD

(Photo © X VDG)
(Photo © X VDG)

 

 

 

 

 

Août 1987, j’existais si peu

que je n’étais même pas personne ....

 

 

 

 

 

 

Trustant* à ce moment-là les déceptions et les frustrations professionnelles, j’avais rejoint pour quelques jours mes fils – tout minos - en villégiature à Roses avec leur mère, projetant ensuite de partir en reportage vers le vignoble du Sud-Ouest.

(* = fine allusion)

 

Je venais de rejoindre le département médical bruxellois du géant pharmaceutique anglais Beecham, avant qu’il ne se dévoie de fusion en fusion au point de ne plus être qu’un appendice de la multi-nationale tentaculaire GSK. A l’époque, on me demandait de suivre la gamme des antibiotiques de la société et j’étais en rapport régulier avec un scientifique éblouissant, GN Rollinson, un des quatre chercheurs ayant mis au point l’ampicilline et la majorité des dérivés semi-synthétiques de la pénicilline.

 

Outre un salaire égal à quatre fois mes maigres honoraires de médecin résident en hôpital public, on avait mis un véhicule de fonction à ma disposition. En attendant l’attribution du modèle correspondant à mon « rang » dans la hiérarchie – car c’est ainsi que cela va dans ce milieu et certains en font une affaire d’honneur et de prestige – je roulais dans une Peugeot 504 bleu clair. Voulant faire le malin au sortir du camping à l’allée en terre battue, j’ai mis le gros diesel en crabe et il a terminé sa course contre un arbrisseau, une roue tournant à vide au-dessus du caniveau.

 

Johan, la moitié de la cuveé Jolo, âgé de 3 ans, est rentré expliquer à sa mère que « voiture a fait boum, cassée et roue tourne comme ça ... ». Un garagiste catalan a ressoudé le radiateur d’eau qui fuyait, redressé la calandre et décabossé l’aile arrière, permettant ainsi d’accéder au réservoir à carburant. J’ai continué mon périple avec cette berline défraîchie – j’avais fait un « strike » - mais dont les organes vitaux fonctionnaient parfaitement.

 

En franchissant la frontière hispano-française à hauteur du no man’s land entre Port-Bou et Cerbère, les gabelous espagnols, émules fraîchement sortis du francisme de la guardia civil, ont inspecté avec méfiance ma carrosserie, ce qui a attiré les douaniers français, plus relax. On m’a laissé passer quand même (plaque belge).

 

Et hier, accompagné du mafieux international qui signe cette photo,

c’est devant un poste frontière désert et en lambeaux, tagué,

flairant bon les déjections des rescapés de l’espace Schengen,

que j’ai pris la pose.

Il y a 26 années de souvenirs entre les deux !

 

 

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