LES MAGES DE MAJOU : MON CONTE DE NOËL

Made in "La Cave de Christine"
Made in "La Cave de Christine"

 

 

Nous avons

donc survécu à

l’Apocalypse ... now,

life must go on !

 

 

 

 

 

Il est probable que des rêveurs existent parmi les lecteurs de ce blog, occasionnels ou bien réguliers. J’en connais au moins un et lui se reconnaîtra, car son projet est bien plus immense que le mien et il se balance déjà dans les arbres. Ma famille me trouvait jadis un côté cigale dans lequel je ne me suis jamais reconnu. Je ne sais guère chanter, même si je m’y essaie quelquefois, et la danse est de tous les arts celui dans lequel je suis le plus nul. Par contre, mais ça, c’est le diabète, j’ai souvent des fourmis dans les jambes !

 

Mon rêve est tout doucement en train de s’accomplir. La sémantique étant ce qu’elle est, on appelle « projet » un rêve qui se réalise et plutôt « chimère » un rêve qu’on n’arrive pas à concrétiser. La différence réside d’habitude dans la volonté qu’on y met, d’une part, et surtout la chance, d’autre part. Moi, ma chance, elle tient toute entière en un mot : les AMIS.

 

Il était une fois quelques parcelles de vignes ayant trouvé preneur, contre toute attente. Plus personne n’en voulait, de ces vieux carignans voués aux gémonies, de ces grenaches éloignés de tout sauf de la hure avide du Porcus singularis, de ce maccabeu cryptogamophile.

 

Au début, elles mobilisèrent toute l’énergie de l’illuminé qui se les étaient appropriées. Puis vint le temps d’en vendre le jus. Là, le rêve a commencé à se craqueler. Diable, c’est qu’il faut plus que du courage, de la persévérance et de l’énergie pour y arriver. Il faut un don, et un rien de perfidie. Or, nous avons déjà expliqué dans ces lignes que mon héritage génétique ne comprend pas le codon de la malhonnêteté, caractéristique pourtant voisine de la fibre commerciale.

 

La crise vinicole aidant – mais elle n’est pas seule en cause, il faut raison garder et savoir prendre sa part de la faute – les réalités comptables finirent par ramener à la réalité votre onirique ami. Par trois fois, nous avons craint pour la vie de la Coume Majou. Elle me fait penser – vous voyez l’impact de la famille – à ce lit coronarien qui ne voit plus couler qu’un faible ruisseau, suffisant au bonheur quotidien mais ne garantissant pas contre l’accident impromptu.

 

Et par trois fois, les mages se sont penchés sur la crêche perdue dans les collines de l’Agly. L’Etoile du casot  brillait au firmament, même en plein midi.

 

Bien sûr, il a fallu de l’or.

Ceux qui en avaient n’ont pas hésité à le partager, avec générosité mais surtout avec délicatesse. Ventre affamé n’a sans doute pas d’oreilles, mais un Léon en difficulté garde lui l’ouïe fine .

 

Et il a fallu de l’encens.

De partout, les mages sont accourus pour porter au loin le nom de Majou. Et comme il n’y a pas de fumée sans feu, la flamme vascillante s’est rallumée à chaque fois : « Alléluia, gloire au vin au milieu des cieux ! »

 

Et il a fallu de la myrrhe.

On m’a accueilli, porté, aidé et on a bu le sang de Majou, communiant ainsi sous la seule espèce qui en vaille vraiment la peine, sans aller jusqu’à me laver les pieds ou oindre mon front. Je n’en demandais d’ailleurs pas autant.

 

Je vais tenter l’impossible – entreprise qui m’est coutumière : vous présenter mes mages, par ordre d’apparition dans l’histoire de Majou, qui ne correspond pas toujours à la chronologie de leur apparition dans l’existence de votre serviteur.

 

Avant cela, voici aussi l’Ange du Mal, l’Antéchrist absolu, le Grand Belzébuth, le Angra Mainyu : un organisme de crédit qui aidait jadis les paysans. C’était au temps où Mathusalem avait encore de l’acné et bien avant que l’ouvrage de Moïse ne fût critiqué par mon pote Baruch. « Aie confiance, me dirent-il, nous te soutiendrons. Dépose ici ta cassette, le CAC 40 te le rendra au centuple ».

 

Au début – béréshit bara élohim... – ce sont les amis de toujours qui m’ont porté secours, consilio manuque, de leur clan bruxello-brabançon ou du fin fond du Limbourg. Autour d’eux, en répondant à l’appel que je leur ai lancé après avoir entendu leurs conseils, une nuée de sympathisants ont petit à petit mis en cave du vin de Majou. Celui-ci commençait à sortir de l’anonymat (Presse, Guide Hachette, restaurants gastronomiques, blogs reconnus ....) et eux ont renforcé son coming-out. Ainsi s’acheva le premier épisode de la saga : « Tribunal de grande instance, tu ne m’auras pas ! ».

 

La deuxième fois – je pensais que ce serait la seconde – mes vendangeurs ont dû leur paie à la générosité d’un couple très particulier. Nos existences se sont croisées il y a 25 ans, presque par hasard tant les back-grounds divergeaient. Mais immédiatement, une connivence s’est établie, respectant les zones de non-convergence. Récemment, ils ont été très éprouvés à plusieurs reprises, et ma précarité matérielle a rencontré leur désarroi affectif. Le bavard que j’ai toujours été a trouvé quatre oreilles attentives. Et les bouches discrètes qu’ils possèdent d’habitude ont un peu desserré leurs lèvres pour se confier, en échange. Le hasard (?) les a en plus fait se rapprocher, au moins pendant leurs loisirs, géographiquement de nous. J’ai ainsi appris à ne pas mettre de « é » au mot Luberon.

 

Enfin, c’est la personne de qui j’ai reçu le plus de coups – au propre – et avec qui j’ai mis la poignée au taquet pour enfiler des kilomètres et aussi des miles – vous ne pouvez pas vous figurer combien – qui m’aide à présent à passer un cap difficile car inattendu, mais qui n’entame pas le grand bonheur que génère cette fin du monde – c’était hier : Majou a en effet vendu en 12 mois plus de bouteilles que le volume de la récolte précédente. Bon d’accord, elle n’était pas pléthorique. Encore un petit effort et on sera « dans le bon ».

 

Enfin, en filigrane, le banquier naturel du fils perdu a répondu « présente » chaque fois que c’était possible. Ce n’est pas trafiquer la vérité que d’affirmer que ce soutien bienvenu m’a manqué au début de l’aventure et que son revirement massif a constitué par la suite un appui inestimable.

 

Bon, là je n’ai oublié personne.

 

Comme la plupart de ceux qui ont compté vraiment le savent, et comme ils sont gens de bien, ils détesteraient de voir leur nom apparaître ici, comme sur une colonne du souvenir. Bien plus, si j’en oublie un, il/elle saura que ce n’est pas à dessein et aucun ne m’en tiendra rigueur.

 

Je vais néanmoins me risquer à un florilège :

 

Ciblé d’abord :

Olivier et Eric et Marc et André / Michel et Michèle / Michel et Karyn

Thierry / Monique

Xavier et Marlène / Patou et Denis / Peter et Lucrèce / Denis et Arlette / Yves / Herman et Anna / Alain / un autre Alain / Michel et Raymonde / William et Christine / Marc et Anne / Sophie et « Chouchou » / Guy / Marc et Maaike / Erik / Stéphane / Circé / Michel de Ziguinchor / David / Hervé / José et Françoise ....

 

Mais aussi :

Jacques et d’autres Jacques, Eric (plusieurs), Koen, Pierre (plusieurs), Roger, Armando, Hans, Pascale, d’autres Marc, Natascha, Axel, plusieurs Michel, des Philippe, Stéphane, Pascal, Charles-Louis, d’autres Stéphane, Benjamin ....

 

Un grand merci à tous

et laissez-moi terminer sur une suggestion :

ajoutez votre prénom en commentaire

sous cet article si ma plume vous a oublié,

car je pense que mon souvenir ne vous a pas effacé.

 

 

 

 

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Commentaires: 8
  • #1

    Eric (samedi, 22 décembre 2012 13:04)

    Tu as oublié quelqu'un dans tes remerciements. Renonçant à la voie tracée devant lui, il a emprunté la voie étroite, il a secoué les montagnes, devenant le putschiste de sa destinée. Il a renoncé au travail et choisi l'oeuvre. Et comme le
    pélerin qui se prosterne tous les trois pas sur le chemin qui enserre le Mont Kailash, il remercie tous ceux qui l'ont supporté et ... s'oublie. Merci Luc de nous combler de tes divins breuvages. Avec toute mon affection, eric

  • #2

    Luc Charlier (samedi, 22 décembre 2012 13:14)

    Je ne comprends pas, Eric, ou feins de ne pas comprendre.
    Le Mont Kailash ? Tu me prends pour un adepte du jaïnisme. Oui, je sais, je tente d’avoir mes vins près du Parc d’Anvers et cette engeance-là est en train d’en chasser les diamantaires traditionnels mais quand même ... En ce qui me concerne, la voie étroite ne convient pas au gros ventre que j’arbore : il oblige à en passer par .... le GRAND véhicule, celui des présomptueux et des impatients. Déjà mon ami le vénérable Saburo Inada m’a dit que je faisais fausse route. Mon nirvâna, pour accessible qu’il soit, nécessitera encore bcp d’acquisition de kharmâ. Or, c’est sur le Kamasoutra vineux que je focalise toute mon attention.

  • #3

    andré (samedi, 22 décembre 2012 16:05)

    Chaque fois que nous buvons ton vin, nous te bénissons en réalisant que c'est chaque fois une découverte.
    Marc m'a apporté hier une jolie boite où se prélassait un de mes rêves. Merci pour ce superbe cadeau mais tu devras prendre une piécette au risque de voir se couper le fil de notre amitié

  • #4

    Berthomeau (samedi, 22 décembre 2012 17:43)

    La plus belle découverte de mon blog LUC mes amitiés
    le taulier

  • #5

    Patou (samedi, 22 décembre 2012 18:11)

    Bravo Charlier-Civale!! Nous sommes ravis. Et sachez qu'il n'y aura à table que du Majou pour arroser nos fêtes de fin d'année... Joyeux Noël à tous!

  • #6

    Luc Charlier (samedi, 22 décembre 2012 18:16)

    Si j'ai de la place, on essaiera de ré-éditer Cana pour vous !

  • #7

    peter (dimanche, 23 décembre 2012 21:54)

    beste luc , de dag is nabij dat de echte wijnliefhebbers onder elkaar zullen zeggen : ik ging naar coume majou en ze hebben mij een kist "afgestaan ".

  • #8

    Marc (jeudi, 27 décembre 2012 09:42)

    Nous sommes très heureux de constater que le capitaine garde le cap et que la voile gonfle.
    Le nombre des inconditionnels grossit et, comme l'indique Peter, le temps des pélerinages de foules avides vers "La Coume" s'annonce