INQUIÉTUDES AU CASOT

Casot à la "Coumo d'en Miquelet", été 2006
Casot à la "Coumo d'en Miquelet", été 2006

De 2005 à 2009,

la Cuvée du Casot

a représenté la quintessence des vins du domaine, et l’empreinte imposante des grands grenaches de l’Agly sur ma production.

 

 

Or, le 6 juin 2010, la terrible averse de grêle qui s’est abattue sur le Fenouillèdes est passée par deux fois sur cette vigne : en montant vers Saint-Paul puis en redescendant sur Tautavel, comme une réplique. Arrivé sur les lieux une demi-heure après la fin du déluge, il me restait mes yeux pour pleurer et ... Léon a laissé échapper une larme.

 

Il s’agit d’une vigne mixte lladoner pelut/grenache noir, plantée en 1982 et menée en culture nue jusqu’à ma reprise (2005). Impossible d’y faire monter le chenillard (moins d’un mètre d’écartement dans le sens de la pente et trop de dévers en transversal), refus du muletier d’y travailler avec ses bêtes (harassant) ... donc on débroussaille au Stihl® et pas de labour. La sécheresse des 8 dernières années et l’usage antérieur de désherbant a fini par faire mourir les amandiers et les deux abricotiers du bas de la pente, ainsi qu’un des cyprès.

 

Après la grêle, il ne restait que du persil haché menu sur le sol, et des embryons de sarments. Récolte 2010 = zéro sur cette parcelle.

 

Ensuite, j’ai commis une première erreur, pensant bien faire. J’ai décidé de tailler très tard au printemps 2011 : pour éviter une reprise précoce en cas de gelée, pour laisser à l’engrais le temps de faire son effet et pour ne donner qu’un cycle végétatif court aux ceps en 2011. Tout d’abord, de l’engrais il n’y en a pas eu (restrictions budgétaires) et il n’aurait pas eu l’occasion de pénétrer anyway, car on n’a pas vu la pluie ! Et ensuite, le développement de la végétation fut effectivement retardé, comme je l’espérais, mais il se fit en même temps que la sortie des graminées, d’où compétition pour le peu d’eau disponible. Oh, ne vous imaginez pas une vigne réellement enherbée ! Non, sur nos schistes, ce n’est pas comme cela que ça se passe. Mais quand même, concurrence il y eut.

 

Voyant cela, j’ai préféré sacrifier la petite récolte en faisant tomber les quelques grappes au début de l’été : vendange = zéro en 2011.

 

En 2012, la taille eut lieu en temps et heure mais la sécheresse extrême n’a pas permis le développement de la plante, la floraison a été perturbée et les grappes formées ont peu grossi. On a vendangé en 25 minutes, moins d’un seau par personne !

 

Cette année, si les banquiers me laissent en vie, j’envisage à contrecoeur de déposer au pied de chaque souche une poignée d’engrais minéral (beurk !!!!), et le plus tôt sera le mieux, de tailler très court et relativement tôt et de débroussailler au maximum entre les règes. En outre, mon propriétaire – qui n’est autre que José – et moi entreprendrons avec une aide plus experte de reprendre le toit du casot lui-même, qui menace de s’effondrer. Le pauvre a 30 ans d’existence au moins et les canis (= roseaux) qui soutiennent la couverture de tuiles menacent de rupture.

 

Je tiens à rassurer nos fidèles : nous n’avons pas contemplé les bras balants la déconfiture de notre sommet de gamme. La Loute de Coume Majou, le vieux carignan du domaine, a fourni des cuvées exceptionnelles en 2010, mais encore plus en 2011 et 2012. Cette dernière attend de faire sa fermentation malo-lactique pour l’instant. Enfin, nous avons élaboré un bijou au Roc Blanc en 2011, réalisant un rêve que je nourrissais depuis mon installation ici.

 

 

Espérons que 2013 verra

la renaissance de la Cuvée du Casot,

mise en disponibilité mais pas au tombeau !

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Michel Smith (jeudi, 15 novembre 2012 16:27)

    Tu as raison, Léon : ne jamais baisser les bras...