UN TRIPLE KIMAPLU

Vénétie - Duero - Tarn
Vénétie - Duero - Tarn

  

  

  

  

Pochtron 1er,

roi de Coume Majou,

jette un regard complice

sur mon triple Kimaplu.

 

  

  

  

  

 

1. Sur un balcon, comme à Vérone

 

C’est l’excellentissime François Constand, of INAO fame, qui a attiré mon attention sur un commerce italien nouvellement installé près du Centre du Monde. Notre homme, originaire de Campanie comme le bisaïeul de Christine, propose une gamme réduite de produits de bouche italiens (pâte dentifrice, fil interdentaire, bonbons pour l’haleine etc ....) et nous avons cuit al dente avant-hier des pâtes confectionnées par sa femme dans lesquelles la part de blé dur nous satisfait pleinement. C’est pour leur faire honneur que j’ai sacrifié ma dernière bouteille de Campofiorin, un 1980 qui plus est.

 

Et hop, l’ex-prof au CERIA recommence à pérorer. Il faut en effet expliquer que cette marque, déposée par la magnifique maison Masi de S. Ambrogio, a remis au goût du jour dès 1964 la technique du ripasso. On ajoute à du moût frais, ou en tout cas n’ayant pas fini entièrement sa fermentation alcoolique, des raisins désséchés/passerillés correspondant aux mêmes parcelles. Ceci booste la fermentation, qui repart de plus belle, et donne au vin un surplus de gras, de concentration ... et d’alcool. Les Vénitiens pratiquent à la cave ce que les coteaux de l’Agly me donnent naturellement dans ma « Vigne du Casot » par exemple, où les raisins secs de la vendange relarguent au bout de quelques jours leur surplus de concentration.

Ici, il s’agit des cépages corvina, rondinella et molinara, comme vous l’aviez deviné !

Jadis, ces « super-vénitiens » réclamaient la noble AOP de Vini da Tavola. Maintenant que l’Italie pratique, à la manière du Christ-boulanger, la « multiplication des IGT », il s’agit d’un Rosso del Veronese pour les millésimes plus récents.

 

Le vin, malgré ses 32 années, présente toujours une robe dense, tirant il est vrai sur le roux-orangé. Le nez est ouvert, sans aucune réduction (bouchon bof-bof) mais sans évent non plus : bouquet tertiaire évidemment, mais évoquant irrésistiblement la cerise et la prune. En bouche, la caresse à l’italienne : du gras et de l’acide, du sucré (très peu) et de l’amer. Mamma mia, c’est bon comme un solo de Stefano di Battista et sensuel comme la main droite d’Eric Legnini. Bon d’accord, j’aime bien Ornella Mutti aussi.

 

 

2. Ahora

 

J’ai rencontré Sr. A. Fernandez, Dom Alejandro, lors de l’édition 2009 de Artvinum en Württemberg. On venait de l’opérer de la cataracte, à 80 ans passés, et il nourrissait quelqu’inquiétude. Ma mère était passée par là aussi et j’ai pu le rassurer. En échange, alors que je lui demandais quand boire son Gran Reserva 1986 – j’avais acheté les bouteilles au domaine peu après leur mise – il m’a répondu : « Ahora », tout de suite. Quel bon commerçant !

 

Les jus du tempranillo (tinta del país) se plaisent à merveille dans ce coin de la province de Valladolid et le « Gran Reserva » passe 30 mois dans le bois et doit ensuite encore vieilllir en cave avant de pouvoir se vendre. On ne l’élabore donc que dans les millésimes qui peuvent supporter ce traitement.

 

Notre Pesquera arbore une robe marron foncé et offre des arômes très vineux, avec un rien de volatile et du boisé. En bouche, les tannins ne sont pas encore entièrement assagis – ou bien commencent à sécher un peu – mais Christine fait remarquer à juste titre qu’ils conviennent parfaitement bien à notre plat du jour : des lentilles du Puy (en veux-tu en Velay) avec le traditionnel jarret salé, la boutifare et la ventrêche.

 

Slurp.

Me gusta el Pesquera, me gusta todo ....

 

 

3. Pas un Beerenauslese

 

Non, non, non. Na-na-na-euh, ce n’est pas un BA de riesling.

J’ai eu du mal à faire dire à ma vioque et à la Civale qu’on se trouvait dans le Tarn.

J’ai entendu toutes les bêtises du monde, tellement qu’on se serait cru à Séville !

On m’a dit qu’il s’agissait d’un vin d’Alsace, de Franconie, de Moselle, du Portugal ... seule Papeete m’a été épargnée.

 

Grand Maître Plageoles, votre Ondenc doux de 2001 est un monument : robe vieil or bien brillante, nez explosif évoquant irrésistiblement un riesling de Prädikat très élevé, c’est vrai. Mais en bouche, la poire de coing, la papaye et le miel d’acacia – tout pousse à Gaillac où les arbres à miel sont légion, à côté du cognassier et du papayer – sont tellement présents !

 

Avec quoi l’avons nous dégusté ?

Rien, pour lui-même, juste avec Konrad Junghänel et son luth

qui jouaient des suites de Bach en toile de fond.

  

  

 

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