QUAND ANGOISSE TES SENS AFFOLE, EMPIFFRE-TOI DE FROMAGE DE LAGUIOLE

Perles blanches de l'Aveyron
Perles blanches de l'Aveyron

 

Pour la première fois – autant qu’il me souvienne – ce billet du jour exprimera mon doute, voire même ma perplexité, teintée d’un peu d’angoisse. Comme mon âme sereine feint d’évoluer entre les affects d’un moine bouddhiste à tendance zen et la passion extrême de Siméon le Stylite, c’est mon soma tout entier qui rouspète.

 

 

Je ne vous dresserai pas la liste de ses signes et symptômes mais, après avoir passé la matinée à rédiger le courrier abondant qui tient les promesses faites à nos rencontres des 5 derniers jours, j’ai été pris d’une lassitude énorme – favorisée il est vrai par une température ambiante de 35 degrés au premier étage de mon logis, doublée d’une moiteur intense liée au vent marin – qui m’a conduit au lit jusque 15 heures, terrassé par un sommeil de plomb.

 

Raison de tout cela ? Je ne sais comment appréhender la vendange à venir et ... je flippe.

 

La cave n’est pas prête, même si un jour de rangement suffira pour la rendre fonctionnelle, plus une autre journée pour vérifier le pressoir, la clim et l’égrappoir, préparer les caisses à vendange, les sécateurs et le petit matériel, puis faire la paperasse (déclaration préalable des coupeurs etc ...). Mais là n’est pas l’important. Ce qui compte, ce sont les raisins. Demain, malgré la chaleur et ma fatigue – trop de déplacements depuis 2 mois mais le commerce l’exige – je ferai un tour des vignes à l’exclusion de celles situées sur Maury – avec la loupe (larves d’eudémis), le réfractomètre (plus précis que mes seules papilles) et un calepin pour pallier ma mémoire déficiente. Cela me rassurera ... ou pas. Le manque d’eau est criant, plus marqué qu’en 2009 encore et les baies sont minuscules. La semaine passée, elles ne se dégustaient pas bien. Il est évident que la seule chose raisonnable est d’attendre : soit la pluie viendra, qui nous fera un bien immense mais il faudra savoir postposer encore l’entame ; soit elle ne viendra pas et il faudra vinifier du bout des doigts des raisins extrêmement précieux (coût !) au potentiel énorme. Dur-dur de n’avoir que du haut de gamme comme perspective !

 

Et l’illustration, me direz-vous ?

A mon éveil d’après sieste, n’ayant eu comme toute attention pour ma carcasse aujourd’hui que l’injection matinale d’insuline (lente) qu’elle réclame, j’entrepris de lui accorder toutes ces autres merveilles de la chimie qui la tiennent en vie (sartans, ß-bloqueurs, diurétiques, anti-goutte et autres joyeusetés métaboliques) et ... de la nourrir.

 

Ce fut donc : du pain de campagne venant d’un boulanger perdu au milieu du Razès, croisé sur la route du retour hier soir, une aiguière d’eau minérale non gazeuse et ... deux fromages de Laguiole ( Coopérative Jeune Montagne), affinés 18 mois (lait d’hiver, encore très jeune, clair et peu « piquant ») pour le premier, et seulement 4 mois pour le deuxième, éclatant de fruité et moelleux à souhait.

 

Allez, j’espère qu’un chouia d’hypoglycémie contribuait à ma morosité et que la joie de vous écrire ces quelques lignes m’a remis en selle. Il faudra être « bon » au mois de septembre, d’autant que j’attends des visiteurs-témoins-aides bénévoles de marque et de tout bord, à ne pas décevoir.

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Marc Gosselin (vendredi, 24 août 2012 18:15)

    Courage Luc.
    Tu commences à voir le bout du tunnel!
    Nous avons ouvert voici qq jours un CASOT 2007 qui s'est joué de la chaleur tropicale ambiante avec une facilité qui nous a surpris! Le terroir de schiste n'y est pas pour rien mais je pense que la patte du maître des lieux s'affine. Nous osons désormais rêver d'un vin plus sur le schiste que sur le fruit. Gageons que le vieillissement nous le révèlera et ne doutons pas que le millésime t'en donnera l'occasion.

    Avanti ragazzo.

  • #2

    Luc Charlier (samedi, 25 août 2012 11:57)

    Merci, Marc, cela fait plaisir.
    Le « casot » existe en 5 millésimes, de 2005 à 2009. Il a été grêlé sévèrement en 2010 et ne m’a pas donné de raisins convaincants depuis lors. Il faut dire qu’il n’y avait ni temps ni argent pour lui donner « un coup de fouet », désherbage soigneux à la main, poignée de fumure organique sur chaque pied et ..... surtout de l’eau. Je crains pour sa survie.
    Tu as raison quant au rôle du « sol », au sens de l’écosystème représenté par exposition plein sud – St Paul de Fenouillet – marnes schisteuses sur socle de schiste noir – vigne d’âge (1982, soit déjà 30 ans) – rendement minuscule ...
    Le fruité de la jeunesse, auquel je tiens, cède petit à petit le pas à des arômes plus « terroyants », le cuir, la frigoule, le romarin de garrigue et l’écorce d’orange amère. Mon leitmotiv de « CNP, avec l’élégance en plus » se vérifie chaque jour d’avantage.
    Nous avons dégusté le Casot 2006 à Cahors et à Gramat, avec deux anciens du Taillevent : ils ont adoré tous les deux.
    Je développe à présent un autre assemblage qui me donnent beaucoup de satisfaction : le Roc Blanc. On en reparlera.

  • #3

    s.cadio (mardi, 28 août 2012 13:06)

    Généralement on s'accorde à dire que le "plus réussi", ou le plus "convainquant", à tout le moins le préféré est le 06. Comme je ne fais rien comme tout le monde je persiste et signe : ma préférence va au 08