TOQUÉ

Michaël Youn et Jean Reno
Michaël Youn et Jean Reno

 

Hier, j’étais contrarié, je vous l’ai dit.

Un moment jubilatoire – Christine ne s’est pas endormie devant le DVD, comme à chaque fois que je ramène des croûtes à la con

du style « musée du cinéma » ou « ciné-club du lycée » -

a grandement contribué à faire disparaître cette contrariété.

Elle et moi souhaitons vous faire partager notre plaisir.

Il s’appelle COMME UN CHEF.

 

 

C’est l’histoire d’un mec ..... qui aimerait qu’on le compare à Michel-Ange, alors qu’il est sans doute un génial artisan du goût. Moi, je parle souvent des cuisiniers qui se prennent pour Rodin. C’est assez proche. Notez que les vignerons se prennent parfois pour Paganini. Il y a même un propriétaire de vignobles qui se présente comme « le symphoniste des grands crus ».

 

Notre homme est éminemment sympathique, passionné et entier. Or, le propriétaire du 3 étoiles qui l’emploie, un fils de famille sans doute sorti d’HEC où il a obtenu le brevet par protection familiale, se la joue « manager moderne », speedé et cocaïné, toujours « à la bourre » ou « à la ramasse » et le met sous pression.

 

Une série de gags s’ensuit, tous plus savoureux les uns que les autres. On y dresse notamment un portrait de la cuisine moléculaire qui nous réjouit par ses excès.

 

J’ai aimé, dans le style comico-gastronomique : La Grande Bouffe (avec un Mastroianni époustouflant), Le Grand Restaurant, L’Aile ou la Cuisse, La Cuisine au Beurre ....

Celui-ci est d’une veine différente. Il s’agit plus d’une chronique psychologique, faite de tendresse, d’observation fine du milieu et où l’ironie prend les accents de l’amour.

Je ne sais rien de Daniel Cohen, le réalisateur – je ne suis pas du tout un « cinéphile » et ne fréquente qu’extrêmement rarement les salles obscures, surtout depuis qu’elles sentent le pop-corn ! Mais il me fait irrémédiablement penser, physiquement, à Manuel da Motta Veiga. Et son phrasé (voir le « making of ») est similaire.

 

Qui ?

Ben, mon pote Manuel, quoi.

Vous avez remarqué que l’amitié, ou même simplement la camaraderie, tient une grande place dans les billets de ce blog ... comme dans ma vie.

Manuel, lui, tenait un restaurant d’inspiration brésilienne, le Samambaïa, à Boitsfort. On y mangeait très bien, les produits étaient frais et de première qualité, et la carte des vins sensationnelle. Il faut dire que Manuel avait été l’ami de feu Robert Goffart – le meilleur dégustateur belge et notre maître à tous – et de Christopher, le fantasque patron du restaurant étoilé à la Place de la Chapelle (Bruxelles centre) où Saburo Inada faisait merveille derrière le piano, dans les années ’80. En plus, Carla, la « meuf à Manu » est une femme adorable et elle apportait son punch à la salle aussi, à base de cachaça bien sûr !

 

On s’est liés d’amitié. Pourtant, je ne pense pas qu’il se trouvait du côté des oeillets en 1973 – ancien pilote de rallye automobile, cavalier de dressage sur chevaux lusitaniens, golfeur je crois .... et Carla est issue de la diaspora mozambicaine, rarement des marxistes-léninistes.

Ensuite, certains membres de la famille da Motta Veiga sont passés entre les mains, littéralement, de mes amis A. Domb et M. Domb, père et fils, chirurgiens-barbiers de leur état, ce qui a encore resserré les liens. Je ne parle pas ici des fils de suture.

Puis Manuel a créé et développé le restaurant « Blue Elephant » à Paris, pour le compte d’un financier belge. Ce fut un grand succès dont on le remercia .... en le remerciant dès qu’on n’a plus eu besoin de lui. Manuel a ensuite été consultant pour de multiples tables de prestige.

 

Quel est son talent ? Il connaît parfaitement le vin, possède un charme fou auprès de la clientèle – pas rien que féminine, je vous rassure - et est un grand communicateur (et ce dans plusieurs langues). On m’a même dit qu’il manie correctement le portugais !

En outre, il sait ECOUTER ... quand il se tait lui-même.

 

Manuel me téléphone de temps à autre quand il y pense. Il est même passé me voir il y a cinq ou six ans, trop brièvement. Même qu’il y a encore plein de poils sous le lit de la chambre d'amis : Manuel présente l’abondante pilosité virile des gens du sud, dont nous, d’origine germano-celte, sommes si jaloux. Ça attire les gonzesses !

 

On te kiffe, Manuel, et toi aussi, Carla !

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Best Juicer (mardi, 23 avril 2013 09:31)

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