EN SONGEANT A LA SAINT-PONAISE, QUI ATTEND AU PAYS DU MARRON

Cathédrale St Pons, 26 avril 2008
Cathédrale St Pons, 26 avril 2008

 

 

 

Et oui, 50 ans plus tard, voilà une Marie - (Christine) revenue hanter le parvis de la cathédrale de la bourgade qui la vit venir au monde (voir photo).

Un arrière-grand-père qui possédait des vignes et des oliviers en Campanie a fui les bouleversements du Risorgimento pour venir fonder la carrière de Saint-Pons-de-Thomières,

à l’enseigne Civale,

à la fin du XIXème siècle.

 

 

 

 

 

On m’y a montré la maison de la grand-mère, à la « ville mage » bien entendu, car St-Pons était la partie « chic » et Thomières celle des pauvres avant la fusion des deux quartiers. Ses terrasses et jardins, sur deux niveaux, offrent une belle vue sur la vallée. Au gré des dissensions famiales, le père de la Christine en question finit par renoncer aux activités de carrier dans la Montagne Noire et la famille s’établit plus bas, du côté de Capestang, entre Narbonne et Béziers, mais encore en terre héraultaise. On m’y a montré la maison de l’autre grand-mère.

Enfin, elle regagna le Roussillon pour y croiser à nouveau la vigne : la Saint-Ponaise se mua ainsi en Corneillanaise.

 

Ce préambule me permet de vous conter une de ces anecdotes dont je suis friand.

Souhaitant – quoi de plus normal ? – dénicher au moins un client dans sa ville natale, notre néo-Corneillanaise repéra une table offrant les garanties que nous recherchons pour y proposer nos vins : un vrai chef, qui travaille les produits frais et qui range le vin au rang d’autre chose qu’une « commodité financière ».

Au téléphone, on lui répondit qu’elle avait bien ciblé l’établissement mais que : « Ici, on est chauvin, il n’y a que des vins de l’Hérault ». Nous respectons toujours ce choix – sans l’approuver sans réserve – mais Christine eut quand même la présence d’esprit de demander à son interlocuteur, qui n’était apparemment pas le patron, s’il était né sur place. La réponse fut négative .... et Christine de marquer un net avantage : « Moi bien, fit-elle, dans une maison là-haut ! ».

 

Or, partis depuis 2 jours livrer le Lauragais, puis le Bitterois, avant de monter en Margeride en passant par Millau .... on s’est retrouvé au coeur de l’Aubrac en ayant assisté impuissants au grand exode septentriopète mais aussi méridiopète des vacanciers, pare-chocs contre pare-chocs sur la A75. Je n’avais jamais vu cela !

 

Après un petit coucou à la famille Durand, les couteliers de Laguiole (des vrais, eux), on décida de prendre les chemins de traverse pour rentrer en Riberal. Ce sera Rodez et Requista, puis Lacaune et la Montagne Noire, enfilant alors du nord au sud les petites départementales de l’Aveyron, du Tarn, de l’Hérault et de l’Aude avant de rentrer chez nous. Et patatra, la faim – insulinae injectionis causa pour moi, atavique pour Christine – nous atteint vers La Salvetat. Je pense que c’est la vue des lauzes (lloses) recouvrant les façades qui nous a rappelé les ardoises de charcuterie. On s’arrête donc au Soulié-Bas, lieu improbable où une table gargantuesque vous offre d'ordinaire de pantagruéliques agapes ... quand les propriétaires du lieu le jugent bon. Las, les fenêtres sont ouvertes, les voitures garées devant la porte et un fumet de feu de bois qui couve plâne sur le lieu, mais sans panache aux cheminées, c’est vrai. Je soupçonne la famille d’avoir mis le gigot à la broche sans avoir l’intention de le partager. La porte est de bois et un appel téléphonique prolongé restera sans effet : tancat, comme on dit en catalan normatif.

 

C’est alors que je rappelle à Christine l’anecdote du vin occitan en exclusivité que je viens de vous narrer, espérant que vous vous êtes marrés. Farfouillant dans son calepin, elle y retrouve à l’arraché et les notes et le téléphone.

 

Je n’y vais pas par quatre chemins : on a excellement bien mangé, sur la terrasse et sous les platanes centenaires, à un jet de pierre de « l’hôpital » qui n’en a pourtant jamais été un. Quant à la carte des vins, elle m’a permis d’offrir un verre de ... blanquette de Limoux (vous savez, Limoux, code postal 11300 .... dans l’Hérault) comme apéritif à la Saint-Ponaise. Si on avait voulu, on aurait même pu boire un verre de .... VDN Maury (vous savez, Maury, code postal 66460 .... dans l’Hérault aussi) avec le dessert. Non, à part cel, tous les vins sont locaux, et bien choisis, je le reconnais. Nous avons savouré la cuvée « Les Amandiers » des gens de Cabrerolles, au délicieux parfum de gaz de schiste ..... Plus sérieusement, cette belle bouteille (2011), sans passage sous bois et malo bloquée, assemble roussanne, marsanne, grenache blanc, terret, viognier et bourboulenc en un vin sec aux arômes de fleurs coupées. J’aime.

 

Entre deux paires de chaussures – elle « nique » avec délectation ses semelles sur la petite marche de la terrasse, quelle coquetterie ! – la compagne du chef nous a rapidement expliqué « qu’il y avait eu du changement » sans entrer dans les tenants et aboutissants de cette nouvelle enseigne (reprise en 2010 si j’ai bien saisi). J’oserais dire qu’elle .... prend tout en compte. Quant au chef, nous avons pu constater qu’il est tout jeune en allant lui « toucher la main », comme on dit ici, avant de partir. Or, la maison a déjà tout compris : pas d’esbrouffe, de la qualité, une carte réduite mais variée et TRES originale, contrairement à ce que certains pisseux d’internautes écrivent. Et en plus, le service est gentil et décontracté.

 

Je vais quand même « briefer » Christine

pour qu’elle insiste subtilement

et tente de proposer un vin héraulto-flamand

      le Domaine de la Coume Majou –

 en supplément des 2 autres estrangers déjà présents sur la carte.

On leur fera une contre-étiquette avec l’acte de naissance de la Civale !

 

 

Allez, on va être bons et vous livrer l’adresse du jour : cliquez ICI.

 

 

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