UN JUBILÉ LITTORAL

4 août 2012 (photo © C. Civale)
4 août 2012 (photo © C. Civale)

 

 

 

Vous avez eu le privilège

d'apercevoir notre vioque

sur ce blog,

et à plusieurs reprises.

 

 

 

 

Elle tournait la page de ses 81 ans samedi dernier et mon frère fut facilement convaincu de parcourir les 150 km qui le séparent de la Mer du Nord pour s’attabler avec nous afin de fêter le 82ème anniversaire de la résidente du « Quartier Sénégalais » à Coxyde. Ma compagne eut moins de mérite : nous n’en avons parcouru que 1300 et encore, car il a fallu dépasser cette destination pour atterrir au Hof ter Duinen d’Oostduinkerke.

Je vous avais promis ICI que ce serait fait « binnen afzienbare tijd ».

 

A notre arrivée, le Sancerre était déjà blotti dans son seau à glace mais j’ai raté l’apéro !

Effectivement, j’ai dû faire un petit crochet supplémentaire pour aller récupérer une autre bouteille – oubliée at home dans la précipitation de l’événement. Dommage car il annonçait du gin et du jus d’abricot, entre autres, et cela avait l’air fort appétissant.

 

Mise en bouche exquise, y compris une crème d’artichaut et un curieux mélange de foie gras et de « quelque chose » que j’ai adoré.

 

Mais bon, on n’est pas là pour « s’amuser la gueule » uniquement : il faut aussi manger.

Le chef avait promis des « langoustines britanniques de tout premier choix » et il a menti ... par understatement. Elles furent tout simplement exquises : trois énormes demoiselles de la mer dont la chair n’avait plus le « glacé » ni le « translucide » au centre, mais une consistance comme mousseuse avec un léger « rissolé » en périphérie. Je le soupçonne d’avoir blanchi ou poché les bébêtes d’abord, puis de les avoir saisies à la poêle ; à moins qu’il ne dispose d’une salamandre magique. Quand les crustacés sont de cette qualité-là, on s’intéresse peu à l’accompagnement. Erreur : nous avons eu droit au fumet correspondant, très réduit mais pas trop salé, et à une ou deux pommades (pommes surettes entre autres) avec en sus comme une goutte de gelée d’agrume (cédrat ou citron ou même pamplemousse ou clémentine, je ne sais) pour faire mumuse. Avis unanime : parfait.

 

Ensuite, il faut vous dire que la vioque a un faible pour l’agneau, même si elle est très « poisson ». Or, la bouteille que je voulais lui faire découvrir – mon Roc Blanc (60 % grenache, 40 % carignan, passé 15 vol % d’alcool et 7 hl/ha de rendement) – n’aurait pas fait un accord magnifique sur le turbot, la barbue, la sole ni le Saint-Pierre ! Un carré rosé à souhait, avec deux de ses petites côtelettes servies à part et striées par le grill se combina à des fèves et leur purée, quelques morilles et des croquettes .... dont du riz constituait l’appareil. Le plat était généreusement servi, même si j’en aurais avalé encore deux fois autant, « si délicieux que c’était », comme on dit dans l’Hérault, et « goulafre comme je suis », comme disent mes proches sans indulgence. Notre petit Roc Blanc a fait des heureux.

 

Je passe sur le dessert, car mon diabétologue espionne nos conversations ........ C’était bon.

 

Pourquoi ai-je choisi cette photo-ci ?

 

Elle comporte plein d’indices.

. La chemise bleue plus cravate du Dr. vét. Charlier tout d’abord : le frère de Léon, officier supérieur de la Réserve, affiche un libéralisme de bon ton et aime à s’habiller et à se comporter de manière guindée. Enfin, quand il ne se trimbale pas en guenilles et charentaises en pétant à tout-va. Pauvre famille !

. La main droite de la jubilaire, retenant son avant-bras et suggérant : « Rassure-moi, ce n’est pas fini ; on en aura encore ? »

. La bouteille d’eau à l’avant-plan : de la poudre aux yeux et avec peu de modération.

. Ma propre attitude retenue et contenue, malgré des pommettes bien rouges : Christine et moi avons flâné toute la journée sur la plage entre Coxyde et La Panne et le soleil voilé n’a pas empêché le zonneclach.

. Enfin, la serviette négligement abandonnée en bord de table, symbole d’une situation intermédiaire, non aboutie, avant-goût d’un revenez-y.

 

Plus sérieusement, malgré une salle archi-comble – tant mieux – le service a été impeccable. Jamais un verre vide, jamais un couvert laissé par terre alors que nous avons sans arrêt fait exprès de les laisser choir, jamais une remarque tandis que mon frère entonnait le Horst-Wessel-Lied, Sambre-et-Meuse ou le Leeuw van Vlaanderen, en mélangeant les paroles car il n’est pas sectaire.

Et le sorbet à l’abricot de la vioque était bien surmonté du 8 et du 2 en cire qui correspondaient à l’occasion, tandis que les tables voisines nous gratifiaient d’un « Happy Birthday to You » de circonstance.

J’avoue que, à 82 ans, « Lang zal ze leven » aurait paru sarcastique,

même in de gloria !

 

Merci à l’équipe de salle, merci à la famille Derhille et merci au chef.

Nous n’avons pas été le saluer en cuisine à la fin du service, pensant qu’il avait dû « beaucoup donner » et prenait, à pas loin de minuit, un peu de détente bien méritée .... avant de préparer le buffet du petit déj. des pensionnaires, je suppose.

 

On reviendra ....

Ma mère fait d’ailleurs remarquer qu’il faudra réutiliser

une des deux bougies lors de ses .... 92 ans !

C’est ça les vieux :

elle m’a généreusement subtilisé l’addition au moment de régler

mais elle râle pour un morceau de paraffine !

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Domb Anatole André (samedi, 11 août 2012 12:33)

    La Vioque est une compagne des plus agréables. Pourquoi ne pas garder la bougie pour les 102 ans?

  • #2

    Luc Charlier (dimanche, 12 août 2012 10:29)

    André, j’y avais évidemment pensé, mais c’est MOI qui ne serai plus là à ce moment-là !