SMOKE ON THE TOWER !

Début du "fog": 21 heures
Début du "fog": 21 heures

 

 

 

 

 

 

L’incendie fait rage du côté de Figueres et même sur le Perthus, à moins de 50 km à vol d’oiseau.

Les Français n’ont pas pu aller travailler sur le village frontalier aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous venons de quitter la salle à manger, fraîche car située au rez-de-chaussée, une darne de saumon pochée à la ciboulette et un Forster Ungeheuer 2008 de chez von Bassermann-Jordan. J’ouvre les volets de la chambre de devant, où règne une bizarre odeur et ... je comprends immédiatement :

le vent a tourné au marin et la fumée se dirige doucement vers chez nous.

 

Il est 21 heures, on ne peut pas dire qu’il fait noir dans le village mais l’air n’est plus translucide et les conjonctives rouspètent (les terpènes provenant des pinèdes de l’Empurdà).

 

Je vous prends le cliché que voici – difficile de rendre l’impression mais on voit clairement le voile à l’horizon : diable, 13.000 ha envolés sur les dernières

24 heures (quand même 130 km carrés si je ne m’abuse), cela laisse des suies !

 

Et effectivement, la clock-tower de Corneilla s’orne d’un halo de fumée blanchâtre. Jon Lord me revient à l’esprit : fire in the sky ; ça, j’espère qu’on ne le verra pas.

 

Mes pensées vont vers l’hôpital de Figueres, menacé par les flammes, et les centaines de pompiers qui se battent. Il y aurait eu 39 départs de feu.

 

Qui ?

 

Jean Giono décrivait cela magnifiquement : la sauvagerie des éléments et la furie du mistral. Un siècle plus tard, c’est la tramontane et ... la folie des gens.

 

Folie des forêts où ne broute plus aucune chèvre, ne circule plus aucune brebis, et où les résineux ont remplacé rouvres et autres feuillus.

Folie des milliers de « sans travail » qui touchent une misère pour aller « pointer », alors qu’ils pourraient débroussailler et entretenir fossés, ruisseaux et coupe-feux.

Folie des habitations implantées dans des zones « incendiables » et des villes tentaculaires qui envahissent la garrigue.

Folie des promoteurs qui aménagent les lotissements quelques mois seulement après que les vieux mas aient brûlés, avant même que les dernières brûlures des courageux soldats du feu ne soient complètement cicatrisées.

Folie des maires qui établissent les permis de construire.

Folie enfin de ces vignes de coteau ou de .... coume, comme les miennes, les meilleurs coupe-feu qui soient, qu’on arrache à tour de bras pour faire place aux vignes de plaine, mécanisables et « rentables ».

 

De votre temps, Monsieur Giono, c’était la fatalité.

Maintenant, c’est un choix délibéré de société.

 

On veut aller de Perpignan à Barcelone en 40 minutes, par le TGV, pour aller faire bouffer les sponsors dans les meilleurs restaurants près du Nou Camp, après le match du Barça.

Mais on ne veut pas sauver les Albères et le Llobregat de la carbonisation.

Même qu’il était inutilisable, leur tunnel de merde : plein de fumée.

 

 

 

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