UN SEPTENNAT

Un coin du mystère dévoilé .... 11 rue de l'Eglise
Un coin du mystère dévoilé .... 11 rue de l'Eglise

 

 

 

 

 

Le « Taulier » chez qui je me permets des incursions généralement impertinentes de temps à autre fêtait

ses 85 ans hier.

Moi, je suis présent à Corneilla - près de l’Eglise qui verra ma conversion si, tel un Jean Barois, la vieillesse venait à me faire paniquer devant les angoisses existentielles - depuis SEPT ANS aujourd’hui.

 

 

 

 

Ce furent sept années d’intense jouissance, de stress, de travail acharné, de passion, d’amitiés, d’espérance, d’apprentissage et de lente invasion de ma personnalité par un sentiment qui lui était étranger : la haine !

 

Oh, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas devenu psychopathe et ce n’est pas sur une personne que se cristallise ce sentiment. C’est sur une institution : la banque ; toutes les banques.

D’accord, le côté « Léon » en moi avait des prédispositions pour ne pas trop aimer ce symbole de la finance, de l’arrogance capitaliste et du profit ne reposant que sur des conjonctures et des conjectures, plutôt que sur un travail productif réel. Mais quand même, le système va trop loin maintenant. Et TOUTES les personnes à qui j’en parle, fussent-elles de gauche ou de droite, actives ou retraitées, indépendantes ou salariées, ressentent la même chose.

 

Je ne vais pas tomber dans la sociologie de bas étage, mais que leur reproche-t-on ?

 

Tout d’abord, d’avoir confondu le métier de banquier – respectable ou presque – et celui d’assureur – un mal nécessaire et facile à apprivoiser.

Une banque estime un risque particulier, au cas par cas, le prend ou le refuse et le fait payer. Elle « soutient » ensuite son débiteur, dans un intérêt bien compris, pour qu’il rembourse sa dette et ... en contracte une autre pour son projet suivant. Cela, c’était vrai jusqu’il y a dix ans.

Une assurance range un risque X dans une catégorie standard, sait qu’elle perdra de l’argent dans un pourcentage réduit de cas et pas du tout dans la majorité des autres. Elle calcule sa marge en conséquence. C’est de la statistique.

 

Et bien non, toutes les banques se conduisent exclusivement en assureurs, pour tout.

Elles vous prêtent si vous entrez dans une « catégorie », ne vous soutiennent nullement, vous abandonnent au creux de la vague et surtout, ne cherchent pas du tout à savoir quoi que ce soit de vous : vous êtes un numéro qui doit rentrer dans un schéma, sans aucune adaptation possible.

 

La gestion des comptes perd petit à petit toutes ses facilités. L’agent en face de vous ne remplit plus que quelques rares fonctions, comme par exemple aller débloquer l’automate, qui est devenu votre vrai interlocuteur, quand il coince. On vous colle des amendes, des pénalités, des frais pour tout, sans jamais rétribuer votre dépôt quand vous êtes en positif.

 

Les « responsables » de dossier changent tous les ans – c’est une stratégie volontaire pour qu’aucun lien d’amitié ou de soudoyage n’intervienne.

Ils n’ont aucun pouvoir décisionnaire et sont souvent et très jeunes et très inexpérimentés. Ils servent d’intermédiaire entre « la hiérarchie » (qui peut parfois siéger à Paris, ce grand milieu viticole) et .... votre boîte à lettres.

 

Et surtout : ils ne sont jamais joignables (« heure de table » qui dure 180 minutes, réunions internes pendant les heures ouvrables, 35 heures/sem ramenées à 28 effectives vu qu’on est en France, RTT, congé de grossesse, congé de deuil, congé d’allaitement, 14 juillet, 18 juin, Aïd-el-Khebir, Rosh Ashana, mammographie, écho prostatique, dépistage du cancer colo-rectal .....). Après, ils n’en ont RIEN à cirer, de vous. Ils touchent leur salaire, accumulent des trimestres pour leur retraite et s’en vont chez eux le soir les fesses toutes molles ....  

La haine, vous dis-je !

 

 

Pour le reste, je suis pleinement heureux que ma psy ait pris pour moi

la décision de me faire devenir vigneron – merci Nicole ! -,

que mes enfants l’aient comprise et acceptée, que des amis très chers et quelques autres qui le sont devenus en peu de temps aient eu l’intelligence de me soutenir juste comme il fallait (suffisamment mais sans me déresponsabiliser ni m’assister) au bon moment.

Enfin, je remercie le ciel* de ne pas m’être tombé sur la tête et

que la majorité des personnes qui ont compté dans ma vie

- même si nos relations ont varié au cours du temps en un va-et-vient entre la passion folle et l’irritation, entre le quotidien et l’occasionnel –

sont là derrière moi, toutes : famille, proches, connaissances.

Même mes vieux, qui s’étaient initialement mépris dans les grandes largeurs sur la teneur de mon projet, ont fini par le soutenir.

On n’est riche que de ses amis !

 

Je ne peux terminer sans un petit mot spécial pour Civale ...

sans cela elle va râler !

 

 

l’embetânterik / ambetanterik  (au choix)

 

 

* Le ciel, pour le moment, je crois qu’il n’existe pas. Mais sait-on jamais ?

  Je pensais mon père athée. Ma mère, qui l’a bien connu, dit qu’il était

  agnostique. Est-ce qu’il est possible d’être agnosthée ?

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 7
  • #1

    Berthomeau (vendredi, 13 juillet 2012 12:31)

    LUC,

    Tu sais bien qu'il y a des gens qui t'aiment et j'en suis un ! Fidèle et amical toujours prêt à te donner un coup de main.

    Vous embrasse tous les 2

    Jacques

  • #2

    Luc Charlier (vendredi, 13 juillet 2012 12:46)

    Une amie très chère, cadre supérieur et apprécié dans l’industrie pharmaceutique, qu’on ne peut soupçonner de dérive gauchisante, m’envoie le mail suivant :
    « Salut Luc,
    Voilà, je te confie que nous partageons la même haine pour les banquiers, peut-être pour des raisons différentes. Mais c’est des salauds, je suis bien d’accord.
    Rien de plus hypocrite que le slogan ‘mon banquier mon ami’ !! Sinon, superbe ton site…Cela me donne envie de venir te dire bonjour, de te voir en kilt parmi tes vignes (franchement…j’étais loin de savoir que c’était la tenue qui était de mise)
    Bonne saison !!...et félicitations pour les 7 ans..c’est un cap ! »

    Je la salue et lui répète toute mon estime.

  • #3

    Michel Smith (vendredi, 13 juillet 2012 15:28)

    Les banquiers m'ont essayé et ils m'ont abusé maintes et maintes fois. MAIS JE NE SUIS PAS DUPE ET J'EN SUIS FORT AISE. Et c'est vous qui comptez le plus à mes yeux !

  • #4

    Domb A. (vendredi, 13 juillet 2012 16:15)

    Mon cher Luc,
    Heureusement que tu n'as pas attendu 7 ans pour nous fournir un excellent vin. Quand ma femme est décédée, ma banque avait bloqué tous mes comptes, n'ayant pas d'argent liquide, malgré les années passées chez eux, ils ont refusé la moindre avance; j'ai changé de banque mais ils n'ont pas changé.
    Il n'y a que les vieux qui ne modifient pas leur point de vue, les tiens sont restés jeunes même sur le tard, tu devrais voir comme Monique est fière de son viticulteur.
    Continue à nous donner cet élixir des dieux, mes meilleures amitiés à vous deux

  • #5

    Luc Charlier (vendredi, 13 juillet 2012 17:01)

    Cher André, ce mot me fait du bien.
    J’ignorais l’anecdote du refus de faire à la famille Domb une petite avance en liquide !
    Mon ami vivant au Limbourg, chef des quatre services de Médecine Nucléaire les plus importants de cette province et ce depuis 25 ans maintenant, s’est vu « embêter » par les banques pour le financement de la restauration de deux immeubles de standing dont il avait hérité. Or, il est bien évidemment et solvable et d’une moralité sans tâche. La valeur de ces biens était infiniment supérieure au montant des travaux. On n’y comprend rien !
    Enfin – humour – il faudra que tu me confies l’adresse de ce vigneron que ma mère apprécie tant : j’aimerais découvrir sa production, car elle a d’ordinaire bon goût. On m’a dit qu’elle est allée faire du cheval en Islande avec un gigolo de peu. A son âge, elle devrait prendre moins de risques !

  • #6

    David Cobbold (samedi, 14 juillet 2012 09:50)

    Des nuls, et souvent des incompétents, je suis bien d'accord. A l'heure de la "perfomance" à tous crins, cela m'étonne toujours.

  • #7

    Loute (lundi, 23 juillet 2012 01:40)

    J'aime beaucoup la citation de fin ;)