IT IS MY SAD DUTY INDEED ....

A l'approche du Pas dels Lladres ...
A l'approche du Pas dels Lladres ...

 

 

 

 

Mon père

répétait sans cesse:

 “Qui a dit que cela

devait être juste ? ».

 

Il n’empêche ....

 

 

 

 

 

 

Pierre Piquemal fut sans doute le premier vigneron à m’héberger pour quelque temps dans les P.O., chez lui à Espira de l’Agly. Il vint me chercher à la Llabanère, à la demande du CIVR et « pour le compte » d’In Vino Veritas, à la fin des années ‘90. Une heure après, je rencontrais Annie, sa femme, et quelques instants plus tard nous étions comme des copains de toujours, eux et moi.

 

Quand je décidai de m’installer, quelques 5 ans plus tard, il fut un des premiers (et un des rares) à qui j’ai demandé des conseils. Il m’a regardé droit dans les yeux et m’a répondu qu’il déconseillait presque systématiquement à quiconque de s’installer vigneron à ce moment-là, mais que moi, j’avais l’air si décidé, qu’il reconsidérait sa position. Il m’a par contre prédit beaucoup de difficultés. Il n’a pas eu tort !

 

Par contre, je voulais 6 ha au départ. C’est Guido Jansegers (Ch. Mansenoble), Jean Gardiés et lui qui m’ont convaincu d’en prendre 10 à la place. A posteriori, ils ont eu tort tous les trois ! Mais leur raisonnement tenait la route.

 

Il y a 3-4 ans, on commença à parler du nouveau chai du Domaine Piquemal : magnifique, fonctionnel, plein de panneaux solaires et d’astuces écolo. Il devait couronner l’avènement de la génération suivante : Franck et Marie-Pierre, les enfants du couple. Franck serait l’homme des vinifs et – je le connaissais moins bien – il avait le regard du papa quand il parlait du vin, avec un rien d’inquiétude en plus. Le métier n’est pas facile et il le savait. Je pense que la famille doit gérer pas loin de 100 ha de vignes, et elle le fait plus que bien.

 

Hélas, Pierre et Annie m’ont appris que Franck avait « un truc derrière l’estomac » et il s’en est allé, avec un courage énorme, au bout de plusieurs mois de traitement avec des hauts et des bas. Durant toute cette période, je n’ai jamais eu la force de leur dire combien le pronostic est réservé dans cette affection. Qui suis-je d’une part et pourquoi enlever l’espoir d’autre part ?

 

Nous avons assisté à l’inauguration du chai tout neuf et avons tous admiré le moral du clan Piquemal. Too bad !

 

Et hier, c’est Annie que la profession a enterrée. Elle a succombé en peu de temps au mal qui avait emporté en moins de 6 mois mon regretté prédécesseur au CERIA, Hamilcar Michiels. Moi, c’est d’insuline et de ferments digestifs que cette foutue glande me prive.

 

Tu avais raison, Pierre, c’est dur d’être un néo-vigneron dans l’Agly et le diabète ne facilite pas forcément les choses, même si son traitement ne pose plus trop de problèmes de nos jours.

Mais ce qui t’arrive est sans commune mesure. Ta voix forte et posée, tes solides mains – elles m’ont toujours impressionné – et ton bon sens de terrien intelligent, tu auras besoin de tout cela.

 

Si l’empathie faisait des miracles, cela se saurait et la grotte de Lourdes serait désertée.

Mais au moins l’empathie tente-t-elle d’apporter un peu de réconfort.

On ne peut plus rien pour ceux qui sont partis ... mais on peut penser à ceux qui restent.

 

 

Courage à toi, Pierre

Courage à Marie-Pierre 

Et courage à vos proches ...

 

 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Xavier Erken (mardi, 19 juin 2012 17:34)

    Luc,
    Je n'avais pas le plaisir de le connaître. Mais la façon dont tu en parles, j'ai probablement manqué quelque chose.

  • #2

    Michel Smith (mardi, 19 juin 2012 17:42)

    Adieu Annie... Je pensais venir te voir et goûter quelques vins avec Pierre. J'ai trop trainé. Courage... Je n'aime pas ce mot là, mais je le dis quand même. Je pense à vous, Pierre et Marie-Pierre, et je vous embrasse.

  • #3

    Luc Charlier (mardi, 19 juin 2012 19:20)

    Tu as raison, Michel.
    Courage est le mot qui convient.