KAYAPO : CE SONT LES VIOQUES QUI NOUS FONT LA LEÇON

Les Trois Gorges
Les Trois Gorges

J’ai reçu ce matin un mail qui m’a fait changer le sujet du billet du jour.

Il était signé A.D.,

un des fidèles supporters

de la Coume Majou.

Il nous rappelait le cas du barrage hydro-électrique de Belo Monte.

 

 

Cet « A.D. » fait partie de la tribu des vioques, ayant effectué toutes ses études avec mes parents.

 

Bien plus, c’est lui qui a extirpé de mes entrailles, par une belle matinée de la fin août 1974, un bout d’appendice tout pourri et une grosse louche de sécrétions purulentes. Bon d’accord, il a ensuite sadiquement retiré peu à peu le drain laissé in situ pour permettre la vidange prolongée du côlon de Douglas, centimètre par centrimètre au fil des deux jours qui ont suivi, avant de l’enlever d’un coup sec : aïe ma mère, cela fait aussi mal qu’un accouchement ! On m’a dit qu’on a vendu aux enchères le contenu de la bouteille de Redon : c’était l’époque où les syndicats de médecins essayaient encore de rentabiliser la profession.

C’est lui aussi qui guidait mes mains inexpertes tandis qu’elles exploraient le bide de mon frérot chéri, pour lui faire subir le même sort. J’ai gardé un morceau de son Omentum majus – on dit le grand épiploon en français – en souvenir.

C’est lui enfin, les yeux sur le binoculaire de son Wild, qui a observé en premier les mycéliums de C. albicans et autres flagelles de T. vaginalis qui me donnaient la chatouille quand les vacances académiques eurent enfin laissé la voie libre à quelques bonnes fortunes amoureuses.

 

Belo Monte donc.

 

Il s’agit d’un barrage hydro-électrique devant submerger 400.000 hectares de forêt amazonienne, chassant par la même occasion de la terre de leurs ancêtres quelques dizaines de milliers d’autochtones de la tribu des Kayapo.

 

Je sais que Mao avait déjà songé à un projet similaire en 1949 sur le Yangtsé, mais la raison officielle était d’endiguer – c’est le cas de le dire – des inondations substantielles et répétées (30.000 morts en 1954 tout de même !).

Actuellement, ce fameux « Barrage des Trois Gorges » détermine un réservoir de retenue de 1.000 km2 (donc un quart seulement de celui prévu au Brésil) et entraîne le déplacement d’1,8 millions de Chinois : la Chine est plus peuplée que la forêt amazonienne.

 

Je sais que je ne veux plus de nucléaire (sauf en micro-quantités à des fins médicales), que je ne suis pas partisan des parcs éoliens terrestres et qu’il faut quand même que nous trouvions quelque part l’énergie qui permettra à l’activité de milliards d’êtres humains de perdurer. Là n’est pas le débat du jour.  

 

Je veux simplement illustrer le fait que les interrogations à type écologique ne sont plus le seul fait de baba-cools, de scientifiques nébuleux, de révoltés néo-gaucho-anarcho-rebello-fouteur de merdistes – j’en fais partie – ou de doux rêveurs.

 

Notre A.D., qui ne nourrit aucune sympathie gauchisante, est un homme cultivé, chirurgien de formation et sans aucune rancune envers quelque société que ce soit. La seule haine que je lui connaisse – et je la partage au même degré – s’adresse au fascisme sous toutes ses formes et sa seule intolérance est dirigée contre la bêtise. Mais celle-ci se manifeste dans le calme car c'est un homme posé.

 

 

Oui, anthropoïdes de tous pays, interrogeons-nous sur les formes

 d’énergie à venir mais aussi sur les moyens d’en utiliser moins :

dénatalité obligatoire et décroissance,

même si le capitalisme historique voit disparaître ainsi

ses seuls espoirs de survie.

 

 

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