LES LAPINS ET LA TORTUE

 

Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

Une mangeuse de salade et deux Jeannot Lapin en portent témoignage.
Parions, dit notre amie, que vous serez encore loin
Tandis que moi, déjà, je rentrerai au garage.
Et sur ce, elle repartit brouter.  

 

Ma petite mère, firent nos léporidés,
Vous avez fumé bien trop de boutons d’or.
A force de flipper, vous délirez encore.
Mais un pari fut vite organisé entre eux

Dont on s’empressa de préciser l’enjeu.
De son montant, nous n’avons rien à faire,
Ni d’ailleurs de savoir comment on y parvint.

 

Non loin de là, pour un déjeuner d’affaires
S’installent quatre élégants, comme « sur leur Trentin ».
Ils commandent du homard, puis une truite aux amandes
Et même paraît-il une poularde des Landes,
Ayant, semble-t-il, tout le temps pour manger,
et même de s’assoupir après avoir dîné.

Au fond de la cuisine, on dessale la morue
Prépare le fumet et fait dorer le beurre,
Car faisant de son mieux le chef s'évertue,
à concentrer les sucs, à sublimer les saveurs.

 

Les quatre cependant ne songent plus qu’à boire
Tenant ce bon repas presque comme dérisoire.
Devant leur fatuité et leur manque de coeur
Le patron des fourneaux n’en peut plus et explose :
Il va donc les régaler avec tout autre chose !
Il occit l’amphibien sans qu’il puisse dire merci.

Lui laissant juste le temps de rejoindre la soupière.

Et deux paires d’oreilles deviennent vite salmis.

 

A table, ce n’est pas la tortue qui arriva la première ....

Eh bien, cria Pao, n’avais-je pas raison ?
Qu’on ait tout le temps, ou bien que cela presse,

On mange toujours bien, avec délicatesse

Lorsqu’on pousse la porte de La Petite Maison.

 

 

Ce fabliau maladroit m’a été soufflé hier par la photo de jardin

prise depuis la terrasse du restaurant « La Petite Maison »

à Lorp-Sentaraille, chez le chef Pao Magny