RUMINONS DE SOMBRES PENSÉES

 

 

 

 

J’ai évoqué la tristesse de notre chèvrière préférée dans un blog précédent (voir ICI) :

 

 

« .... Il voulut tout revoir, l'étang près de la source,

La masure où l'aumône avait vidé leur bourse,

Le vieux frêne plié,

Les retraites d'amour au fond des bois perdues,

L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues

Avaient tout oublié !

 

Il chercha le jardin, la maison isolée,

La grille d'où l'oeil plonge en une oblique allée,

Les vergers en talus.

Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre,

Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre

Des jours qui ne sont plus ! ... »

 

 

 

 

Je pense que la demoiselle à autre chose à faire que de consulter sans fin mes pauvres petits billets indigents et que celui-ci ne retournera pas le fer dans la plaie, ni même la langue de biquette contre l’écorce !

 

L’illustration vous montre le résultat de deux faits successifs, presque concomitants et ô combien déprimants, presques des révulsifs. Il faut que

1. le troupeau des biquettes quittent leur pacage habituel pour une prairie plus verte

et

2. la porte du jardinet soit entrouverte ou en tout cas « qu’on aura dû la fermer mal » comme la cage du puissant gorille.

 

Le petit jardin privatif (comme l’alpha) se montrait tout fier de ses fruitiers –

j’avais lu sur les étiquettes jaunes : pruneau d’Agen, abricot, cerise bigareau,

reine-claude, pomme (pom-pom-pom) .... – de ses aubépines, géraniums, pivoines, rosiers grimpants. Las, c’est le caillé maintenant qui contiendra leurs effluves.

 

On compatit, Alison. On pleure sur ton verger ainsi avorté. On regrette surtout le report sine die de nos futures diarrhées :

 

" ... D'autres auront nos champs, nos sentiers, ......

..............................................................................

D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes,

Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !

 

Quoi donc ! c'est vainement qu'ici ......................

Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris

Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes !

L'impassible nature a déjà tout repris.

 

Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres,

Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons,

Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ?

Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?... »

 

(V. Hugo, Les Rayons et les Ombres, XXXIV)

 

 

 

Salopiaud de Totor, qui dit si bien nos tristesses

Traduit parfaitement nos émois et même notre détresse

Si jamais un jour pleurer longtemps il me faut

C’est sûrement à lui que je penserai, à son vil Olympio ....

 

 

 

 

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