UN P’TIT DERNIER POUR AUJOURD’HUI

 

Deux personnes âgées ont pris le menu à 14 euros d’un restaurant du site historique de Verdun. Ils discutent à voix basse, l’accent rugueux et comme une lassitude dans le ton.

 

 

On perçoit beaucoup de tendresse dans leurs propos et une grande émotion. Une larme finit par inonder l’angle de l’oeil droit du patriarche.

Intrigué, le garçon de salle se rapproche :

- « Cela ne va pas, Monsieur ? »

- « Si si, réplique la dame, mais ... son père a péri ici et lui-même s’est battu avec son régiment dans la région lors du second conflit ».

  

Le repas se poursuit et le vieux sanglote à chaudes larmes. Il transforme en « vin d’oiseau » le verre de rouge inclus dans la formule.

Sur ces entrefaites, le garçon revient de la cuisine et annonce, l’air bonhomme, que le chef a décidé d’offrir le repas au vétéran, pour adoucir sa peine. Celui-ci sèche ses yeux d’un revers de manche, relève la tête et dit tout simplement :

 

-         « Danke schön ! ».

 

 

 

Au-delà de ma conviction que, si on ne peut évidemment PAS tout faire, on peut tout dire et rire de tout, je précise que le côté cynique de cette plaisanterie ne traduit nullement un manque de respect pour la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour une cause à laquelle ils croyaient. J’ai encore plus de respect envers tous ceux à qui on a arraché une vie qu’ils ne voulaient pas perdre pour un idéal qui n’était pas le leur.

Je salue humblement leurs familles.

 Mais ils y en avaient sans doute autant des deux côtés. Et la majorité de ceux qui sont tombés étaient enfants du peuple, ouvriers, petits artisans ... allemands aussi bien que français. Honte sur la hiérarchie militaire, honte sur les gouvernements qui ont organisé cette boucherie. Le seul sang impur qu’on n’a pas rencontré dans les sillons fut celui des généraux et maréchaux, des Feldmarschalk ou du Kaiser.

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Charlier (samedi, 21 avril 2012 10:48)

    T'ecouterais pas "Les grosses têtes" lors de tes périples en voiture
    ?

  • #2

    Luc Charlier (dimanche, 22 avril 2012 11:51)

    Le personnage de Bouvard me déplaît profondément mais on doit lui reconnaître un sens de l’humour exacerbé, une grande culture (franco-française exclusivement + un saupoudrage de littérature anglo-saxonne) et le talent de s’entourer de gens qui en ont aussi. Les « Grosses Têtes » me faisaient rire aux éclats jadis, sauf quand il s’agissait des gauloiseries machistes traditionnelles genre Balutin ou des jérémiades de la Birkin ou de la Laforêt. Actuellement, la réception des ondes courtes nationales sur les autoroutes étant tellement mauvaise – brouillée au profit des stations publicitaires locales – je ne capte que rarement « Madame RTL ».
    Non, cette plaisanterie-ci est signée André Desmul.