QU’EST-CE QUE JE VOUS AVAIS DIT ?

Viens, on s'en va. Il faut encore en trouver d'autres.
Viens, on s'en va. Il faut encore en trouver d'autres.

 

Acte premier : où l’on cadre le sujet

 

Christine est rentrée victorieuse de sa troisième tournée lozérienne. Je m’en doutais : la contrée est magnifique et ce département – le moins peuplé de toute la France – accueille des endroits de villégiature idylliques et possède une tradition gastronomique évidente. Nous y avons depuis une semaine une bonne demi-douzaine de nouveaux clients, et tous ont voulu référencer notre blanc, et souvent un peu de rosé également ! C’est un comble, moi qui suis venu dans le Roussillon pour produire de grands vins rouges tanniques ....

 

Cele m’incite à savoir la raison de cet engouement pour les couleurs pâles.

Les miens, de pâles, ne le sont d’ailleurs pas trop et leurs prix ne sont pas inférieurs à ceux de nos vins rouges : ils sont élaborés avec des raisins du même niveau de qualité et leur rendement est bas également. Il faut donc chercher ailleurs.

 

Pour le rosé, on nous dit – ce n’est pas une enquête IFOS/BVA/Gall-up machin-chouette, simplement un « retour » venant du terrain – qu’on aime ses arômes fruités (tiens, tiens), l’absence de « bonbon anglais » ou de banane au nez, sa légèreté, l’inexistence tannique et la fraîcheur. Moi, je traduis cela par : les yeux fermés, on croit que c’est un vin blanc.

 

Pour le blanc, l’histoire est tout autre. Certains affirment : on en a marre du viognier et du chardonnay. Je ne suis pas d’acord avec eux : il existe des grands viogniers dans le sud, purs ou en assemblage. Et il est de splendides chardonnays - allez voir du côté de Limoux. Ce dont les amateurs ne veulent plus, ce sont les vins pommadés, boisés à outrance ou bien gardant une bonne dose de sucre pour tenter de masquer leur amertume. Et on en rencontre de plus en plus. Flatteurs à la dégustation prout-prout, ils s’avachissent immédiatement à table, sur le repas.

 

Je vais vous dire un secret : mes vins pâles sont élaborés avec des raisins sains vendangés en caissette, en les protégeant raisonnablement de l’oxygène, à température moyennement basse, sans ouvrir trop souvent le chapeau, en essayant de ne pas voir la fermentation malo-lactique se produire, en ne collant pas ou très peu, et en mettant en bouteille tôt. Allez voir ailleurs certaines « bennes » à vendange, ou ce qui sort des machines à vendanger : là réside la différence. Bref, il n’y a pas de secret.

 

 

Deuxième acte : où on développe un point qui nous tient à coeur

 

Beaucoup des néo-clients de Christine ont aussi voulu de la Cuvée Miquelet 2005.

Ce vin fut mis en bouteille en novembre 2006, plus tard que mes autres 2005, pour des raisons techniques. Et ses tannins étaient un peu durs au début. Actuellement, après presque 6 ans de bouteille passés à Corneilla - par exception car normalement tout est stocké dans un entrepôt climatisé à Rivesaltes – il a atteint un niveau d’évolution très intéressant : la robe est toujours dense, le nez s’ouvre sur une note fraîche (portée par son CO2 captif) qui s’améliore encore à l’aération et la bouche est suave. Par contre, vous aurez un solide dépôt tartrique dans chaque bouteille, et parfois au niveau de la capsule. No big deal.

 

Je pense que ceci répond à toute une série de questions :

. oui, le fruité des grenaches de ce vignoble à Saint-Paul où je prélève aussi mes raisins pour le VDN (Clots d’en Couloms et Coumo de Miquelet) persiste dans le temps

. oui, l’évolution de ce type de vin rouge en capsule à vis est très satisfaisante, même dans une cave dont la constance thermique n’est pas idéalement assurée

. oui, les dégustateurs du Guide Hachette ont fait un bon travail en le récompensant, au-delà des aspects un peu rudes de sa jeunesse (échantillons dégustés en février 2007, pour le Guide 2008)

. oui, le nombre important de sommeliers qui le sélectionnent pour le moment connaissent leur boulot

. oui, les vins de l’Agly vieillissent bien

. oui, il est possible de vendanger à maturité élevée tout en gardant la fraîcheur

 

 

Acte troisième : où j’en viens enfin au vif du sujet

 

Comme je l’avais anticipé, Christine m’a dit tout de go, à la lecture de mon billet du 10 avril (voir ICI) :

- « Tu as oublié Untel et Untel. Tu vas vexer ceux qui n’y figurent pas. ».

  

Elle a peut-être raison, et j’assume ce risque que j’avais prévu.

  

Pour ma défense, je précise que c’était un instantané

de ma mémoire gourmande, écrit sans arrière-pensée

et d’une plume libérée par les orges et les houblons

du Pajottenland

consommés avec une modération toute relative.

 

 

On refera l’exercice à intervalle régulier, au gré de nos nouvelles émotions.

 

 

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