IL Y A EU DEUX MOIS, ONTEM.

 

 

Je m’efforçais de faire déguster mon vin à un maximum de compatriotes,

le 17 décembre 2011.

Je n’ai pas appris la mort de Césaria Évora,

la « Diva aux pieds nus »

de Mindelo (Cabo Verde).

Mon Trio de Reines a perdu sa championne, laissant les Dauphines en danger

(Joan Baez et Tina Turner).

 

 

 

 

J’aime les voix de femme, même si j’égratigne souvent les chanteuses de jazz à la peau blanche qui font carrière. Ce n’est pas parce qu’elles sont blanches, mais parce que des milliers de Noires, dans toutes les villes étatsuniennes, mériteraient beaucoup plus leur succès.

Et parmi celles qui atteignent le succès, beaucoup ne sortent en rien du lot par leur excellence.

 

Amy Winehouse et Whitney Houston, dont je ne nie pas le talent, ne doivent leur regain de popularité qu’à leurs frasques toxicomanes et à leur fin précoce. Elles répètent l’effet Mike Brant ou Balavoine. Encore ce dernier a-t-il sans doute perdu la vie à cause des sbires de Mitterrand.

 

Diana Krall est bien meilleure pianiste que chanteuse et une partie de sa célébrité, elle la doit à Elvis Costello. Stacey Kent ne défend que les dividendes des actionnaires de Blue Note : « Black Music, white money ». La plus pathétique demeure sans conteste Liane Foly – mais je l’apprécie comme imitatrice !

 

Une seule trouve crédit à mes yeux injustes, la p’tite Ixelloise, Claudine Luypaerts. La touche d’accent liégeois (provenant de son père verviétois ?) perceptible au travers de son « brusseleir », sa gentillesse sans fausse modestie, la belle couleur de ses mediums, l’intelligence de ses choix et l’attachement sincère et jamais renié à Nougaro, font de Maurane une vraie chanteuse populaire de talent.

On te kiffe, mi p’tite fèi !

 

Revenons-en à Césaria. J’avais eu la chance de la voir à Malines, au début de la décennie précédente. Arrivée sur scène dans une robe crème, titubante et avec une demi-heure de retard, elle entama d’emblée un set de 40 minutes à vous couper le souffle. D’ailleurs, elle s’interrompait souvent pour se servir à la cruche qui traînait sur une table. J’attribuais cela à son diabète difficile à équilibrer. Tu parles, les organisateurs dont j’étais proche m’ont appris que l’eau de la cruche possédait un atome de carbone au bout du radical – OH !

 

Elle se retira ensuite ... longtemps. Les Malinois, une large partie de la colonie portugaise belge et votre serviteur restaient là, mitigés, partagés entre l’admiration pour l’effort consenti et la frustration de ne pas en avoir entendu plus. Mais elle revint, pour une deuxième partie plus douce, plus « morna », mais autant arrosée. On avait tous les larmes aux yeux et elle, ses pieds nus laissaient des marques sur les planches.

 

J’ai « découvert » la Caboverdienne lors d’une « fête » chez mon ex-rédac’ chef bien aimé, Philippe Stuyck. Le même jour, le fourbe nous avait servi à notre insu un quatre-quarts de Space-cake bien garni en beurre (effet « long-acting » garanti) et ma copine de l’époque, récemment « conquise », avait sombré dans les bras d’un bellâtre qui la suivait aux toilettes. Tu parles d’une journée !

 

Parmi ses albums, « La Diva aux Pieds Nus » (1988) avec la belle reprise de Passei de Vinicius de Moraes et Carlos Jobim, «Mar Azul » (1991) ; le formidable « Miss Perfumado » (1992), « Césaria » (1995) avec Petit Pays, « Café Atlantico » (1999), « Nha Sentimento » (2009) et le récent album de duos « C E & ... » me paraissent incontournables.

 

Dans ce dernier vous trouverez une intervention très touchante de mon voisin Cali, qui signe là une interprétation sentie, fine, émouvante. Il me plaît plus aux côtés de Madame Evora qu’avec Aylagas* ou la Royal.

 

On est d’accord avec le doux Bernard Lavilliers :

« .... Mais d’où lui vient cette infinie douceur
Cette sensualité mélangée de pudeur
Ses belles mains, quand elles se posent
Sur une épaule ou sur mon bras
Tout se métamorphose
On oublie la mort, on s’en va

Elle chante des mots qu’elle improvise
Venus de loin des profondeurs
Sa voix, qui était fluide, d’abord se brise et se renforce
Elle est la vie, la mort, la fragilité et la force
Elle est la vie, la mort, la fragilité et la force ...
 »

 

 

* : Pierre Aylagas (PS), Maire d’Argelès-sur-Mer

 


 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    Cheap Foamposites (mardi, 20 mars 2012 10:38)

    Wow, my god! Incredible articles. Really is well written.

  • #2

    Adi (mercredi, 30 mai 2012 20:31)

    THX for info