KIMAPLU N° 3 - 2012

 

 

 

Et voici le deuxième « dernier qui m’a plu » pour 2012.

Domaine de la Vivonne 1993, de chez Walter Gilpin

 

 

« Ça sent le cuir, dit Christine, c’est du cabernet sauvignon ! »

Autant je peux lui donner raison sur le premier membre – si je peux m’exprimer ainsi – autant j’émets des réserves sur sa conclusion. Dans la foulée, elle se corrige en syrah ... puis mourvèdre. A la bonne heure !

 

 

 

 

Effectivement, la robe grenat encore dense de ce bientôt « vingtenaire » annonce un nez sur le cuir, le fumé, l’écorce d’orange et le pruneau très mûr. J’ai décanté le vin un quart d’heure et « il ne bouge plus ». En bouche, une attaque très suave et vive, un milieu velouté, une finale bien longue et sans aucune fatigue.

 

Pourtant, la partie n’est pas facile : pierrade de « tranche » de race Aubrac, avec sauce cocktail (améliorée Ardbeg), curry (et ail) et mayo-estragon (très peu de vinaigre) + wasabi si affinités.

 

Ce millésime compte parmi les meilleurs à Bandol et Walter Gilpin a réussi là une merveille.

Avec son 1987 d’anthologie, c’est un des meilleurs Vivonne. Voilà bien un domaine curieux, où j’ai souvent dégusté les vins, dont j’ai possédé au moins 10 millésimes en cave et pourtant, le boss ne m’a jamais pris au sérieux. Quand je l’ai rencontré, milieu années ’80, on prétendait qu’il vivait sur un bateau amarré dans le port. Barbe noire (à l’époque) et visage de pirate, embonpoint de sénateur UMP, yeux brillants d’astuce, il était toujours prêt à la raillerie. Par contre, il prenait plaisir à vous parler de ses vins. Un peu plus tard, Virginie (toute petiote) s’est endormie sur une pile de cartons pliés, à même le sol de la cave. Père indigne que je suis ! Ensuite, tout un temps, Walter ne s’est plus montré et c’est sa compagne qui me recevait. Il semblerait même qu’elle ait vinifié toute seule un millésime ou deux. Aux dernières fêtes du vin de Bandol, qui se tiennent traditionnellement le premier week-end de décembre – en même temps que le Salon des Caves Particulières de Paris généralement – on l’y croisait à nouveau. Moi, comme je ne m’occupe plus que de mes oignons depuis une dizaine d’années, je ne connais plus les potins disséminés entre le Beausset et St Anne d’Evenos, entre Saint-Cyr et Ollioules, entre le Plan-du-Castellet et Signes.

 

Je vous recommande de faire le détour par ce coin de la colline du Castellet (côté Beausset). On y découvre encore de vieilles restanques, la vue sur le piémont en direction de La Cadière est fort belle, et on continue ensuite vers le vieux village du Castellet, très animé au week-end et où trône maintenant un restaurant tenu par un fondu de vin et qui travaille le produit vrai – Le Pied de Nez.

 

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Michel Smith (jeudi, 02 février 2012 14:27)

    Pour un pied de nez, c'est un sacré pif que tu nous sors là !