KIMAPLU N° 2 - 2012

On poursuit la journée les yeux emplis de minuscules “cristaux”, car la Tramontane continue de souffler, quoique de manière moins violente. Et cela nous vaut un autre KIMAPLU :

SUR LA ROUTE DE L’ARGILE

Quittez le Plan-du-Castellet par la route de Bandol. Tout de suite après le hameau, vous obliquez à droite : c’est la Route de l’Argile, sur le bas de La Cadière d’Azur. De splendides parcelles de mourvèdre, sur cette glèbe bien grasse, contribuent à la qualité de 3 domaines (entre autres) où ce cépage atteint des sommets : Le Domaine du Gros ‘Noré, le Domaine Jean-Pierre Gaussen (anc^nt de la Noblesse) et le Domaine de Lafran-Veyrolles.

Ce nom bien curieux provient du patronyme d’anciens propriétaires des lieux, les Lafran, et de la présence d’une rouvraie (= rovayrola) sur le site, en des temps reculés. Actuellement, l’adorable Claude Férec-Jouve, ancienne gestionnaire hospitalière d’une gentillesse et d’une amabilité « vieille France » surannée et délicieuse, délègue presque tout – culture, vinification, commercialisation, gestion – à celui qu’on appelle « son caviste », Jean-Marie Castell, un des fils de la famille propriétaire d’une autre domaine situé non loin, le Ch. Castell-Reynoard. Il serait plus approprié de dire que Jean-Marie est le maître de chai et l’intendant du domaine, dans les faits sinon en titre. J’ai énormément d’estime, de respect et une espèce de sympathie pour lui. Depuis 1987, notre première rencontre, ces deux-là m’ont fait déguster des dizaines de merveilles. Sans grand bruit, à petits pas, intelligemment, ils élaborent ce qui est certainement un des meilleurs Bandol rouges de garde, et leurs rosés et blancs jouent dans la même ligue.

Or donc, le même repas qui vit disparaître le premier KIMAPLU de 2012 peut s’enorgueuillir d’avoir accouplé un magnum de Lafran-Veyrolles 1988 et un chapon des Landes de toute première qualité, après 2 heures de décantation. Ce fut un stoemp au chicon (lisez purée grossière à l'endive) rehaussé d’un rien d’huile à la truffe qui leur servit d’accompagnement.

Robe grenat présentant de légers signes d’évolution. Nez puissant de cuir, de goudron, de violette, de pruneau, sans fatigue ni oxydation. En bouche, des tannins encore un peu rudes à l’attaque, mais qui s’estompent sur la viande et beaucoup de matière, sans soutien alcoolique exagéré. Il me semble que ce magnum – au bouchon irréprochable je le précise – aurait bien pu attendre quelques années de plus.

Je profite de ce KIMAPLU pour saluer Mme Jouve

et Jean-Marie en cette aube d’année nouvelle.