LE GRENAT DANS TOUS SES ETATS

Le grenat revêt dans les Pyrénées catalanes une importance très spéciale et une symbolique bien à lui.

En effet, de tout temps, que ce soit dans la tradition védique, coranique ou biblique, tantôt comme talisman, tantôt comme représentation des cieux (escarboucles), tantôt dans le plastron d’Aaron, on lui attribuait des vertus surnaturelles.

Il en existait des gisements, puis des mines sur le massif du Canigou. Actuellement, il semblerait que la majorité des pierres travaillées par ici proviennent de Madagascar. Elles appartiennent au groupe des pierres fines quand elles sont de qualité « gemme », càd possédant les 3 caractéristiques propres à ce sommet de la hiérarchie minéralogique : un aspect « agréable » (à juger en fonction de sa couleur, de son éclat et de ses feux), une dureté au-delà de toute critique (plus dure que le verre, solide et inaltérable par les aggressions chimiques) et la rareté. Pour trouver « mieux », il faut passer à la catégorie des pierres précieuses, au nombre de quatre seulement (diamant, saphir, rubis et émeraude).

Le grenat dit « catalan » répond à un cahier des charges fastidieux pour le non-initié. Pour se résumer, on pourrait dire que la technique, apportée par les colonisateurs grecs de l’Antiquité, consiste à fondre dans l’or un chaton clos (une cupule cylindrique en somme), dont le fond sert de réflecteur à la lumière et sera garni d’un matériau à haut pouvoir de réverbération (parfois de l’émail), ménageant un espace en-dessous de la pierre, elle-même taillée en fond plat. Tout ceci garantit une brillance optimale.

Les grenats sont des silicates donnant un système cristallin cubique. Ils incluent des cations métalliques, divalents (fer, manganèse, calcium ....) ou trivalents (fer encore, aluminium, chrome ...). On sait moins qu’il en existe de couleurs très différentes : en effet, la base idiochromatique – celle définie par l’élément prédominant, généralement le fer, qui confère la couleur « grenat » - est peu intense et ses variations allochromatiques - dépendant des « impuretés » - sont déterminantes. Il n’existe pas à proprement parler de grenat bleu, mais le rouge, vert, noir et jaune se rencontrent. Dans l’uvarovite, par exemple, on retrouve une configuration proche de l’émeraude ... et une teinte d’un vert profond. Le pyrope sert d’archétype avec sa teinte rouge grenat caractéristique, mais on peut encore décrire l’almandin (tirant sur le violet), l’hessonite (plus orangé) ou l’andradite (vert), le plus précieux d’entre tous.

Au moment de réaliser l’étiquette qui ornerait ma première mise de Rivesaltes grenat, sur le millésime 2010, je me suis tourné vers le spécialiste du grenat de qualité à Perpignan, Au Grenat Laviose, qui m’a aimablement autorisé à reproduire une de leur création originale. Il faut dire qu’un de leurs ouvriers, formé par la pratique dans la maison alors qu’il se morfondait dans le cadre strict d’une école de joaillerie, était venu vendanger un temps à la Coume Majou.

Jugez de la finesse de ce travail sur l’illustration de ce billet.

Quant à notre petit Rivesaltes à nous, cliquez ICI pour le découvrir.