SIC TRANSIT GLORIA VINI

 

Quelle ironie du sort !

 

Dans les années ’90, un expert-comptable suit le cours d’oenologie au

 CERIA de Bruxelles,

une institution !

Pensez, ils ont eu la chance de voir passer successivement « Papa Goffart », Robert, un dégustateur pointu et d’une courtoise rare, ami et partenaire de la famille Dubourdieu et des Coste, puis Willy Bizet, acheteur principal des vins pour les Ets Delhaize le Lion,

un ingénieur agronome qui eut un rôle determinant dans l’implantation de la syrah dans les Pyrénées Orientales et les Corbières.

 

 

 

Enfin,ce fut au tour du regretté Hamilcar Michiels, ophtalmologue carolorégien au palais raffiné. 

A la mort de celui-ci, on me bombarda comme successeur, venu de nulle part, sur son insistance.

Et le même expert comptable continua cependant d’assister fidèlement aux séminaires de dégustation....

 

Ironie du sort, Sélection du Reader’s Digest, dont il était depuis de longues années le directeur financier et un des dirigeants, le remercie dans la foulée d’une de ces « restructurations » dont les entreprises capitalistes ont le secret.

Avec le golden handshake dont on le gratifie – ou que ses avocats arrachent, plus vraisemblablement – il fonde un « petit commerce » de vin : Le Vin Passion.

A cette époque, peu de gens donnaient cher de son succès. Pourtant, âprement, parfois un peu sèchement – n’oubliez pas qu’il est expert-comptable, rarement des « rigolos » -, toujours avec opiniâtreté et pas mal de flair, il s’impose avec ses compères de la Cave des Oblats à Liège et de Portovino à Maldegem, les excellents Roger Michel et Jan De Clerk, comme une référence pour toute une série de vins « hors Bordeaux ». A cette époque aussi, il convie des gloires nationales, des demi-gloires nationales et quelques passionnés à venir choisir avec lui telle ou telle nouvelle référence, tel producteur inconnu au bataillon, au cours d’interminables dégustations où se côtoient le quelconque et le très bon.

Bernard Arnould et moi-même faisons alors partie de la dernière catégorie de ses cobayes.

 

Ironie du sort, lorsque son « illustre » professeur, alias mézigue, tente de commercialiser son premier millésime, au printemps 2006 – il s’agit alors d’un rosé 2005 tirant sur le claret, qui disparaîtra dans le gosier des plongeurs de la Piscine Nemo à Drogenbos (33 mètres de profondeur à marée haute, cela donne soif) – et un peu plus tard de ma Cuvée du Casot 2005, puis de la Cuvée Miquelet 2005, c’est lui qui les importe ... avec un succès incroyable : 1.000 cols de Côtes du Roussillon provenant d’un débutant inconnu, en capsules à vis, en l’espace de quelques mois, et sans aucune « entrée de gamme », le maître-mot des pinardiers d’habitude. Il faut dire que ces deux rouges s’attirent peu après les éloges du Guide Hachette 2008, paru à la fin de l’été 2007.

Au moment de prendre sa retraite, trop tôt pour moi, il revend son affaire à Michel Thorout, ancien professeur de mathématique, chimiste de formation si je ne me trompe pas, qui avait créé lui aussi son entreprise de vente de vin en région liégeoise, seul d’abord puis avec Pierre Ghyssen, un ancien pote à moi passionné de vins de la vallée du Rhône.

 

Ici, quelques années passent que nous ne commenterons pas, sauf pour une petite pensée envers John Wilmer et hier, on m’apprend que Le Vin Passion fermera définitivement ses portes fin décembre, faute de chalandise suffisante.

 

Si j’avais un téléscripteur, il crépiterait sans cesse. Au lieu de cela, ma boîte mail est pleine depuis 24 heures de gens commentant la nouvelle, le plus souvent avec nostalgie. Le blog de Patrick Böttcher, Monomaniaquement Alsace, traduit bien l’impression d’un bon nombre de correspondants. Cliquez ici pour le consulter.

 

Je suis mal placé pour apporter mon commentaire et ne suis certainement pas enclin à « porter un jugement ». En ce qui me concerne, j’ai toujours entretenu avec la direction de TGvins une relation franche et directe, sans aucune zone d’ombre, et la réciproque a été vraie, jusqu’au jour où j’ai appris par le bulletin d’information hebdomadaire à la clientèle qu’on liquidait mon stock, un brin d’indélicatesse .....

Je voudrais par contre adresser une pensée à Xavier Erken, l’expert-comptable en question, car il doit avoir un petit pincement au coeur.

 

Et l’ironie du sort continue : sur mon illustration de mai 2005, vous le voyez en train d’apprendre à tailler un pied de vieux grenache (planté en 1963) tout en haut de la Coume Majou. Or, j’ai arraché cette vigne il y a 3 semaines : envahie d’esca d’une part, mais surtout dévorée par les sangliers à chaque fin de l’été, elle ne me donne quasiment pas de raisin alors qu’elle nécessite les mêmes soins que les autres parcelles.

 

----- C’est promis Xavier, si je replante un jour, tu seras le parrain.-----

 

Les dégustations du samedi à la rue de Termonde constituaient l’exact pendant de celles de Michel Delattre du côté de la Place Simonis : deux ambiances différentes, deux manières de voir le commerce du vin au détail, deux haltes obligées pour les amateurs bruxellois.

 

 

Une belle vitrine pour les « vins d’auteur » qui s’en va, hélas.