DOMAINE DE LA COUME MAJOU
Hier, un client m’a amené un ami à lui, marchand de vin. Il m’a fait une remarque que j’avais déjà entendue, sans y prêter trop attention : - « Moi, a-t-il dit, je ne dois pas vendre le vin que vous aimez boire, mais celui que mes clients achètent ».
Je ne vais pas me transformer en professeur de marketing et vous refaire le coup du « mix ». Mais le problème des petits domaines, et j’entends par là ceux qui ont une production peu importante en volume, se pose en ces termes. Il est évident que choisir une niche – le vin qu’on aime – et satisfaire sa cible procure énormément de satisfactions. Il est évident aussi que cela prend du temps. Par contre, une fois les aficionados trouvés, ils sont souvent fidèles tant que le style ne change pas, et tant que leurs finances le permettent.
Une alternative serait d’écouter le marché et de stream-liner ses vins (adapter, en français) à cette demande. Je crois que la bonne solution emprunte un peu aux deux attitudes.
Le souci actuel réside dans le coût de plus en plus élevé d’une exploitation agricole (raisons multiples), la difficulté à obtenir un soutien réel, construit et durable de la part des banques et dans la « crise » qui limite de facto le budget disponible chez l’amateur éclairé – ma clientèle naturelle – pour ses vins de milieu de gamme. Il fera toujours une « folie » pour une bouteille mythique, continuera à boire son « vin de tous les jours », mais rognera forcément sur le « demi-luxe ».
A propos de bouteille mystique : essayez l’Eglise de Coume Majou !
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Michel Smith (mercredi, 10 août 2011 15:03)
Je crois qu'un vrai marchand de vins est capable de vendre n'importe quoi y compris du mauvais vinaigre. Mais un honnête vendeur a le devoir de faire aimer - de faire acheter aussi - le (ou les) vin qu'il aime. Dans ce cas, je donne à ce type le nom de "caviste". S'il n'a rien de sincèrement bon à défendre et à partager, qu'il continue à vouloir commercialiser des vins prétendument aimés par ses clients, il reste un vulgaire marchand de bibine.
Luc Charlier (mercredi, 10 août 2011 16:06)
Noble courroux, Michel, mais ce n’est pas si simple. Je me suis laissé dire qu’il existait 2.700 enseignes en Belgique vendant du vin (à vérifier), GD comprise. Le pays ne compte que 10 millions d’habitants dont 10 % de musulmans réputés abstinents. Et le volume du vin de messe est en baisse car la crise des vocations fait chuter le nombre des curés. Et l’Europe entière essaie d’y vendre du vin. Le mot de « caviste » n’y existe pas, on dit « négociant », avec une signification autre qu’en France. Les marges sont aussi plus réduites que celles pratiquées en France. La circulation dans les villes est épouvantable (livraisons difficiles). Et la frontière linguistique en est une. Enfin, la plupart de tes « cavistes » ont une clientèle mixte en Belgique, restaurateurs ET particuliers. N’oublie pas non plus que le travail d’importation implique des contraintes administratives que ton Français n’a pas sur les vins de ce pays.
On termine sur une boutade – promotionnelle pour toi : tu PUCH * le bouchon un peu trop loin !
* Pour ceux qui ne le savent pas, PUCH est la marque – outre de motocyclettes autrichiennes – d’un vin de carignan fort plaisant produit par Michel et certains de ses potes au départ de raisins issus d’une zone quasiment inconnue, située dans l’Union Européenne quand même, les Aspres. Je ne m’y aventure qu’avec méfiance car je n’y compte pas que des amis.
Cad (mercredi, 10 août 2011 20:10)
Michel, tout n'est pas tout noir et tout n'est pas tout blanc. Nombreux (mais pas mojoritaires heureusement) sont les clients indécrottables qui achètent l'un une étiquette, l'autre un tarif. Ceux-là sont irrémédiablement perdus parce qu'enfermés dans leur soi-disant connaissance du vin, du marché, etc. Ils sont imperméables et j'avoue les mépriser quelque peu. Pour les autres, ceux qui sont ouverts, curieux, il faut effectivement un caviste - un sommelier (ère), un(e) restaurateur (trice) généreux qui les mette en confiance, leur donne l'envie d'agiter leur jus de cervelle et non plus seulement un vin triste au fond d'un verre.
Michel Smith (vendredi, 12 août 2011 12:42)
@ Léon : Merci pour ce tableau Flamand (en partie) et merci pour la puch gratuite. @ Cad : Tu as raison. Surtout quand tu sers au client ce qu'il demande le laissant avec ses certitudes, mais je sais que dès que tu en as l'occasion, tu n'hésites pas à les mener sur tes chemins de traverses avec tes conseils avisés.
Cad (vendredi, 12 août 2011 13:20)
Gentil compliment mais je ne délivre ni conseil ni avis, je n'ai pas culture vinesque nécessaire. Tout marche à l'émotion : un regard angélique suffit
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